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Mafia : The Old Country

Comme on pouvait s’y attendre, Mafia The Old Country, dernier nom d’une série au long cours, ne déçoit pas mais ne surprendra pas les joueurs qui avaient déjà pu s’essayer au remake du premier épisode.  Et voilà une affaire rondement menée. Hop, allons de ce pas nous occuper aussi brillamment du prochain test. 

Quoique, en y réfléchissant bien, j’ai le sentiment d’avoir légèrement bâclé les choses, d’autant que ce nouvel épisode de la saga Mafia mérite clairement qu’on s’y attarde. Alors oui, évacuons tout de suite les choses qui pourraient fâcher. Il ne faudra pas s’attendre à trouver dans le jeu quoi que ce soit qui puisse révolutionner ou moderniser la série. 

Image piquée honteusement sur Steam. J’étais trop occupé pour prendre des photos pendant les phases de tir…

On reste dans un monde faussement ouvert dans lequel on enchaîne des séquences de tir tout droit sorties d’un Gears of War (qui a tout de même écrit les saints commandements du cover shooter même si Dead to Right ou Kill.Switch pourraient s’en offusquer), entrecoupé de séquences narrative et de passages d’infiltration modérément chiants.

À l’évidence, ce nouvel épisode utilise le moteur du remake dont il reprend son gameplay quasiment à l’identique, si ce n’est que les véhicules m’ont tout de même l’air un peu plus contrôlables.

Canary in a coal mine

Bref, si vous êtes tentés par le jeu, sachez que son gameplay ne réinventera clairement pas la roue et de son principal attrait sera à chercher du côté de l’ambiance, du scénario et des magnifiques paysages de la Sicile du début du 20ème siècle. 

À vous de voir mais, en ce qui me concerne, c’est largement suffisant pour avoir eu envie de m’y attarder (et de le terminer le temps d’un week-end).

J’ai pris la photo à contrejour mais vous aurez compris qu’il y a des chevaux en Sicile en 1905. Beaucoup de chevaux.

La nouveauté de cet épisode, déjà annoncée dans le titre, tient au fait que, cette fois, Mafia ne se déroule pas dans l’Amérique du début du 20ème siècle mais, là où tout a commencé, c’est-à-dire en Sicile. Et, l’air de rien, passer des buildings d’un Chicago fantasmé aux plaines verdoyantes de l’île italienne s’avère assez dépaysant.

J’imagine que le patronyme de la série est assez évocateur mais, dans le doute, rappelons les bases. Le premier épisode (qui fut longtemps pressenti pour rester l’unique épisode) de la série, sorti en 2002, a été réalisé par la très talentueuse équipe tchèque Illusion Softworks déjà à l’origine de Hidden & Dangerous. Le jeu, qui est essentiellement un third person shooter, narre l’ascension de Tommy Angelo, chauffeur de taxi, dans la mafia des années 30.

Admirez les ruines antiques en arrière-plan

En 2007, l’équipe est ensuite rachetée par 2K qui aura l’idée lumineuse de la renommer 2K Czech. Ouaip. Ce rachat lui permettra de développer et de sortir en 2010 un second épisode, très joli, mais qui a beaucoup perdu de l’âme du jeu d’origine. Cette fois, le jeu se déroule dans les années 40, dans la fictive cité d’Empire Bay, abondamment citée dans ce tout nouveau Mafia The Old Country (T’as vu, patron, comment j’améliore le référence comme un pro !)

Cette semi réussite vaudra aux développeurs de crever dans une ruelle obscure quelque part au beau milieu de l’année 2014. Fort heureusement, l’un des principaux artisans du succès du premier Mafia aura eu l’excellente idée de s’exfiltrer en 2009 pour créer un petit studio dénommé Warhorse Studios. Oui, il s’agit bien des développeurs qui réaliseront, des années plus tard les deux excellents jeux de la série Kingdom Come.

