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Tennis Manager 2021

En grand habitué de Football Manager, je n’ai pas été dépaysé en lançant Tennis Manager 2021. On retrouve une interface similaire, des joueurs et du staff caractérisés par des stats dans différents domaines, une gestion financière de son académie et une représentation visuelle des matchs, le tout adapté à ce sport très différent de celui des pousse-baballe.

On commence par choisir son avatar, son apparence et son style de coach. C’est donc en tant que Ruvon Dystopeek (sans doute originaire d’un pays chelou avec un nom pareil) que je dois décider quelle sera mon académie.

En fonction de ce choix, j’aurais dans mon écurie des poulains plus ou moins prometteurs, ainsi que des infrastructures de qualité variable. Plutôt que de partir tout en bas de l’échelle ou directement au top, j’opte pour le club de ma ville : l’académie de Lyon.

J’y retrouve trois sportifs : le jeune Ugo Umber, le vétéran Jo-Wilfried Tsomga (ce ne sont pas des fautes de frappe) et une jeune débutante dont je n’ai pas retenu le nom. Premier constat : certains joueurs ont leur vrai nom et leur photo, quand d’autres n’ont droit qu’à un nom approchant, pour le plus grand bonheur des nostalgiques de PES et du légendaire Roberto Larcos.

Ugo frais

Beaucoup de choses peuvent être configurées, des entrainements aux sponsors en passant par les inscriptions aux tournois. Qui suit un peu le tennis sait que différentes compétitions ont lieu en même temps et il faut donc s’organiser pour choisir le bon calendrier qui alterne tournois de préparation, grosses échéances comme les Grands Chelems et les périodes de récupération.

On affecte son staff aux différents poulains pour leur faire travailler la technique, le mental, le physique. Et surtout on choisit son petit protégé, celui qu’on va suivre tout particulièrement et assister aux matchs. Lorsqu’un autre membre de l’académie joue un match important, on nous propose toutefois de prendre la main et de s’octroyer la gloire d’une victoire ou reporter la faute sur l’entraineur attitré en cas de défaite, parce que la mauvaise foi fait partie du sport.

Le début du jeu commence par l’Open d’Australie puisqu’il est placé en début de saison. Mes premiers émois sur le court voient donc Ugo se hisser jusqu’en quarts de finale, seulement stoppé en cinq sets par un Roger Fedeber vieillissant mais toujours dangereux sur surface rapide. Plutôt satisfaisant comme entrée en matière. J’ai eu un mal fou à empêcher mon Ugo de tenter des amorties qu’il foirait lamentablement.

Comme à la télé

Je prélève une partie de ses gains comme le ferait un mac agent, thunes qui me serviront à payer le fonctionnement de l’académie, les coachs et éventuellement améliorer les infrastructures. Tsomga fait un bon début de saison (8èmes à Melbourne, victoire dans un petit tournoi), quand la demoiselle se fait inlassablement sortir au premier tour de toutes les compétitions où elle est engagée.

La représentation des matchs est propre malgré des incohérences dans les animations, on sent bien la puissance des coups et les tactiques mises en place. On dispose d’un grand choix dans l’approche des situations, de réglages dans l’intensité, de stratégies (jouer sur le revers, viser les lignes, monter au filet dès que possible…).

Le tout, en gardant à l’esprit la condition physique de son joueur qui pourrait payer une débauche d’énergie au prochain tour du tournoi. Très satisfaisant quand on prend les bonnes décisions, moins quand on tente des coups qui ne paient pas. J’aurais quand même aimé pouvoir faire appel au Hawk Eye, l’équivalent du VAR au tennis.

C’est un peu court

Les semaines passent, les progrès de mes poulains sont lents et la petite jeune galère sévère sur le circuit féminin. Par contre elle va faire une perf inattendue à Roland-Garros, enlevant le titre junior et me laissant plein d’espoirs pour la suite.

