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V-Hunter Puzzler Dx

Il faut reconnaitre que je l’ai cherché. Quand Dan Lungaro, dev solo à la tête de Yacht Studios, est passé déposer une clé pour V-Hunter Puzzler Dx à la rédaction, Harvester n’a pas hésité longtemps. Un petit jeu en pixel art ? Evidemment que c’est à moi qu’il l’a proposé. Enfin, gentiment conseillé d’en faire un article. Ou plutôt, ordonné avec les menaces habituelles contre mon intégrité physique.

Je le voyais déjà se frotter les mains, m’imaginant souffrir devant ce puzzle game où j’allais devoir connecter mes neurones pour espérer m’en sortir. Sauf que j’étais prêt.

Je sortais de Varney Lake qui me mettait déjà aux prises avec un vampire en pixel art. Et le gameplay de V-Hunter Puzzler Dx (qui est un nom beaucoup trop long, soit dit en passant) est en tour par tour. Ma spécialité.

Ni une ni deux, j’accroche mon crucifix en bandoulière, je croque dans une gousse d’ail et me voilà parti à la chasse d’Alric le méchant vampire.

Sur un écran composé de cases sur lesquels je déplace mon petit personnage, m’attendent toutes sortes de monstres. Des rats, évidemment, au début. Puis des squelettes. Des gobelins. Des momies. Des zombies. Des démons. Et parfois, un mélange de tout ça à la fois.

Se déplacer fait avancer le temps. Chaque ennemi a son propre comportement. Les rats frappent tous les trois tours sur les cases adjacentes mais pas en diagonale. Les momies se déplacent à un autre rythme, et frappent en diagonale. Des gobelins sont armés d’arcs, couvrant toute la largeur du niveau, quand d’autres sont magiciens et envoient des éclairs.

Les zombies sont pénibles, puisqu’ils laissent derrière eux un nuage mortel. Il y a aussi des monstres qui peuvent bouger de plus d’une case à la fois, et les plus costauds doivent être frappés plusieurs fois pour disparaître dans une flaque de sang.

Il faut vider la carte de ses ennemis pour passer à la suite, et pour les tuer, il faut se « déplacer » dessus. Mais parce que c’était encore trop simple : leurs cadavres font encore des dégâts sur la case sur laquelle ils sont morts. Il m’est arrivé d’éliminer tous les adversaires d’un niveau, mais de me retrouver coincé par le sang devenu obstacle infranchissable.

On voit, au dessus de leurs têtes, le compteur de tours qui nous sépare de leur prochaine action. Il faut parfois patienter sur place plutôt que de bouger pour rester en vie. Mais V-Hunter n’a pas fini de rajouter des petites couches de subtilité.

Il propose également tout un arsenal d’objets, disposés stratégiquement dans le niveau. Des fioles de sang qui nous permettent de survivre à un dégât, des balles de révolver pour flinguer à distance ou encore de la dynamite à manipuler avec précaution et coordination pour qu’elle explose au moment où l’ennemi est proche.

Chaque chapitre est divisé en quinze niveaux. Les premiers nous montrent de nouveaux concepts et sont vite expédiés, les derniers nous demandent d’appliquer toutes nos nouvelles connaissances pour survivre. La difficulté est donc bien dosée, en tout cas en mode normal. Le mode difficile nous impose un timer, nous obligeant à jouer un tour par seconde, mais là c’est vraiment pour les masochistes.

Ce qui rend V-Hunter agréable à parcourir, c’est surtout le renouvellement du gameplay qui change radicalement d’un chapitre à l’autre en fonction des ennemis rencontrés. On découvre, on apprend, on applique, et s’il faut parfois plusieurs essais pour bien comprendre un niveau (surtout quand les ennemis sont nombreux), on est rarement bloqué.

Vous pouvez le voir sur les images, les graphismes sont dignes des années 90, tout en donnant un certain charme aux ennemis. Les décors changent surtout de couleur, mais l’ensemble reste toujours lisible. Dan Lungaro s’est concentré sur le gameplay plus que sur la finesse des graphismes, et quand on est un petit studio indépendant, c’est clairement la meilleure chose à faire.

La narration est l’occasion de voir les personnages dans un dessin plus travaillé, mais reste assez limité puisqu’elle est réduite à quelques phrases au début de certains niveaux, que ce soit pour nous expliquer les nouvelles règles ou nous raconter l’histoire de notre chasseur de vampire. On peut la désactiver par la suite, d’ailleurs.

Pour parcourir les cinq chapitres, j’ai mis un peu plus d’une heure (en bloquant un peu sur les tableaux avec des zombies qu’il faut éliminer dans le bon ordre sous peine de se retrouver coincé), le dernier composé uniquement de combats contre les boss inclus.

Ça peut sembler peu, mais c’était annoncé sur la page du jeu, donc pas de surprise ici. La rejouabilité se limite donc au mode difficile, ainsi qu’aux différents costumes qu’on peut débloquer en cours de partie. Peut-être quelques niveaux de difficulté intermédiaire auraient mérité d’être présents, on passe un peu vite de très facile pour apprendre à moyennement difficile en fin de chapitre.

A noter également que le jeu a l’excellente idée de proposer un bouton « Undo » illimité qui évite de devoir recommencer un niveau en cas de mauvais choix, ce qui raccourcit certes le temps de jeu mais évite surtout des frustrations inutiles.

C’est le premier jeu que Yatch Studios propose sur Steam, mais vous pouvez trouver d’autres jeux de réflexion sur la page Itch.io (dont un jeu pour Playdate, la console à manivelle), où une version jouable sur navigateur de V-Hunter est disponible. Une bonne occasion de tester le principe pour voir si ça vous intéresse sans télécharger quoi que ce soit. Et une démo est également disponible sur Steam.

J’ai passé un bon moment devant V-Hunter, j’ai même parfois été fier de moi de trouver la solution d’un niveau plus alambiqué que les autres, c’est un bon petit jeu, plein de concepts intelligents qui fonctionnent très bien quand on les mélange.

Pour les 3€ demandés, V-Hunter Puzzler Dx est une bonne petite surprise avec un game design maîtrisé et plus profond qu’il en a l’air. S’il n’est ni révolutionnaire ni inoubliable, il mettra votre cerveau à contribution et mérite que les amateurs de puzzles games y jettent un œil.

Genre : Puzzle game en tour par tour

Développeur indépendant : Yatch Studios

Plateforme : SteamItch.io

Prix : 2,99€

Date de sortie : 15 mai 2023

Testé sur version presse fournie par le studio

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.