Master of Magic

Instant culture pour les ignares, dont je faisais partie : Master of Magic est un jeu sorti initialement en 1990, une époque bénie où on pouvait voir les Guns n’ Roses et des cheveux sur la tête de Baalim. Mais à l’instar de ce dernier, Master of Magic a trop vieilli pour rester présentable et nécessitait un bon lifting. Chose faite 28 ans plus tard par MuHa Games, un studio Polonais.

Si Slitherine a privilégié Master of Magic plutôt que Baalim, c’est tout simplement du fait de la différence de potentiel. D’un côté vous avez une encyclopédie vivante des bouses vidéoludiques et de l’autre un bon gros 4X comme on… continue d’en faire en fait. L’un vous ruinera quand vous l’inviterez au resto, l’autre titillera la fibre nostalgique de quarantenaire ventripotents qui n’hésiteront pas à sortir le porte-feuille.

Dans un monde médiéval fantastique, quatorze sorciers se chipotent pour la domination d’un monde divisé en deux dimensions : Arcanus (la Terre normale) et Myrror (un monde de Ténèbres). Et qui dit sorciers dit magie et à ce niveau le jeu porte bien son nom : 5 écoles de magie, plus de 200 sorts à rechercher, il y a de quoi faire et assurer une durée de vie exceptionnelle. D’autant plus qu’il est possible de crafter de nombreux objets, dépendant de votre école de magie.

Master of Magic offre donc une expérience à cheval entre le RPG, avec un sorcier héros que l’on fait progresser afin d’en faire une machine de guerre, et le 4X avec un royaume que l’on va développer petit à petit. Et quand je dis ça, c’est vraiment petit à petit.

Le jeu souffre en effet de débuts d’une lenteur impressionnante, avec la sensation d’être un enfant de trois ans perdu dans un monde hostile. Le moindre point d’intérêt est gardé par des ennemis costauds, la carte se dévoile très lentement et on se demande bien par quel bout attraper tout ça.

On est loin des débuts épiques de Heroes of Might & Magic 3 où on se lance en slip dans la conquête de ressources, gagnant des combats en finissant exsangue mais comblé. Avec Master of Magic, c’est directement la claque sans la moindre possibilité de s’en sortir. Il faut donc patiemment, très patiemment se développer. Petit à petit.

C’est du costaud et clairement déconseillé aux plus impatients qui préfèrent les titres plus directs et accessibles. Mais quand on prend le temps et son courage à deux mains, alors Master of Magic dévoile tout son potentiel et sa richesse. Par sa variété dans ses sorts, comme nous l’avons vu, mais aussi par le nombres d’unités différentes et de stratégies possibles.

Quand on dépasse le début poussif, Master of Magic devient donc un 4X très recommandable même s’il souffre d’un grand classicisme : les mécaniques datent des années 90 et ce remake n’y a rien changé et ça se sent. L’interface est donc un peu bancale parfois, les différentes races ne sont pas toutes très différenciées… Une foultitude de détails qui nous rappelle que le genre a énormément évolué depuis 30 ans.

Faut-il pour autant ignorer Master of Magic ? Non bien sûr. Le titre est visuellement très plaisant, propre techniquement, il n’est pas difficile à prendre en main – malgré les ratés de l’interface – et il conviendra parfaitement aux débutants patients. Il reste le souci du prix, que je trouve un poil trop élevé – car rappelons-le ce n’est qu’un simple lifting du jeu de base, sans ajout de contenu.

Avec du recul, ma comparaison avec Baalim était correcte : malgré ses défauts, le titre est agréable et mérite votre attention si vous êtes en manque de jeux dans le genre. Et si un jour vous voulez savoir quels jeux pourris sont sortis en 1994, n’hésitez pas à écrire à la rédaction qui transmettra au spécialiste local.

Genre : 4X

Développeur : MuHa Games, Eerie Forest Studio

Editeur : Slitherine Ltd.

Date de sortie : 13 Décembre 2022

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur