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Iwakura Aria

De récents problèmes de référencement (ou, plus vraisemblablement, une absence totale de référencement) de mes articles ayant m’ayant été légèrement pointés du doigt par ma très chère rédaction (« tu ne vaux même pas le salaire qu’on ne te paie pas » aurait ainsi hurlé le rédac chef en m’envoyant une armée de stylos Bic en travers de la figure), il me semble important de vous informer que je vais tester aujourd’hui Iwakura Aria.

Oui, vous avez bien entendu. Je vais tester aujourd’hui, sous vos yeux ébahis, Iwakura Aria. D’ailleurs, pour les lecteurs les plus distraits, il me semble important de préciser que je vais tester derechef Iwakura Aria.

Ces informations précieuses ayant été dûment communiquées à notre très cher lectorat (sans lequel nous ne serions rien et dans l’obligation de verser dans la news putaclic), reprenons donc le cours de notre histoire.

Il y a quelques temps de cela, le boss de dernier niveau de Dystopeek m’avait très exceptionnellement autorisé à fouiller les poubelles et les entrailles du site.

Oui, c’est spacieux

J’ai donc entrepris de trier les différentes offrandes de nos bons amis éditeurs susceptibles de faire l’objet d’un test.

Alors que mon regard balayait, amorphe, sur des armées de hack & slash indés, rogue like fauchés, clicker game faisandés et, de temps à autres, un énième jeu de type Craft/Survival (« survie et construction », me glisse-t-on à l’oreille, histoire de respecter nos nombreux fans québécois), tous mes sens se sont brutalement éveillés en apercevant les mentions Pqube Games et Mages en bas de page d’un listing excel sinistre.

Le chef cuisinier local.

Bien évidemment, pour le patron de Dystopeek qui ne s’intéresse qu’aux wargames moches et austères, aux réunions de roleplayers cacochymes ou aux games conventions au pays de la bretzel, ces noms ne disaient absolument rien (NdHarvester : le pire c’est qu’il a raison).

Pour les gens de bon goût, en revanche, Pqube Games est connu pour avoir édité bon nombre d’excellents jeux (BlazBlue, Cat’s quest, Doki Doki Literature Club!, Guilty Gears, c’est eux !) et, notamment, de Visual Novels.

Fast forward

Visual Novel ou VN ? Mais si, vous connaissez. Allez, faites un effort. Toujours pas ? Bon, ok, c’est parti pour un petit rappel contextuel. Le visual novel ou VN est un type de jeu vidéo purement narratif qui trouve son origine au Japon. 

Dans ces jeux, le gameplay est réduit à son strict minimum tandis que l’histoire, les personnages et leurs interactions, extrêmement développés, se taillent la part du lion. En d’autres termes, dans un visuel novel, vous allez lire des tonnes et des tonnes de textes, passer d’une illustration à l’autre et, très très occasionnellement, avoir un choix à faire ou une action à réaliser. 

Les illustrations crayonnées sont généralement réussies

Il s’agirait donc de ne pas roupiller lorsque l’embranchement narratif crucial apparaitra au détour d’une forêt de texte.

En d’autres termes, ce sont des anime sans mouvements, des mangas presque intégralement doublés, des romans illustrés voire, pour les plus dédaigneux, des jeux sans gameplay et qui n’en mériteraient donc pas l’appellation.

Fan service

Si le genre a eu beaucoup de mal à prendre en dehors du Japon, et de certaines niches de joueurs, c’est qu’un bien grand nombre de productions ont tardé à s’exporter en dehors du japon tandis que d’autres sont restées cantonnées à l’érotisme ou à la pornographie la plus crue. Comme je suis, somme toute, sympathique, je ne développerai pas plus avant ce pan du VN assez peu recommandable.

Quelques soient les dérives qu’on lui impute (bien souvent à juste titre) le VN a tout de même su produire quelques œuvres majeures et intemporelles, à l’image des fantastiques (à tous les sens du terme) Snatcher (d’un tout jeune Hideo Kojima), Umineko no Naku Koro ni (disponible chez GOG et disposant d’une magnifique refonte visuelle réalisée par des fans), 999: Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors (qui hybride avec brio le VN avec l’escape room), The House in Fata Morgana, Steins;Gate ou encore Chaos;Head NoAH.

Le maître du haut chateau

Tiens donc, puisqu’on parle de Steins;Gate, devinez donc qui a édité et réalisé le jeu ? Iwakura Aria, nouveau venu dans le genre (auquel il a tout de même fallu une bonne année pour s’extirper des frontières japonaises) raconte l’histoire d’Ichiko, jeune orpheline survivant comme elle le peut dans le Japon d’après-guerre (WWII) et qui se retrouve, au hasard d’une rencontre et grâce à une esquisse qu’elle tentait de vendre, brusquement embauchée comme femme de ménage dans un manoir dont les habitants vont s’avérer être aussi riches qu’étranges.

