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Wars of Napoleon

L’histoire, les wargames. C’est pas vraiment un genre grand public. Dans ce genre qui est déjà de niche, il y a en général peu d’intérêt offert à l’époque Napoléonienne, c’est vrai qu’il faut un peu se renseigner sur le personnage de l’époque et sur la période pour qu’elle nous apparaisse comme non seulement une particularité militaire (batailles de lignes, naissances de nouvelles tactiques, uniformes très colorés) mais aussi comme la dernière fois qu’un despote éclairé a tenté de combattre la mainmise des banques sur les états, c’est le moment tournant pour la création d’une Europe des peuples avant l’heure.

La production et le bouton des renforts

Au niveau jeux, ce n’est donc pas une période qui a l’attention de gros studios, ni même de moyens studios en fait, à part l’épisode Total War il n’y a rien eu. La tentative de Paradox s’est soldée par un fiasco malgré de bonnes idées qui ont depuis migré dans leurs autres jeux et ce fiasco était d’ailleurs partiellement dû à une tentative avortée de faire évoluer le studio Ageod vers le moteur Clausewitz de Paradox.

Les studios Ageod sont un studio français, qui travaille depuis en relation étroite avec l’éditeur spécialiste des wargames, j’ai nommé Matrix/Slitherine. Alors Wars of Napoleon n’est pas vraiment récent mais ce qu’il est important de noter c’est qu’Ageod a sa marque de fabrique et son propre moteur, ce qui fait que tous leurs jeux ont un gameplay très proche et les mêmes soucis de moteur.

Au niveau du moteur on a donc une interface lisible mais vieillissante et peu réactive, des performances catastrophiques pour afficher une map et un calcul de tours (certes il y a l’IA à calculer, ce qui pour des wargames prend toujours beaucoup de travail processeur) interminable. Et quand je dis interminable c’est vraiment le cas, c’est le premier jeu qui me fait regretter de n’avoir qu’un seul écran. 7 minutes de calcul par tour ! Sachant qu’un tour calcule une semaine et qu’il faut à peu près 250 jours pour construire un navire… voilà le problème principal du jeu. Car en plus il y’a quelques soucis de stabilité qui fait que le jeu plante en cas d’alt tab intempestifs et parfois lors de long AFKs. Bref laisser le jeu tourner et faire deux trois actions et cliquer sur tour suivant n’est pas toujours une option viable. Et c’est bien dommage car comme dit plus haut, les jeux du genre sont rares et les jeux de qualité encore plus.  Car des qualités il en a, un OOB (Order of Battle) bien rempli, une carte superbe (même si je regrette la non utilisation des noms et découpages des cartes impériales de l’époque…Koblenz pour Mayence, Antwerpen pour Anvers), des cartes de figurines agréables à regarder, des options tactiques intéressantes… on a envie d’y jouer mais on a parfois l’impression que le jeu demande trop d’investissement pour ce qu’il nous donne. 3 minutes de jeu toutes les 10 minutes ce n’est pas vraiment acceptable.

Si on y rajoute une interface dépassée avec par exemple la gestion des renforts (heureusement gérés par l’IA par défaut) cachée sous un bouton de l’écran de production qui n’affiche d’ailleurs pas toujours le nombre de tours restants, la possibilité de lancer des décrets sans avoir les conditions pour, des layers sur les cartes pour la production et les décisions qui ralentissent le tout encore plus (je suppose que le jeu redessine la carte à chaque fois pour indiquer si la province peut ou ne peut pas faire l’action au lieu d’avoir un simple filtre mais peu importe la manière, l’exécution met mon pc à genou).

On peut aussi rajouter quelques petits défauts, comme quoi les batailles ne sont pas assez déterminantes, comme elles se passent en général sur une seule province c’est souvent le plus gros stack qui gagne. Ou encore, le fait que l’IA tend à ne pas s’allier convenablement, l’Angleterre qui abandonne vite ses débarquements et peine à trouver des alliés valables, le manque d’événements liés aux royalistes, l’ennemi qui ne se rend pas quand tout est perdu (il propose la paix mais je veux le forcer à signer des traités moi, pas juste qu’il me paie quelques centaines de milliers de Livres)…

C’est pas pour dire mais ça sert à rien de résister

Beaucoup de défauts donc, mais on arrive quand même à apprécier les moments où seul contre tous notre général et ses troupes repoussent l’ennemi, capturent ses villes, arrivent juste au bon moment pour couper la route à l’ennemi, capturer ses batteries de canons etc. En plus d’une richesse bien présente quant à la gestion des ravitaillements, des saisons, des pertes humaines. Bref il y’a de quoi faire.

Le jeu est vraiment riche c’est indéniable et c’est en général le cas de tous les jeux d’Ageod mais le moteur est trop dépassé pour les cartes de grande taille. C’est un studio qu’on aimerait tous voir évoluer car c’est le seul à proposer des jeux sur la guerre d’Espagne, de 7 ans ou la guerre civile anglaise mais il faut aimer un peu souffrir pour y jouer longtemps.  J’espère réellement que la relation avec son éditeur permettra à celui-ci de faire le pas vers un moteur plus léger et plus moderne (à voir si Field of Glory: Empires est une tentative de ce genre même si je reste dubitatif sur l’intérêt d’ajouter des batailles stratégiques sur des carrés à un jeu de grande stratégie) sans pour autant perdre la richesse des options offertes. Wars of Napoleon, ou n’importe quel jeu Ageod restera agréable à jouer sur de petits scénarios mais montre trop vite ses limites sur les scénarios qui ont le plus d’intérêt. Je peux difficilement recommander le jeu à des néophytes, ce serait là les dégoûter du wargame. En revanche, les fans d’histoires les plus patients ne pourront s’empêcher de jeter un œil au catalogue Ageod et de perdre de nombreuses heures à expérimenter l’histoire d’un point de vue ou de l’autre.

Genre : Wargame

Développeur : Ageod

Éditeur : Slitherine Ltd.

Date de parution : 3 déc. 2015

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.