Petite virée nocturne entre potes

Dans ce nouvel opus de la série Mafia, Hangar 13 (déjà à l’œuvre sur le très convaincant remake du premier épisode sorti en plein confinement) entend nous raconter l’histoire d’Enzo, jeune et pauvre sicilien vendu par son père pour une bouchée de pain à l’un des parrains locaux pour aller trimer (et crever) dans les mines et qui, à l’occasion d’un éboulement, réussira, non sans mal, à s’en extirper pour tomber sur l’autre parrain local.

Cette rencontre, fortuite et moins mortelle qu’attendu, permettra au jeune homme de s’élever progressivement dans la hiérarchie du crime, découvrir l’amour au mauvais endroit. Sur le fond, cette histoire de jeune cador qui gagne  progressivement du galon et la confiance du monde du crime a déjà été racontée maintes et maintes fois dans le livre ou au cinéma et, parfois, bien plus brillamment. 

Comme une envie d’Amérique

Elle n’est pour autant pas désagréable à suivre tout au long des 15 chapitres qui rythment ce nouveau Mafia. Et, ce n’est pas en regardant le Parrain ou Scarface, bien affalé sur votre canapé, popcorn dans la main droite, télécommande dans la main gauche, que vous aurez l’occasion de canarder à tout va des mafieux, faire des courses hippiques et/ou de conduire de vieille guimbardes légèrement capricieuses.

Pour les obsédés du monde de la pègre, le jeu est donc un vrai (mais court) plaisir à parcourir et à prendre en main. Puisque nous en sommes à parler de prise en main, sachez que ce nouvel épisode n’invente strictement rien et reprend à son compte le gameplay largement éprouvé de Mafia 3 et du remake du premier épisode. 

Admirez la vue de la Sicile du début de siècle

Entre deux passages scénarisés, Enzo trouvera à s’occuper en allant flinguer tout ce qui ne ressemble pas un malfrat ou en allant exercer ses dons de ninja (oops, mauvais jeu) ou de pickpocket lors de séquences d’infiltration. Les séquences de tir se déroulent donc comme dans tout bon cover shooter qui se respecte. 

Des murets s’élèvent miraculeusement un peu partout, histoire de vous permettre de vous planquer, de recharger vos pétoires et d’exploser allègrement la tronche des malfrats qui oseront vous tenir tête. Du pur Darwinisme mafieux donc.

Faut pas déconner avec le Don.

Tout aussi classiquement, votre personnage pourra porter plusieurs armes et alterner entre elles par une simple pression sur la touche LT de la manette (puisque nous sommes sur Playstation). Lors des combats, il lui sera possible de faire les poches des cadavres, de récupérer armes et munitions traînant sur son trajet ou encore d’utiliser des bandages pour éviter un game over prématuré. 

Il lui sera également possible de surprendre certains adversaires pour les supprimer silencieusement, chose qui pourra s’avérer particulièrement utile pour dégraisser un peu les meutes qui ne manqueront pas de vous tomber dessus au premier faux pas. 

L’aube de l’automobile. Ce temps béni où les pubs télévisuelles n’existaient pas encore.

Dans certaines scènes, vous serez accompagnés de sidekicks mais il semblerait que leur présence soit ici essentiellement cosmétique. A moins que ce ne soit des Stormtroopers, auquel cas leur taux de réussite serait dans la norme, vos alliez auront pour principale qualité de rater miraculeusement pratiquement toutes leurs cibles.

Autant dire qu’il ne faudra compter que sur vous-même pour espérer venir à bout des 14 chapitres et de l’intro du jeu. Fort heureusement, le scénario, de même que certains protagonistes bien déplaisants, s’arrangera pour vous jeter seul dans la gueule du loup, évitant ainsi bien des insultes à l’attention de vos alliés.

Faut-il préciser que le jeu est parfois -souvent- très joli.

C’est classique, déjà joué, mais toujours efficace. Du point de vue de l’infiltration, je serai nettement moins enthousiaste mais il faut bien reconnaître que je déteste tout particulièrement ce type de gameplay. Soyons clairs, un bonne infiltration doit se faire à grands coups de canon scié ou de rocket launcher dans la tronche de l’ennemi (NdHarvester : je plussoie). Il est toutefois envisageable que je n’ai pas correctement appréhendé toutes les subtilités de ce genre de gameplay. 

