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Terminator: Resistance

Dire que j’abordais Terminator: Resistance avec la plus grande des méfiances est un euphémisme. Les adaptations de grosses licences sont bien souvent bâclées et espèrent vendre en capitalisant sur l’engouement des gens et le studio de développement tout comme l’éditeur me sont inconnus. Enfin non, j’oublie un léger détail : c’est à eux que l’on doit Rambo: the Videogame. Le jeu que même Baalim a failli supprimer de son compte Steam.

Vous comprendrez donc que j’ai longuement hésité avant de récupérer la clé, ne voulant pas sembler trop sadique avec mes petits esclaves camarades. Je leur impose déjà deux Belges, il ne faudrait pas non plus abuser. Mais contrairement à Machiavel, qui a le don pour se jeter à l’aveugle sur des daubes (comme le foiré Story of a Gladiator), je m’en sors bien sur le coup.

Clementine Ryan will remember this.

Car figurez-vous, et j’en suis le premier surpris, que Terminator: Resistance est tout à fait recommandable. Ça n’est pas le jeu du siècle, c’est sûr et il ne vous fera pas lâcher votre jeu favori mais il offre, sur une petite dizaine d’heures, une expérience agréable. Faisons un petit tour du propriétaire.

Ça me rappelle quelque chose…

Vous connaissez tous le pitch de Terminator : Skynet, une super IA capable de tweeter plus vite que Flad et de battre SAAvenger à n’importe quel jeu (ouais bon, ça n’est pas le plus difficile) a pris le contrôle des machines, déclenché une guerre qui a annihilé quasiment toute vie humaine et code maintenant des visual novels pour inonder ce qu’il reste de Steam. C’est dans ce futur très sombre, et privé de votre smartphone, que vous incarnez Jacob Rivers, membre d’une unité de la Résistance qui s’est faite balayer par les machines. Perdu, seul et sauvé des boulons d’un Terminator d’un nouveau genre par un mystérieux inconnu, vous vous lancez à la recherche de la Résistance sur la côte Ouest. Le scénario n’étant pas très touffu, je m’arrêterai là afin de ne pas trop vous gâcher la surprise, mais sachez qu’il y aura, en vrac, des civils à aider, de la reconnaissance à faire, une grosse opération à monter et… ah mince, vous savez tout maintenant.

Ruvon et EvilBlackSheep discutant des dernières sorties Steam dans les bureaux de la rédac.

Heureusement que Terminator: Resistance ne repose entièrement sur son scénario, car même s’il est sympathique à suivre, on peut dire qu’il ne s’embarrasse pas d’envolées lyriques. En même temps on s’en cogne un peu, on est là pour latter des machines et se venger de tous ces matchs perdus contre l’IA à Starcraft. Pour ce faire, vous disposez d’un armement qui va aller en s’étoffant, tout comme la dangerosité de vos adversaires, et que vous pourrez customiser grâce à un original système de puces électroniques qui se combinent pour améliorer les dégâts, la stabilité ou encore la capacité du chargeur et la vitesse de défourraillage. Ces puces se récupèrent sur les restes fumants de vos adversaires tandis qu’il vous faudra fouiller partout pour récupérer le reste : médikits, grenades artisanales, crochets et autres produits chimiques. Oui messieurs dames, vous allez faire les poubelles, et pas qu’un peu !

L’arbre de compétences

En effet, dans la production de Teyon, vous trouverez régulièrement des ateliers où combiner divers éléments pour crafter des accessoires de première nécessité comme ceux cités précédemment. Cela oblige à explorer chaque niveau à fond à la recherche de matériaux de base et permet de moins souffrir de la sensation d’être enfermé dans des zones un poil trop étriquées. L’effet couloir est parfois très présent et même si les développeurs ont essayé de placer des zones secrètes ici et là, le fait de se promener quasi-uniquement dans des villes en ruines amène forcément une certaine répétitivité. Rien de bien tragique cependant, on est dans Terminator et non pas dans un walking simulator au milieu des champs. C’est raccord : morne et déprimant, l’immersion est totale.