Ugo fera honneur aux tennis français dans le Grand Chelem national et tombera au premier tour contre un adversaire à sa portée alors qu’il avait remporté son premier Master 1000 sur terre battue quelques semaines plus tôt.

Le rythme du jeu est assez inégal ; les semaines passent sans qu’on ait grand chose à faire entre les matchs, seules quelques interviews sans intérêt inspirées du pire de Football Manager viennent interrompre le temps.

J’ai plus l’impression d’être un coach tactique que véritablement un manager d’académie. On peut améliorer ses installations contre de grosses sommes d’argent, mais (de façon réaliste) cela prend plusieurs mois.

J’essaie de recruter de nouveaux préparateurs, de scouter des futurs pépites pour remplacer Tsonga qui prendra sa retraite bientôt, mais personne ne veut discuter avant la fin de saison. J’attends donc mon heure en voyant Ugo remporter de nombreux matchs et tournois, de façon presque trop simple.

L’IA ne semble pas toujours capable de réagir tactiquement pendant les matchs. Ugo termine donc à la sixième place mondiale et ne tombe qu’en demi-finale du Masters qui clôture la saison.

Double faute

Si ma première saison est réussie sur le plan sportif, mon ressenti sur Tennis Manager 2021 l’est moins. La volonté de cloner Football Manager au monde du tennis est louable (autant s’inspirer des meilleurs), mais on passe beaucoup de temps à attendre le prochain tournoi sans réellement avoir un impact en dehors des matchs. On peut planifier le programme d’entrainement assez finement, mais on manque de feedback sur le résultat de nos choix.

La partie recrutement est succincte puisqu’on ne peut accueillir qu’un nombre limité de joueurs et de préparateurs, les discussions avec les médias sont rares mais pénibles. Je regrette également l’absence de compétitions de double, le jeu ne proposant que des matchs en simple, et c’est sans doute ce qui explique que la Coupe Davis ne soit pas représentée.

Dans un souci de réalisme et d’engranger de la thune, les courts sont tapissés de sponsors et autres publicités. Autant les marques d’équipement sportifs ne jurent pas dans le décor, autant je regrette d’y retrouver le logo d’un site de paris en ligne, dont la nocivité et la toxicité du discours, qui vise les jeunes en reprenant les codes des quartiers et qui est promu par des « influenceurs » sans face ni scrupules, n’est plus à démontrer.

C’est un reproche que j’aurais aimé ne pas avoir à faire à Rebound CG, studio et éditeur français qui n’a jusqu’ici sorti que Tennis Manager dont cet opus est déjà le troisième, après les versions 2019 et 2020. A noter qu’une version mobile existe aussi.

Alors avec tout ça, est-ce que Tennis Manager 2021 mérite les 40€ demandés ? Si le cœur du jeu qui se passe sur le court est très satisfaisant, j’aurais cependant apprécié avoir plus d’influence sur le reste. Il a aussi l’avantage, comme Football Manager qui a écrasé les tentatives de concurrence, d’être seul sur le créneau.

Les amateurs de management resteront sur leur faim, tandis que les amoureux de tennis pourront prendre un certain plaisir à voir ses poulains gravir les échelons tournoi après tournoi, même si l’envie de prendre la raquette et montrer à cette feignasse comment on fait un amorti qui ne finit pas dans le filet risque de se faire sentir.

Genre : Management de tennis

Développeur : Rebound CG

Site officiel 

Plateformes : SteamGoGEGS

Prix : 40€

Date de sortie : 25 mai 2021

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.

2 réflexions sur “Tennis Manager 2021

  • RomTaka

    Ce jeu est loin d’être le seul sur son créneau puisqu’il y a aussi Tennis Elbow Manager 2, développé également par des Français, Mana Games (un mec quasiment tout seul en fait).
    Et au vu des retours et de ce que je connais du studio (Tennis Elbow, un jeu de tennis « classique »), TEM2 est meilleur que ce TM2021 pour moins cher. Même s’il est probablement moins sexy, mais y a pas que le physique qui compte dans la vie.

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