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Capital Lux 2: Generations

Ce jeu et moi avons une histoire particulière pour ne pas dire singulière. Lorsque j’étais encore dans l’Ouest de la France, je passais régulièrement à la boutique de jeux et je voyais son grand frère Capital Lux. Il m’attirait, je le prenais en main et je finissais inévitablement par le reposer. Puis Capital Lux 2: Generations a été annoncé sur Kickstarter. J’ai regardé la page, hésité, puis j’ai décidé de ne pas le prendre que ce soit en version Generations ou Pocket.

Et pourtant, ce Capital Lux et son univers sont restés dans mon esprit depuis la première fois où j’ai eu la boîte du premier jeu en main. Les soldes 2023 arrivent et la version Generations passe en soldes à -40%, puis à -50%. J’ai fini par craquer et je ne le regrette pas. Capital Lux 2 est un jeu qui mérite largement son Dystoseal.

Au niveau matériel, Capital Lux 2: Generations fait partie des jeux qui auraient mérité une boîte plus petite puisqu’il n’y a pas de thermoformage (l’insert en carton ne sert à rien) et l’excuse des plateaux rectangulaires ne tient pas. Il aurait suffi de pouvoir les plier voire de les enlever vu leur utilité toute relative sauf pour un afin de réduire la boîte d’un bon tiers sans forcer.

Le reste du jeu se compose de plateaux, de tuiles, de jetons, de pièces et des cartes. Le matériel est plutôt de bonne qualité même si les cartes semblent fines, elles sont correctes. Pas d’esbroufe et c’est tant mieux. Le jeu n’en a pas besoin et cela permet une mise en place très rapide. Chacun prend son petit plateau, on installe le plateau capitale, le matériel, on mélange les cartes et c’est parti.

Au niveau des règles du jeu, Capital Lux 2: Generations est très simple. Le jeu commence par une phase de draft. A son tour, chaque joueur va poser une carte devant lui ou dans la Capitale pour activer un pouvoir particulier. A la fin de la manche, les joueurs récupèrent des cartes qui feront office de points de victoire à la fin.

Au bout de trois manches, celui qui a le plus de points gagne. Résumé très succinct et comme d’autres l’ont fait mieux que moi, voici les règles en vidéo (comme d’habitude). Je précise que la version Pocket a la même mécanique. La version Generations apporte plus de variabilité dans les pouvoirs.

Le livret de règles est très clair avec beaucoup d’exemples. La mécanique est très simple à comprendre donc peu de place à l’interprétation. De plus, l’éditeur a eu l’excellente idée de faire un livret à part pour expliquer les pouvoirs et leurs spécificités. Il y a même des précisions bienvenues pour lever le moindre doute.

Cela peut paraître anecdotique, mais ce genre de détails permet de ne pas ralentir les premières parties et surtout d’éviter une frustration parce que les joueurs se retrouvent dans une situation non prévue par la règle. En clair, le livret de règles est très bien fait et l’idée de l’annexe pour les pouvoirs excellente.

Au niveau de l’interaction et des sensations, Capital Lux 2 est ce que l’on pourrait qualifier de jeu de collection avec une interaction indirecte très forte. La mécanique du jeu va obliger les joueurs à sans cesse regarder la Capitale, sa cité et celle de ses adversaires pour faire le meilleur coup possible. C’est ce point qui rend les premières parties un peu chaotiques tout en restant plaisantes avec un temps de jeu réduit (à deux, nous jouons en 20 minutes max) et des tours rapides.

Les différents pouvoirs vont apporter de la variété et la règle du jeu propose des combinaisons pour que les premières parties se passent en douceur. Nous avons suivi ce principe et il faut avouer que c’est agréable de découvrir le jeu de cette façon. Après une dizaine de parties, nous mélangeons les tuiles Pouvoir sans nous préoccuper de la lettre et ça fonctionne très bien. J’irai jusqu’à dire que Capital Lux 2: Generations fait partie des jeux faciles à apprendre, difficiles à maîtriser.

