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Fractals of Destiny

Ça fait un petit moment que je me demande ce que je vais écrire au sujet de Fractals of Destiny. Sur le papier, il s’agit d’un jeu d’action aventure dans un univers de science-fiction. On pense tout de suite à la série des Mass Effect ou, plus récemment, au clinquant Stellar Blade qui vient de sortir sur Playstation 5. Le problème, c’est que Fractals of Destiny ne partage avec le jeu coréen qu’une héroïne aguicheuse et, avec Mass Effect, un univers de science-fiction. Après avoir essayé le jeu à plusieurs reprises, j’avoue être quelque peu perplexe pour évoquer son cas. Ce qui est une manière polie de dire que je vais le détruire… mais poliment.

Croyez-moi sur parole si je vous dis que les développeurs se sont essentiellement appliqués sur la modélisation de l’héroïne.

Dois-je focaliser sur le fan service bien gratuit, l’UI qui semble sortie tout droit d’un early access, le character design kitsch à souhait ou encore les PNJ tellement figés que je me suis parfois demandé si le jeu avait planté ? Dois-je, à l’inverse, faire fi de toutes ces contrariétés et me focaliser sur les qualités du jeu ? La tâche s’annonce ardue.

Et, comme je le disais un peu plus haut, la sortie très récente du blockbuster coréen, Stellar Blade, ne va pas arranger les choses. Dur, en vérité, est le labeur du pigiste bénévole. Dans Fractals of Destiny, vous incarnez un commandant au sein d’une unité d’élite qui semble tout droit sorti d’un film power rangers (sérieusement, j’ai du mal à ne pas sourire en voyant leur look et, pourtant, je suis un fan de Nier Automata…). 

Je vous avais prévenu. Et, non, je ne sais pas non plus pourquoi Kid Icarus est venu taper l’incruste.

En effet, derrière les guerriers lambda qui semblent sérieusement paumés sur le champ de bataille, on trouve cinq hauts gradés manifestement dotés, pour chacun d’entre eux, d’un pouvoir tout à fait spécifique (bouclier énergétique, lance de lumière etc.). La scène introductive vous place en plein débarquement sur une planète hostile, prêt(e) à en découdre avec un androïde géant, répondant au petit nom de X4-BTR. 

Et après quelques minutes de jeu, les défauts du titre sautent aux yeux. Le personnage se traîne assez manifestement et chaque phase de combat, assez molle, se trouve régulièrement, briser par des défauts plus ou moins flagrants. Le premier est que votre héroïne doit se mettre en pose de combat avant d’engager chaque rixe, ce qui va faire qu’elle va régulièrement se prendre un coup sur la tronche le temps de se mettre en position et de dégainer son arme. 

Oui, le jeu commente l’action… Ce qui tombe relativement bien vu qu’elle est illisible.

Autre élément problématique, le jeu ne propose qu’un ciblage très imparfait et approximatif et il convient de noter que chaque coup porté par l’ennemi interrompt vos combos, le jeu ne se privant pas de vous l’annoncer à chaque fois, au cas où cela vous aurait échappé. Ce qui ressort principalement de ses phases de combat est leur mollesse extrême.

C’est bien simple, on ne ressent pas les impacts des coups portés ou reçus et tous les combats semblent se passer en milieu aquatique. A ce propos, le jeu propose d’alterner entre deux poses de combat mais, honnêtement, je n’ai pas vu de différence flagrante dans les attaques disponibles. Comme dans tout beat’em all qui se respecte, le personnage dispose de coups rapides, de coups plus forts mais plus lents et d’un dash/esquive. Ajoutez à cela des coups spéciaux soumis à un cooldown plus ou moins long et vous avez le portrait-robot du genre.

Incroyable mais vrai, vous êtes en train de dasher vers on ne sait trop quoi (et, là, c’est une capture officielle)

Une fois les combats terminés, votre héroïne est libre de déambuler sur le champ de bataille qui ressemble quand même à une map aux contours assez mal habilement camouflés. S’ensuivent alors des discussions avec des PNJ aussi expressifs que des piquets de tente et une recherche assez laborieuse de rations de survie à distribuer aux survivants du débarquement. Quand on se rappelle le soin apporté au personnage et aux dialogues dans un jeu comme Mass Effect, on ne peut que se lamenter devant le spectacle qui s’offre à nos yeux. Sans même parler des doublages atones…

Mention spéciale à ce médecin qui a l’air d’avoir complètement buggé mais qui attend en réalité qu’on vienne lui poser une question. Je passe également sur les lignes de dialogue qui semblent directement tirées d’un anime sous-titré par des fans. Je ne parlerai pas non plus de cette quête ultra passionnante qui vous force à retrouver un collier qu’un des guerriers anonymes a perdu sur le champ de bataille. Il est exact que c’est le truc le plus important du moment… Heureusement qu’il l’a perdu à 20 mètres et qu’il est posé bien évidence sur un banc. J’espère que le type se bat mieux qu’il ne cherche ses affaires…

Dois-je vraiment commenter ?

