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Deep Sky Derelicts

L’espace, l’ultime frontière où la main de l’Homme n’a jamais posé le pied. La promesse de découvertes scientifiques incroyables, de vies extraterrestres étonnantes, d’un émerveillement de chaque instant. La poésie de l’univers infini qui nous fait nous sentir si petit dans son immensité écrasante.

Ou alors, on peut aussi dégommer des saloperies de robots mutants visqueux tout en charriant des déchets dont plus personne ne veut, à part peut-être la station moisie où j’ai décidé de faire escale avec mon équipe de bras cassés… C’est la proposition de Deep Sky Derelicts et c’est absolument génial (oui, je spoile la fin de mon article).

Premier Contact

Deep Sky Derelicts est un jeu d’exploration et de combat tactique au tour par tour (ouf), développé par Snowhound Games et publié par 1C Entertainment. Il est sorti le 26 septembre 2018 sur PC, puis un peu plus tard sur console. En résumé, le jeu se déroule dans un futur lointain où les humains ont colonisé les étoiles. Comme par hasard, toute la civilisation est tombée en décadence et a laissé trainer des épaves spatiales un peu partout, parce que c’est une grosse dégueulasse l’Humanité… On dirige une équipe chargée d’explorer ces épaves pour y résoudre des quêtes, collecter des objets et, si possible, découvrir le chimérique vaisseau-mère. Qu’est ce qu’on ferait pas pour devenir citoyen de l’Empire Galactique ?

Dans les faits, on commence par créer une équipe de 3 personnages, chacun ayant sa propre personnalité et ses propres compétences, puis par aller rencontrer le gouverneur de la station locale. Ce dernier nous donne notre première mission ainsi que le droit d’aller piller les épaves locales. C’est donc armé et plein d’entrain (non) que notre petite équipe s’enfonce dans son premier vaisseau cabossé, sans air et avec peu d’énergie. Est-ce qu’on va se battre ? Oui. Est-ce qu’on va collecter de l’expérience et prendre des niveaux ? Oui. Est-ce qu’on va mourir ? Oui aussi.

Inception

On ne va pas y aller par quatre chemins, si la direction artistique vous rappelle furieusement Darkest Dungeon c’est normal. Est-ce que c’est scandaleux ? Je ne sais pas. Est-ce que ça rend bien ? Oh que oui ! Les graphismes et la musique sont de très grande qualité. Le principe des cases, comme si c’était une bande dessinée, donne au jeu un aspect très dynamique. La musique, futuristo-techno-synthétique colle parfaitement à l’ensemble et, même si elle reste très générique, n’est jamais pénible (et c’est tout ce qu’on lui demande si vous voulez mon avis).

Alors d’accord, ça ressemble furieusement à Darkest Dungeon. On y retrouve les mêmes visages déprimés, les mêmes couleurs ternes, la même ambiance pas cool, le même genre de dessin tout droit issu de tout ce que la bande-dessinée « sérieuse » a proposé ces 20 dernières années. On est aussi éloigné de la science-fiction flamboyante d’Asimov, que Darkest Dungeon est éloigné de l’heroic-fantasy de Donjon & Dragon. On est ici pour arpenter des couloirs dégueulasses, dans des épaves rouillées, en rencontrant des aliens avec trop de tentacules. Il y a la Dark-Fantasy, on peut parler ici de Dark-SF.

District 9

Si l’ambiance est plombante et désespérée, le gameplay, lui, est à la fois simple et élégant. Après une phase de préparation dans la station spatiale qui nous sert de hub, et où tout ce qui nous est utile est à disposition (le mess pour prendre des missions et recruter des mercenaires, le département de recherche pour acheter des améliorations, la boutique pour revendre son butin, etc.), nous embarquons pour une épave. Une fois sur place nous déplaçons notre équipe de récupérateurs de case en case, chaque case représentant une salle.