Les premières parties se soldaient par des victoires écrasantes avec des écarts importants, mais les dernières se jouent très souvent à quelques points. L’interaction indirecte devient même omniprésente pour empêcher l’adversaire de prendre trop de points. Quel plaisir d’obliger l’adversaire à défausser toutes les cartes d’une de ses colonnes parce que tu as utilisé le pouvoir de la capitale permettant de déplacer une carte sur un autre district, modifiant ainsi leur valeur. C’est aussi la même chose en posant un jeton qui va augmenter ou réduire le score d’un district ou de simplement finir son tour très rapidement, ce qui obligera l’adversaire à poser les cartes qui lui restent en main dans sa cité avec toutes les conséquences possibles sur le décompte de la manche.

Capital Lux 2: Generations pourrait sembler basé sur le hasard avec le tirage des cartes, la pioche et le fait de simplement poser des cartes, mais il offre tellement de possibilités de contrer ledit hasard qu’il devient un jeu où la victoire est bien plus dans la main des joueurs qu’il n’y paraît. Pour s’en rendre compte, il faut passer les premières parties et commencer à toucher la profondeur du jeu même avec les pouvoirs de base. La connaissance des différents pouvoirs est la clé de la victoire.

Le mode solo a été pensé pour simuler un adversaire avec un paquet de cartes. Rob sera un adversaire intéressant pour se faire la main sur le jeu, mais pas suffisant pour retranscrire les sensations d’une partie avec un ou plusieurs êtres humains. Et après quelques parties contre Rob, il apparaît qu’il n’est pas assez difficile à battre pour rendre le challenge satisfaisant. Il a le mérite d’exister, mais je ne conseillerais pas l’achat du jeu pour un joueur exclusivement solo. L’intérêt est trop limité pour justifier l’achat à ce seul usage.

Niveau thème et direction artistique, le jeu est clivant même si le thème s’efface vite pour ne retenir que les couleurs des cartes. Pour ma part, je n’ai pas l’impression de plonger dans cet univers en posant ma carte rose sur une pile. Cela dit, le jeu a le mérite d’essayer de rendre la thématique présente jusque dans les pouvoirs. Chaque couleur va avoir des pouvoirs en rapport avec le thème. C’est un bel effort à noter et en plus, ça fonctionne plutôt bien.

Par contre, je trouve la direction artistique magnifique. Les illustrations sont peu nombreuses, mais très réussies. Le non succès du jeu me semble provenir en partie de cette direction artistique. Visuellement, les illustrations sont assez peu consensuelles et peuvent rebuter dès la couverture. Pour ma part, c’est justement les illustrations qui m’ont attiré au départ. Je suis très sensible à une direction artistique tranchée.

En conclusion, Capital Lux 2: Generations est un très bon jeu dans sa catégorie. Il mérite de passer outre sa direction artistique pour ceux qui sont rebutés par elle et de s’y investir un minimum pour en découvrir la profondeur. Il est doté d’un gameplay très simple à apprendre qui permet de s’amuser dès la première partie et de progresser dès la seconde. Capital Lux 2: Generations est un jeu misant sur une interaction indirecte pour permettre aux joueurs de ne pas rester dans leur coin.

Cette idée de pouvoirs uniquement accessibles par la pose d’une carte dans la capitale et le fait de défausser toutes les cartes sur le district du joueur, si le décompte est « plus grand » que celui de la Capitale incite les joueurs à être attentifs tout le long de la partie pour contrer leurs adversaires. Certains le qualifieraient de « méchant » avec cette dynamique et il pourrait ne pas convenir à des joueurs un peu trop susceptibles. Personnellement, j’ai aimé ma première partie et adoré les suivantes. Je recommande très chaudement d’y jouer dans cette version ou dans la Pocket. Il le mérite.

Genre : Jeu de majorité

Auteurs : Eilif Svensson, Kristian Amundsen Ostby

Illustrateur : Kwanchai Moriya

Editeur : Aporta Games et localisé par Pixie Games en français

Prix : 34,90€

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.