La customisation des armes, un jeu dans le jeu.

Vous voilà donc à arpenter les ruines de Terminator: Resistance pour diverses raisons : retrouver une boîte de craies pour un gamin, photographier les défenses de Skynet ou sauver un scientifique, le tout en pouvant compter sur deux approches : la furtive et… la moins furtive. La furtive est à mon avis très peu intéressante à jouer et surtout n’amène pas les points d’expérience que vous auriez obtenus en démolissant les machines. Cette expérience vous permet de débloquer plusieurs perks réparties en plusieurs catégories : hacking, résistance… Oui, vous pouvez hacker certaines machines, ce qui m’amène à la manière la plus fun d’aborder le jeu : alterner le bourrinage et les coups de péripatéticienne, c’est-à-dire hacker les tourelles et s’en servir d’appui contre les Terminators et autres saloperies patrouillant sur chaque carte. Cela n’est pas trop difficile, la faute à une IA pas franchement performante. S’il y a bien une jauge de détection, celle-ci baisse très vite dès que vous vous cachez, même si c’est derrière une carcasse de voiture à 3m de votre poursuivant. Cela baisse drastiquement la difficulté déjà pas bien haute.

Pour le moment, vous noterez la balance penche plus du côté négatif. Cependant, et c’est cela qui me laisse circonspect, jouer à Terminator: Resistance n’est pas une mauvaise expérience. Le feeling des armes est correct, les PNJ, lorsqu’on entame le dialogue avec eux, ont beaucoup à dire et renforcent le background en permettant de se faire une idée des différents destins depuis le début de la guerre, les missions sont variées et la réalisation technique, qui souffle le chaud et le froid sans jamais atteindre des sommets, est tout à fait correcte.

Oui il y a quand même un niveau à la campagne.

Ce qui fait la force du jeu est, je pense, son ambiance. On est un fragile humain qui vit comme un rat dans des abris miteux. On se planque beaucoup, surtout pour analyser le champ de bataille, on participe à des batailles où les pertes humaines seront élevées mais on continue, on récupère ce qui traîne, on cherche des terminaux antédiluviens pour sauvegarder sa progression, on fait des mini-jeux pour crocheter les serrures (coucou les Elder Scrolls) et hacker les terminaux. On est dedans. Il y a même des passages où je me suis cru revenu dans S.T.A.L.K.E.R. (bon, dans une certaine mesure, le maître n’est pas détrôné) à rôder dans les ruines. Aucune révolution à attendre, juste un jeu qui tombe pile là où il faut, reposant intelligemment sur un univers qui plaît. La montée en puissance est savamment distillée : si votre première expérience face à un Terminator est assez punitive, l’équipement récolté au fil du temps vous permet par la suite de vous en débarrasser assez facilement et les compétences débloquées, sans être surpuissantes, sont suffisamment utiles pour qu’on se donne la peine d’aller chercher les points d’expérience.

Scénario convenu, IA en deçà des attentes, difficulté bien trop basse, décors tristounets et réalisation quelconque, nombreux sont les défauts de cette création de Teyon qui malgré tout frôle le « Dystopeek Seal of Approval » (tiens ça sonne bien ça, faudrait se pencher dessus) car c’est enfin une adaptation du célèbre univers qui parvient à en capturer l’esprit (et la musique !) et à offrir au joueur un terrain de jeu conforme à ses fantasmes. L’expérience, même si elle est pépère niveau challenge, est toutefois plus que recommandable (et recommandée !) tant l’ambiance et le plaisir de la promenade l’emportent sur le reste. Attendez juste une baisse de prix, 40€ pour moins de dix heures de jeu, c’est un peu chiche.

Genre : Action, Aventure, RPG

Développeur : Teyon

Éditeur : Reef Entertainment

Date de parution : 14 novembre 2019

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...

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