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Railway Empire 2

Dans la vie, il y a des surprises auxquelles on s’attend, comme à son anniversaire. Que l’on vous organise une fête ou pas, vous n’êtes pas totalement pris au dépourvu quand on vous le souhaite. Vous savez que globalement vous êtes né ce jour-là. Et il y a des surprises auxquelles on ne s’attend pas du tout. Des surprises surprenantes. Ainsi, la semaine dernière, alors que je rejoignais notre rédac chef dans son manoir situé au coeur de son domaine de plus de 10 000 hectares (NdHarvester : toujours plus), je ne m’attendais pas à ce qu’il vienne me chercher aux commandes de son train privé. D’habitude, il laisse ça aux gens de maison. Devant ma surprise, et entre deux de mes courbettes, il me confia que c’était pour me mettre dans le bain du jeu que j’avais à tester : Railway Empire 2. Certes par la suite, il m’a obligé à pelleter le charbon pour que la locomotive avance plus vite et qu’il puisse actionner le sifflet en riant aux éclats. C’est un grand enfant, vous savez. Je vous ai dit qu’il avait toujours son fez ? Il parait qu’il ne le quitte plus. Encore une surprise.

Le train sifflera trois fois

Railway Empire 2, comme son nom l’indique, est la suite de Railway Empire du même éditeur. Bien entendu, et les fans des jeux de gestion le savent bien, ce n’est pas parce que vous collez un « 2 » derrière votre titre qu’il s’agit réellement de la suite. Il faut plutôt le lire comme « la deuxième version du jeu ». Autrement dit, on prend les mêmes et on recommence, mais en mieux.

Comme dans le premier opus, il s’agit d’un jeu de gestion économique et ferroviaire se déroulant dans une période allant de 1830 à 1910. Vous incarnez un entrepreneur à la tête d’une toute nouvelle entreprise, bien décidé à faire fortune dans le rail. Vous devrez participer à l’essor économique du pays et écraser vos concurrents. Le jeu se déroule sur les cartes d’Europe et d’Amérique du Nord. Si vous connaissez les Transport Fever 1 et 2 ou le célébrissime Transport Tycoon, alors vous ne serez pas dépaysé avec Railway Empire 2. Toutefois, moins complexe que Transport Fever sur certains points, il se concentre uniquement sur l’économie du rail.

Le titre propose plusieurs modes de jeu. Le mode Campagne, qui consiste en 5 cartes scénarisées qui vous feront traverser les États-Unis et l’Europe pour bâtir votre empire, et le mode Partie Personnalisée, qui vous laisse plus de liberté dans le lieu ou la date de départ. Le mode Scénario qui vous propose de résoudre 14 défis très spécifiques et très contraints dans le temps et l’espace. Le mode Bac à Sable, sans contrainte ni gestion financière, vous permet quant à lui de tester toutes les possibilités du jeu et de laisser libre cours à votre imagination. Il existe enfin un mode Multijoueur pour les amateurs du genre. Enfin un didacticiel, indispensable, vient couronner le tout en vous expliquant les bases.

Le pôle express

On retrouve donc tous les grands principes des jeux de gestion de transport ferroviaire. Définir des voies entre deux gares, gérer ce que les trains transportent, répondre à l’offre et à la demande, acheminer des marchandises, et enfin faire voyager des gens. Le tout en essayant de dégager le plus de bénéfice possible. Vous n’oublierez pas de prévoir des lieux pour la maintenance de vos machines ni de dépenser des points dans la recherche afin de découvrir de nouvelles locomotives ou de nouvelles techniques de construction.

Si les grands principes restent présents, ce deuxième opus apporte pas mal de cette fameuse « Quality of Life », signe d’un jeu réfléchi et d’une expérience utilisateur enrichie. Ainsi, définir une ligne entre deux points, construire ses voies ou placer ses gares est simple, fluide et plaisant. Il faut toujours, et c’est heureux, optimiser le placement de ses voies, décider si on va construire un pont ou un tunnel. On retrouve la planification des croisements, des doubles, voire de triples voies ; les grils de gare, tours de ravitaillement et postes de maintenance sont également de la partie. Il est possible de gérer finement le temps de travail du personnel dans les différents secteurs (cheminots, ingénieurs, sécurité, etc.). L’agrandissement des gares entre aussi en ligne de compte puisqu’il est possible de construire entrepôts, restaurants, hôtels, et même de participer à la vie des villes en construisant musées, universités et bibliothèques.

Un pont trop loin

Bref, une richesse de contenu qui permet de façonner votre partie à votre convenance. Toutefois, cette profusion a aussi un prix à payer. Qui dit contenu, dit risque de se noyer dans les différents menus et sous-menus que propose le jeu. Malgré tous les efforts qui ont été faits dans une interface lisible et simplifiée, il n’en reste pas moins qu’au-delà de l’indispensable didacticiel, il faudra consacrer un petit moment pour s’habituer à retrouver tous les éléments dont on a besoin. Les chaînes de production sont très basiques : on amène un produit A au point B, et parfois à un point C. On est très loin des méli-mélo qu’on peut avoir sur Transport Fever ou d’autres titres du genre.

Toutefois, Railway Empire 2 reste un jeu de gestion qui vous demandera bien souvent de réfléchir avant d’agir, surtout si vous ne voulez pas finir en banqueroute. Le jeu reste nettement plus accessible que ses illustres prédécesseurs, mais on sent que les développeurs ont appris des erreurs du premier titre. Petite originalité, vous pourrez engager des saboteurs qui iront entraver les progrès de vos concurrents. Mais attention, ils peuvent vous rendre la pareille et ils ne s’en priveront pas.

Graphiquement le jeu n’est pas honteux du tout, même si ce n’est pas sa qualité première. Il est très plaisant de se placer en tête de train et d’admirer le paysage qui défile. Les villes sont également animées et les voir évoluer dans le temps est un véritable plaisir. Les petits moments de la vie citadine sont bien représentés et chaque endroit fourmille de détails. Il comblera de toute façon les amateurs de jeu de gestion qui n’en demandent jamais trop. La musique est un peu répétitive, et oubliable, mais n’est pas gênante. Les sons s’adaptent à votre niveau de zoom, très classique là encore, mais toujours bienvenu.

Dernier train pour Busan

Je pourrais m’attarder sur le plaisir de voir la neige fondre et revenir avec le passage des saisons, vous décrire l’émotion de la première liaison entre deux villes éloignées, vous narrer les déboires d’une montagne infranchissable qui oblige à un large et coûteux contournement, vous raconter comment des coupures de journaux viennent émailler l’avancée… Je pourrais, mais je me contenterais de vous dire que si vous aimez les jeux de gestion, et particulièrement les jeux avec des trains, alors vous passerez de très bonnes heures sur Railway Empire 2.

Seule ombre au tableau, le prix est excessif (49€) alors que d’autres titres du même genre sont proposés à 10 ou 20 euros de moins. Je comprends tout à fait les contraintes économiques qui amènent les éditeurs à demander de tels prix, mais ça dessert un jeu qui, sans cela, serait proche du sans-faute. Heureusement, il est disponible sur le Gamepass (que de rebondissements) !

Genre : Simulation, Gestion, Trains

Développement : Gaming Minds Studios

Éditeur : Kalypso Media

Date de Parution : 25 Mai 2023

Plateforme : PC

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.