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Ghostrunner

La vie est injuste. Si je me fais habituellement la réflexion quand je croise SAAvenger dans les couloirs de la rédac’, c’est en m’apitoyant sur moi-même que je fais aujourd’hui ce constat. Parce que voyez-vous, en plus de mon charisme légendaire de rédac’ chef adulé et de mon esprit vif me permettant de régulièrement humilier Machiavel à Twilight Struggle, j’ai un skill de guedin comme on dit chez les jeunes quarantenaires. Je r0xx3 ! Enfin ça c’était avant car, et je l’ai appris à la dure, mon skill, mon talent souris et clavier en main, est au niveau des pâquerettes maintenant, âge aidant. Comment m’en suis-je rendu compte ? Oh c’est simple, j’ai lancé Ghostrunner.

Lorsque vous êtes habitué à côtoyer les grands de ce monde, à surfer sur le succès, sûr de votre talent, il est dur de tomber tout en bas. C’est pourtant ce qui est arrivé à notre héros, un (attention, tenez-vous prêt pour la grande révélation) Ghostrunner. Ouais ça claque hein ? Pourtant il n’y a pas de quoi faire le malin, surtout au début. Et surtout si c’est moi aux commandes. Mais d’abord c’est quoi un ghostrunner ? Je sais que vous imaginez une sorte de Casper qui court dans tous les sens mais… ben c’est presque ça en fait. Le côté ridicule en moins. Sauf si, encore une fois, c’est un vieux aux commandes. Parce que ce p**n de jeu nécessite du skill. Beaucoup. Et croyez-moi, les vieux n’en ont plus beaucoup.

Dans la production de One Morel Level, 3D Realms et Slipgate Ironworks (oui, ils se sont mis à trois studios pour pondre cet instrument de torture), vous dirigez donc un guerrier cyber capable de courir sur les murs, de s’agripper avec un grappin énergétique et de découper les gens avec son katana. Il fait sûrement plein d’autres trucs, parce qu’il y a une foultitude de pouvoirs à débloquer au fur et à mesure de son ascension vers la salle où il affrontera Mara the Keymaster, la grande méchante. Mais pour être honnête je ne suis pas allé bien loin car je crève comme une merde au minimum une centaine de fois par niveau, ce qui rend la progression extrêmement lente. Et étrangement, malgré cette frustration, cette rage à crever en boucle, je m’amuse quand même.

Le système d’upgrades

Le gameplay de Ghostrunner est en effet un modèle du genre, vous faisant virevolter dans tous les sens avant de figer le temps pour esquiver les projectiles ennemis, le tout en trois clics de souris. C’est fluide, c’est extrêmement rapide et c’est surtout très punitif car à la moindre bastos mangée, c’est la mort et le redémarrage au checkpoint le plus proche.

Tiens, parlons-en de ces checkpoints. Chaque niveau est découpé en une série d’arènes (à défaut de terme plus adéquat) où vous aurez à éliminer plusieurs adversaires ou atteindre une certaine hauteur. La difficulté réside dans le fait que vos ennemis auront par exemple un bouclier alimenté par un générateur qu’il faudra localiser, qu’ils seront dispersés et se couvriront les uns les autres, rendant l’approche frontale suicidaire. On cherche donc autour de soi quel parcours faire, qui attaquer en premier… Et donc tant que vous n’aurez pas franchi le passage entier, vous recommencerez. Et croyez-moi, une petite sauvegarde rapide autorisée de temps en temps n’aurait pas fait de mal aux plus mauvais d’entre nous, car le jeu est difficile. Intransigeant. Et ultra-violent aussi, ce qui vous interdit de l’offrir à Jean-Kévin, 12 ans, pour son Noël.

Heureusement, de temps en temps, l’Architecte nous propulse dans des niveaux numériques où ce ne sont plus des ennemis que l’on affronte mais des énigmes et des passages plateformesques presque reposants. Qui est-il vraiment, pourquoi nous aide-t-il ? Qui sont ces rebelles qui nous ont réparé et surtout, quel est ce monde futuriste ? Autant de questions pour lesquelles je n’ai aucune réponse à vous fournir…

Donc ça fait un petit moment que je vous cause d’un jeu ultra-punitif qui ne pardonne pas le moindre début de soupçon d’erreur alors qu’habituellement, je vous cause combats au tour par tour et gestion pépère. Quoi le fuck ? me demandera le lecteur bilingue. Ouais, quoi le fuck comme tu dis, coco. Présenté comme un mélange contre nature entre Hotline Miami et Mirror’s Edge (que je préfère quand même au niveau des sensations du Parkour), que j’ai adorés tous les deux, Ghostrunner m’a attiré par sa direction artistique, ce que j’ai pu confirmer devant un Twitch de Canard PC (d’ailleurs, ces mecs commencent petit à petit à se faire connaître donc soyez sympas, soutenez-les le plus possible. Je crois même qu’ils éditent un petit fanzine mensuel, abonnez-vous sinon ils ne passeront pas l’année). Tous les potards étaient donc au vert, surtout que le prix est tout doux, surtout en promo. Sauf qu’en lisant « attention jeu pour PGM uniquement tellement il est dur », je n’avais pas compris que le jeu est tellement dur qu’il est réservé uniquement aux PGM. Voilà, comment je pouvais savoir. Mais ça ne m’empêche pas de reconnaître son excellence dans son domaine et d’insister, mort après mort, sur chaque passage.

Donc Ghostrunner, si vous n’avez pas deux mains gauches et que vous avez une tolérance élevée envers la frustration, c’est du tout bon. C’est même une sacrée pioche, originale et fascinante. C’est propre, c’est rapide, fluide et violent. Il mettra vos nerfs à rude épreuve et vous offrira un challenge qui tend à disparaître des FPS. Mais si comme moi, vous n’avez plus les réflexes de vos 20 ans (ou ne les avez jamais eus dans le cas de SAAvenger), alors réfléchissez à deux fois et demandez-vous si vous avez envie de vous prendre le chou pendant deux heures sur trois pauvres gars à buter… Sur ce je vous laisse il faut absolument que j’arrive à passe ce £*ù=% de tutoriel ! Putain j’suis vieux.

Genre : action

Développeur : One More Level, 3D Realms, Slipgate Ironworks™

Editeur : 505 Games, All in! Games

Prix : 30€

Date de Sortie : 27 Octobre 2020

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...