Alors que j’espérais, un peu naïvement, que le jeu allait enfin s’ouvrir sur une phase plus RPG, c’est à ce moment précis que cette sinistre ordure de robot décide de se pointer pour éliminer tout ce qui reste de notre armée. Heureusement, nos cinq power rangers prennent sur eux d’affronter baby skynet dans les airs. Oui, nos power rangers volent ou lévitent grâce à leurs merveilleuses armures en polystyrène.

Je vous dis tout le bien que je pense du character design ou ce n’est pas nécessaire ?

À ce moment précis du jeu, je me disais que les phases de combat au sol étaient probablement le pire qui soit arrivé. C’était sans compter cette phase de combat vaguement repompée sur Nier automata et Panzer Dragoon durant laquelle vous devez tenter d’abattre le boss en le shootant à distance (en lockant plusieurs cibles simultanément) ou vous approcher en lui assénant des coups d’épée. Entre les problèmes d’estimation des distances et de latence dans les esquives, le combat a été un vrai bonheur.

Skynet junior est à la manœuvre

C’est à ce moment du jeu que j’ai décidé de lancer Stellar Blade que je venais d’acheter. Ce fut un peu comme le jour et la nuit. Et, croyez-moi sur parole, ça ne me rend pas le test plus facile. Bien loin de là. D’ailleurs, j’arrête là. Je n’en peux plus. Je vous jure que j’aurais essayé. À plusieurs reprises. Et avec une deuxième victime… humm un deuxième testeur bénévole et bienveillant. Il n’y a rien à faire… ce jeu est l’antithèse absolue du fun.

J’ai joué un certain nombre de jeux de combat plus ou moins pourris (ok, beaucoup de jeux pourris) mais je dois dire que ce titre se place assez haut sur l’échelle de Richter du gameplay moisi et de la catastrophe industrielle.C’est mou, insipide et les combats sont tout sauf plaisant à jouer. Et ça, c’est un peu problématique.

Je vous remets les power rangers en gros plan, histoire que vous ne pensiez pas que je suis de mauvaise foi.

Penchons-nous un moment sur le gameplay. Vous voulez un ciblage des adversaires pour savoir sur qui votre personnage va taper quand ils sont plusieurs à l’écran ? Vous pouvez oublier, ça n’existe pas. Vous voulez un décor lisible pour vous battre et pouvoir anticiper les coups ? Circulez, il n’y a rien à voir. 

Là, c’est clairement du remplissage

Vous aussi, vous vous êtes dit que c’était une super idée de lancer systématiquement une animation entre les passages où vous déambulez tranquillement et ceux où vous engagez un combat, de telle manière à ce que vous vous preniez presque toujours une baffe gratuite, offerte par chaque adversaire que vous rencontrez ?

Vous pensez également que pouvoir alterner entre deux poses de combat que presque rien ne distingue est une excellente idée ? Et, surtout, vous adorez quand le jeu vous hurle à chaque seconde et en plein combat que votre combo a été interrompu… au cas où cela vous aurait échappé ? Si vous avez répondu oui à la plupart de ces questions, toutes mes félicitations !

Vengeance !!!

Vous pouvez envoyer votre CV au développeur qui se fera un plaisir de vous intégrer à sa joyeuse équipe de types qui doivent vraiment détester les beat’em all (et les jeux vidéo d’ailleurs). Autrement, vous vous enfuirez très très vite, hors d’atteinte de ce Fractals of Destiny, et partirez à la recherche d’un jeu d’action aventure qui aura le bon goût de vous divertir ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Pour avoir lu les critiques sur Steam, je crois trop diverger de l’avis général sur ce Fractals of Destiny mais, allez savoir, vous ne maudirez peut-être pas le type qui vous l’offrira. En ce qui me concerne, j’ourdis ma vengeance contre mon rédac’ chef. Elle sera terrible.

Genre : Action / aventure / RPG

Développeur : KRAKATOA STUDIOS

Editeur : KRAKATOA STUDIOS / Soft Source

Date de Sortie : 6 Avril 2024

Prix : 30€

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.