Sachez tout de même que les adversaires ne disposent pas d’une intelligence artificielle particulièrement poussée et qu’ils ont une nette propension à fumer une clope en attendant tranquillement que vous veniez les zigouiller. Au final, ce sont donc de braves types. Cerise sur le gâteau, vous disposerez d’une vision bionique à faire pâlir de jalousie le Predator, ce qui simplifiera encore un peu plus les passages d’infiltration.

Une vraie gueule de porte bonheur

Bien que je déteste particulièrement ce type de gameplay, il faut bien reconnaître que le QI d’huîtres des adversaires et le système de takedown le rend toutefois assez agréable pour un joueur aussi inepte en la matière que votre humble serviteur.

Du point de vue de la réalisation, The Old Country s’avère très satisfaisant avec des personnages très bien modélisés, surtout en ce qui concerne les principaux d’entre eux, et des décors bien souvent magnifiques même s’ils manquent manifestement de vie (non, trois papillons éparpillés ici et là ne donnent pas une impression de nature vivante) en dehors des villes et villages.

Il est certain que c’est plus rustique qu’Empire Bay

Les visages des principaux protagonistes  s’avèrent parfois criants de vérité et très expressifs, ce qui n’est pas un luxe dans un jeu aussi scénarisé. Je suis d’ailleurs très étonné de constater que le téléchargement du jeu tient sur 16 petits Giga-octets. De toute évidence, certains développeurs sont plus compétents pour compresser leurs données que d’autres dont je ne citerai pas le nom et dont j’éviterai soigneusement de mentionner le mode zombie. C’est que je ne suis pas une poucave, moi.

Le jeu propose un mode qualité et un mode performance et je vous recommanderai largement d’opter pour ce dernier tant j’ai eu du mal à percevoir une réelle différence qualitative entre les deux. J’imagine qu’il y a un upscale en mode performance mais ça ne crève pas les yeux. Côté framerate, en revanche, il n’y a pas photo, même si on sent le moteur du jeu un peu fébrile en mode performance dans certaines scènes de poursuite.

Si le moteur 3D affiche de très belles choses dans ce mode, il faut toutefois savoir qu’il crache un ses poumons comme un fumeur de gitanes lors des trajets et courses en voiture. Car oui, vous n’y échapperez pas, ce nouvel épisode propose également une course automobile qu’il faudra remporter, ce qui devrait faire frissonner d’horreur tous les joueurs ayant connu le premier Mafia en 2002.

Qu’ils se rassurent, la conduite a été nettement améliorée depuis lors et le niveau de difficulté, en mode normal, reste très accessible et permissif. Les véhicules, à la tenue de route un peu incertaine, s’avèrent assez plaisant à conduire,  ce qui n’était pas forcément acquis dans cette série.

A l’arrivée, les amateurs du genre devraient passer un excellent moment tout au long de la petite dizaine d’heures nécessaires pour parcourir l’intro et les 14 chapitres de l’histoire. En fait, l’aspect le plus perturbant dans ce jeu est qu’il se déroule en ligne droite alors même qu’on sent qu’il existe un monde ouvert, à peine accessible et soigneusement caché au regard du joueur..

Un peu de romance dans ce monde de brutes

En effet, lors de certains déplacements en voiture, vous pourrez vous rendre compte que l’île n’est pas si petite que ça et qu’il est possible de la parcourir librement. J’imagine que les contraintes de temps et de budget ont contraint les développeur à exploiter ce qui aurait pu être un monde ouvert.

C’est un peu regrettable mais ça permet au moins à l’intrigue d’être suffisamment resserrée pour ne jamais lasser et au jeu de rendre inexistant les temps morts. N’empêche, un mode multijoueur avec des combat en bagnoles antiques en Sicile, à la Interstate 76, ça aurait pu avoir de la gueule ! Développeurs et moddeurs, si vous m’entendez…

Genre : TPS / action / aventure


Développeur : Hangar 13


Editeur : 2K


Date de sortie : 7 août 2025


Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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