Jeux vidéoJouer

ONI: Road to the Mightiest Oni

Quand Harvester entre dans votre cave humide où vous vous prélassez tranquillement, c’est jamais bon signe. « Cekter, au lieu de glander les pieds dans l’eau, fends toi d’un article sur ONI: Road to the Mightiest Oni ! C’est un jeu indé japonais, t’aimes ça les jeux indés, c’est pour ta pomme. » « Heu, t’es sûr ? Le jeu est surtout mignon, et puis c’est un jeu d’action. Tu sais moi les jeux d’action… » En général, c’est le moment où il vous lance un de ses regards dont il a le secret et où, par une étrange magie, votre voix s’atténue pour se perdre dans un vague « oui bon ben ok c’est toi le chef… » en regardant vos pieds. Mais un jour, comme le protagoniste du jeu, je trouverai une île où les rédacteurs peuvent s’entraîner pour devenir plus forts. Et ce jour là, son règne de terreur prendra fin et je… « Bon tu t’y mets au lieu de parler tout seul ? ».

Doku o motte, doku o seisu (combattre le poison par le poison)

ONI: Road to the Mightiest Oni (ORTTMO, je sais pas si on y gagne… On va dire Oni), est donc un jeu d’aventure-action indépendant et japonais. L’histoire est assez convenue: un petit démon (un oni), nommé Kuuta, est le seul survivant de l’armée du roi démon qui a affronté le redoutable Momotaro. Kuuta se retrouve donc sur la petite île de Kisejima, où il va devoir triompher de nombreuses épreuves pour devenir bien plus puissant.

Kuuta ne sera pas seul dans son aventure, une statue parlante, qui sert également de point de sauvegarde, un autre oni, marchand celui-ci, qui lui proposera du matériel et des soins, ou encore une mystérieuse jeune fille, tout à fait humaine, qui se retrouve piégée sur cette île… Les personnages qui accompagneront Kuuta lui seront d’une grande aide, mais aucun n’arrivera à être aussi important que Kazemaru. Il est lui aussi un oni, mais un fantôme d’oni. Il se prendra d’amitié et suivra Kuuta un peu partout, introduisant par là même une part importante du gameplay: le contrôle solo de deux personnages.

Isseki ni chō (d’une pierre deux oiseaux)

Kuuta attaque physiquement les ennemis avec son gourdin, alors que Kazemaru aspire l’esprit de ces derniers hors de leurs corps. Il ne reste plus alors qu’à Kuuta d’utiliser sa frappe spéciale pour se débarrasser définitivement des gêneurs.

La première phase est une phase d’exploration : on parcourt une portion de l’île en collectant des champignons (la monnaie locale), en libérant des esprits errants, et en trouvant des « ombres d’Oni » à affronter.

Ces affrontements, véritable cœur du gameplay, se déroulent donc en 2 phases distinctes: une phase d’attaque au corps à corps qui libère l’esprit de son carcan de chair sous la forme d’une boule flottante, suivie d’une attaque spirituelle qui scellera le combat en détruisant cette boule. En résumé, une sorte d’exorcisme sauce gourdin ! Sur le papier la prise en main peut sembler déroutante mais une fois la manette en main tout se déroule de façon très fluide et efficace. On se prend même à tenter des combos où notre fantôme temporise les attaques ennemies pendant que le petit guerrier libère les esprits vaincus.

Enfin, comme dans tout bon jeu d’aventure-action, on peut acheter un meilleur équipement, des soins et, bien entendu, gagner de la vie et de la puissance. Pour l’équipement et les soins, il y a des champignons à récolter et qui servent de monnaie. Pour la vie et la puissance, ce sont des âmes errantes qu’il faut retrouver et ramener à un certain endroit. Certains mécanismes s’affinent avec le temps, on peut obtenir certains pouvoirs uniques, et on peut bien entendu changer de tenue. Chose plus surprenante, on peut également modifier la tenue de la jeune fille… Après tout pourquoi pas.

Kaze no tayori (les nouvelles du vent)

La DA de ONI: Road to the Mightiest Oni est très (mais alors très) proche d’un Breath of the Wild, même type de personnages, même sorte de cel shading assumé, mêmes effets de particules qui volent dans l’air, mêmes armes et équipements. Est ce que c’est une copie ? Je ne sais pas, et je vous propose que nous tombions pudiquement d’accord sur le fait que c’est fortement inspiré. Mais au delà cette petite remarque, la DA est belle, envoûtante et propose même parfois des panoramas très poétiques.

Tout aussi plaisants, bien qu’un peu répétitifs, sont les sons d’ambiance. On ressent le fait d’être sur une île, dans la nature mais « hors du monde ». Les sons des impacts sont plutôt bien réalisés et tombent juste. par contre les bruits de pas sont tous les mêmes, c’est plutôt usant à force. Puisqu’on est dans la section oreille, je dois toutefois évoquer la musique. Les morceaux sont plutôt inspirés et collent bien avec le propos du jeu. Sauf qu’ils sont en boucle, tout le temps, et que ce sont les trois mêmes morceaux. Si vous êtes comme moi, un peu sensible à la répétitivité musicale, alors vous les désactiverez très vite.

Pour ce qui est de la jouabilité globale, comme je l’abordais au chapitre précédent, après un petit temps d’adaptation nécessaire, tout répond au doigt et à l’œil. Je n’ai pas noté de ralentissements gênants, ni de bugs handicapants. Les protagonistes sont réactifs, et les quelques changements d’angle imposés de la caméra apportent une dynamique bienvenue aux combats.

Saru mo ki kara ochiru (même les singes tombent des arbres)

En avançant dans l’aventure, on en apprendra un peu plus sur l’histoire de chacun. Là encore rien de bien original mais l’ensemble des petits détails que fournissent les personnages, contribue à créer un univers étendu riche et sur lequel on a envie de s’attarder.

Alors bien sûr, le jeu n’est pas exempt de défauts : répétitivité de l’action, des monstres et du sound design, espace de jeu réduit (l’île est petite même si elle a plusieurs « biomes »), multiplication inutile de certaines mécaniques. On peut effectivement faire tous ces reproches à ce jeu et, si j’en crois les reviews très négatives de Steam, certains ne s’en sont pas privés.

Pourtant Oni, réalisé quasiment par une seule personne j’insiste là dessus, est agréable et recèle quelques petites surprises plutôt bien vues. Ses défauts sont bien mineurs quand on le compare avec certaines grosses productions qui sortent dans un état lamentable. On est, pour quelques heures, transporté hors du temps, sur cette petite île adorable. Un mini univers où un démon grognon apprend à devenir plus fort, et où ses rencontres et leurs histoires auront finalement peut-être plus d’importance que son entraînement au combat.

Senri no michi mo ippo kara (même un voyage de mille kilomètres commence par un seul pas)

Alors quel est mon verdict ? Devez-vous jouer à ONI: Road to the Mightiest Oni ? Honnêtement, je ne sais pas. De mon point de vue c’est un chouette jeu, original dans son histoire et très agréable dans sa réalisation. Il tourne bien, présente de nombreuses qualités et vous y passerez à coup sûr un agréable moment pour peu que vous aimiez ce genre de jeu. Faut-il pour autant vous jeter dessus ? Je vous répondrais par le proverbe japonais qui conclut cet article : même un voyage de mille kilomètres commence par un seul pas.

Genre : Aventure-Action

Développement : Kenei Design – Shueisha Games

Éditeur : Clouded Leopard Entertainment

Date de Parution: 8 Mars 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.