Dans chaque salle il peut se passer quelque chose : un évènement positif ou négatif, une rencontre hostile, un donneur de quête, des déchets à fouiller et ainsi de suite. Certains de ces éléments seront fixes, d’autres seront aléatoires. Chaque déplacement nous coûtera de l’énergie, à nous de gérer cette énergie pour ne jamais en être dépourvu, au risque de mourir gelé et asphyxié. Le jeu passe alors de la vue « carte » à la vue « salle » et, dans le cas d’un affrontement, à un combat au tour par tour.

Rencontres du 3e type

La phase de combat, qui constitue le cœur du jeu, nous demande à notre tour de jouer une ou plusieurs cartes, prises dans notre deck. Cette carte peut permettre d’attaquer, de défendre ou de déclencher un effet. Le personnage fait ce qui est indiqué sur la carte, puis c’est le tour d’un autre personnage, et ainsi de suite. La place dans le tour dépendra, entre autre, de l’initiative et de différents bonus acquis ou innés. Très classiquement, une fois que tout le monde a joué, un autre tour commence jusqu’à l’élimination des adversaires. Vient alors le moment où on ramasse ce que les ennemis avaient dans leurs poches et où on va voir sa fiche de personnage.

Car oui, Deep Sky Derelicts est aussi un jeu avec des fiches de personnage. Je sais, on dit « jeu de rôle » mais cette appellation fallacieuse m’énerve, donc je ne l’emploie pas. Chacun de nos mercenaires a sa fiche détaillée, avec ses caractéristiques, sa santé, son armure, son inventaire et les cartes que cet ensemble lui octroie. Chaque personnage a également un arbre de compétences qui lui est propre et qui lui donnera différents bonus et capacités, au fur et à mesure de sa progression individuelle. Là encore le jeu est très clair dans son tutoriel et nous propose un codex récapitulatif, bien utile en cas d’oubli sur telle ou telle fonction.

L’histoire quant à elle se construit au fur et à mesure des explorations. On se doute bien que ce qui n’était qu’une simple mission de recherche, se transformera bien vite en quelque chose de plus profond, de plus sournois. L’ensemble se tenant admirablement en un tout cohérent, quoique pas super joyeux là encore. Enfin, il existe deux DLC, sortis en 2019, qui apportent quelques nouveaux éléments et renforcent encore un peu plus l’univers proposé.

Dark City

Exploration, stress, combats, stress, un œil sur la jauge d’énergie, l’autre sur le butin amassé et le troisième (quoi ?) sur la jauge de vie ; voilà en résumé le quotidien de nos anti-héros dans leur dur labeur d’éboueurs de l’espace. Prenant, agréable à l’œil et à l’oreille, ce jeu a un avantage supplémentaire : il est compréhensible et accessible. Laissez-moi vous expliquer : Darkest Dungeon est, pour un joueur comme moi, beaucoup trop difficile et punitif.

Je n’ai pas l’impression de progresser, je perds plus qu’à mon tour, je n’arrive pas à en saisir les mécaniques, et au final je me sens persécuté par le jeu. Je ne passe donc pas un bon moment, et je râle. Deep Sky Derelicts, à l’inverse, me donne l’illusion du progrès, je triomphe des obstacles, je suis témoin des avancées de mes personnages, les mécaniques sont accessibles, les enjeux clairement posés. Je passe un bon moment et, malgré les obstacles, je suis heureux.

Deep Sky Derelicts est un jeu tranquille, esthétiquement superbe et aux mécaniques élégantes. Il n’est certes pas exempt de défauts, mais à aucun moment il ne m’a frustré par une forme de rugosité absconse. Et c’est suffisamment rare dans les jeux de ce genre pour être signalé et récompensé. C’est donc avec quelques années de retard mais avec fierté, que je décerne officiellement à Deep Sky Derelicts un Dystoseal amplement mérité.

Genre : RPG – Tour par Tour

Développement : Snowhound Games

Éditeur : Fulqrum Publishing

Date de Parution: 26 septembre 2018

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.