Comme bien souvent dans ce genre de production, il est difficile d’en dire plus sans risquer de dévoiler des éléments importants de l’intrigue mais sachez tout de même que le maître de maison et sa fille, Aria, cachent bien des secrets derrière leurs apparences aristocratiques.

Aurais-je omis de préciser que le jeu était LGBTQI A+ friendly ?

Comme d’habitude chez Pqube, le graphisme s’avère très soigné et les très nombreux dialogues sont intégralement doublés. Les amateurs d’anime reconnaitront vraisemblablement certaines des voix des acteurs japonais. Comme à l’accoutumée dans ce genre de jeu, les interactions sont réduites à la portion congrue, tandis que les lignes de texte sont présentes en quantité industrielle.

Il ne faudra donc pas être effrayé à la perspective de lire des pavés de texte pour se lancer dans l’aventure et découvrir quels secrets cachent le manoir et ses occupants. En ce qui concerne le character design, qui constitue bien souvent des principaux éléments de ce genre de production, je dois dire que je suis un peu mitigé. 

Bad ending theme

C’est indubitablement soigné et il y a clairement une patte artistique mais j’y suis bien moins sensible que celle de Stein;Gate ou Robotics;Notes des mêmes auteurs. Le visuel m’évoque un The House in Fata Morgana en moins plaisant et marquant. C’est, en tout cas et à mon humble avis, nettement plus joli tout de même que Chaos;Child que j’avais trouvé assez générique et moche.

En revanche, j’ai pu relever -et regretter- une certaine économie dans la représentation des personnages puisque l’intrigue tourne essentiellement autour d’une petite demi-douzaine de protagonistes dont seule la moitié dispose d’une représentation visuelle.

Oui, c’est cosy. Rappelez vous que nous sommes dans l’après WWII au japon

Durant la première dizaine d’heures de jeu au moins, il faudra vous contenter de l’affirmation que la secrétaire du maître des lieux est « sexy » et que le jardinier est « taciturne » pour vous les représenter.

Comme les habitués pourront s’en douter, il s’agit une fois de plus d’une intrigue à tiroirs et à fins multiples dans laquelle l’histoire principale ne se révélera qu’en ayant fait les bons choix et après un certain nombre de tâtonnements plus ou moins ésotériques.

Un des rares moments interactifs du jeu puisque vous pouvez vous déplacer de salle en salle

En effet, il est courant dans les Visual Novel qu’il existe ce que l’on appelle différentes routes qui, comme dans les bons vieux livres dont vous êtes le héros, conduisent vers différentes fins suivant les choix que vous aurez pu faire en cours de la partie.

Et, comme bien souvent chez ce développeur, les opportunités de passer d’une branche à l’autre du scénario vont être parfois un peu obscures. Si certains passages de l’intrigue vont vous demander ouvertement de faire un choix, les déplacements que vous serez amenés à faire durant vos horaires de travail en tant que femme de ménage vont également largement influer sur le déroulement du scénario et vous permettre d’en savoir plus sur les occupants du manoir et sur leur histoire personnelle. 

Panique en cuisine !

À tel point que l’une des plus mauvaises fins vous éjectera avant même d’avoir pu glaner la moindre information à leur sujet. A moins que je ne sois complètement passé à côté, un des principaux reproches que je ferai au jeu est d’avoir omis d’intégrer un système permettant de passant d’une branche à une autre de l’histoire et, ainsi, de corriger un mauvais choix.

La présence d’un système de frise chronologique à la Virtue ‘s Last Reward (très très recommandable « suite » au 999 évoqué plus haut) aurait été particulièrement appréciable. Si le jeu est indubitablement soigné avec son ambiance gothique et romanesque, je dois bien avouer avoir eu beaucoup de mal à y rentrer. Je n’ai pas retrouvé dans cette nouvelle production Mages ce qui m’avait fasciné dans Steins;Gate.

A vous de voir si vous voulez être ce visiteur.

Au-delà du fait que la Science fiction me parle nettement plus, il faut bien reconnaître que j’avais déjà été déçu par le plus récent Robotics;Notes qui se déroulait pourtant dans le même univers. Et je dois bien avouer que je ne suis pas nécessairement le meilleur client pour ce qui est d’apprécier les intrigues très clairement orientées Yuri (romances entre femmes).

Le fait d’avoir dû jouer suffisamment rapidement pour rendre le test dans les délais imposés n’a pas dû jouer non plus en faveur du jeu. Tout ça pour dire que je reste un petit peu circonspect vis-à-vis de cette nouvelle production Mages et qu’il me sera bien difficile de la recommander en dehors du cercles afficionados du genre, en dépit de ses évidentes qualités.

Genre : Visual Novel

Développeur : Mages

Editeur : Pqube Games

Date de sortie Switch : 18 août 2025

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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