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Superman Red Son : Un superhéros entre le marteau et la faucille.

Superman, c’est un peu le héros américain par excellence. Il véhicule les valeurs de liberté, de force et tout ce que l’Amérique pense être. Alors quand DC décide de partir sur un récit Et si… avec un Superman délocalisé, ça ouvre des possibilités infinies. Ont-ils réussi leur coup avec Superman Red Son ?

Je t’aime, moi non plus.

Je n’aime pas Superman, ce qu’il représente. Pourquoi ? Parce qu’il est horriblement lisse. Le personnage est, certes, un extraterrestre, mais il représente un surhomme au dessus de l’humanité et il n’en fait rien. Cette aura de pureté, d’invincibilité est totalement sous exploitée en règle générale. Ce n’est pas pour rien que Zack Snyder en a fait une figure christique. Le personnage est vu comme le sauveur de l’humanité. Alors quand Mark Millar s’empare du personnage pour en faire autre chose, je suis en joie.

Ma toute toute première fois.

J’ai lu Red Son pour la première fois, il y a très longtemps et j’avais adoré. Depuis, Superman a toujours été un héros que j’ai évité dans ma recherche de comics même si je suis tombé sur quelques uns dont le thème m’a attiré. J’ai lu un one shot où il parcourt les États-Unis à pied pour découvrir la vie des vrais américains (Superman à terre). L’idée est géniale, originale voire surpuissante dans ce besoin de se redescendre sur Terre, mais l’exécution est trop faible pour élever le niveau au delà de la bonne idée. Tout comme un autre où, sur une Terre parallèle, Superman est un héros de comics et l’on suit la vie d’un personnage qui s’appelle Clark Kent. Identité secrète est très bon dans ce qu’il parle plus de Clark Kent que de Superman. Et sinon Red Son ?

Je n’ai pas mouillé les draps.

Red Son part de cette idée géniale : Kal El alias Clark Kent n’atterrit pas aux Etats-Unis, mais en pleine URSS. Il devient le symbole d’un communisme triomphant. Lex Luthor est marié à Loïs Lane, puis devient obsédé par Superman. Là, il y a une forme de jubilation qui s’empare de moi à l’idée de voir ce super héros dans un autre contexte.

Ce que j’en attendais.

Le récit démarre puissamment, glisse doucement mais surement vers ce que j’attendais. Un Superman qui devient despote du monde. Les gens plieront devant sa volonté. Et ça fonctionne, pendant un temps. Ensuite le récit tombe dans les travers habituels : il faut placer un max d’ennemis, la romance avec Loïs Lane, quelques clins d’œil à l’univers pour satisfaire le fan. Au final, la bonne idée se transforme en une revisite très/trop conventionnelle de l’homme d’acier pour devenir une énième origin story dans un univers différent.

I believe, I can fly.

C’est dans ces moments là, que je remarque la force du souvenir et la puissance de ma curiosité. En m’ouvrant à différents genres, personnages, ce qui me paraissait subversif et puissant à l’époque n’est qu’un léger contrepied. Millar aurait pu aller plus loin en s’affranchissant des poncifs liés à l’univers de Superman et plus largement de DC. Parce que l’on passe à la moulinette les super méchants emblématiques, Batman vient faire son apparition… Il aurait pu resserrer son récit plutôt que de le faire durer sur un laps de temps aussi long ce qui a pour effet d’en diminuer la force.

Et toi, qu’est ce que tu ferais, si tu mourrais demain ?

Je ne lirais plus de Superman sauf à trouver une version complètement barrée et tordue de l’homme d’acier parce qu’il m’ennuie profondément. Trop engoncé dans son costume de gendre idéal à la morale tellement pure que le plus saint de tous les saints ne lui arrive pas à la cheville. Même dans un contexte qui permet aux auteurs de se lâcher, ça ne fonctionne pas.

Et à choisir, je préfère relire The Authority du même auteur (mais pas que) qui est autrement plus intéressant que Red Son, notamment sur sa charge politique. Non pas que Red Son soit mauvais, mais il aurait pu être tellement meilleur.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.