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Forsaker: DingDing&Blade

Je crois que le test de Forsaker: DingDing&Blade est une première en ce qui me concerne. Après avoir passé plus de trois ou quatre heures sur ce visual novel typé dark fantasy, j’ai découvert avec surprise — et par un pur hasard — que je ne jouais pas au bon jeu. Oui, oui : testeur, c’est un vrai métier.

À ma très grande surprise, et après être tombé sur l’une des rares discussions anglophones du forum Steam dédié au jeu, il est apparu que ce qui semblait être un pur visual novel sans la moindre interaction (en d’autres termes, pour nous, les vrais experts, un kinetic VN) était en réalité un jeu de combat à base de deck de cartes, entrecoupé de scènes de visual novel.

Bon, c’est sûr que si l’on a vu le trailer avant de lancer le jeu…

En effet, si l’écran de démarrage du jeu est incroyablement mal foutu et propose en premier lieu une option Story start, il faut savoir qu’il s’agit en réalité du mode Easy, dans lequel on passe de chapitre en chapitre en zappant allègrement les phases de combat. Un peu plus bas sur ce magnifique menu se trouve également un onglet Adventure Challenge qui, contre toute attente, se révèle être le jeu complet.

Cette fois, les scènes de visual novel — qui paraissaient effectivement passer un peu rapidement sur certaines confrontations — sont désormais entrecoupées de déplacements sur une sorte de damier où sont placés aléatoirement divers événements et combats contre des ennemis et des boss autrement plus redoutables.

Vous sentez venir le dérapage potentiel ?

Nous sommes là devant un cas d’école en matière d’erreur de design, qui mériterait d’être étudié par les futurs développeurs de jeux vidéo. Je constate d’ailleurs que le souci a déjà été remonté en septembre dernier aux développeurs, qui s’en tapent manifestement complètement. Chef, chef, on a un feedback intéressant. Qu’est-ce qu’on en fait ? — T’inquiète, fous-moi ça à la poubelle !

Et autant le visual novel n’était pas désagréable, quoique assez anecdotique malgré un character design sympathique (quoique très axé nymphettes, pour une raison plus ou moins justifiée par les développeurs), une poignée de décors relativement réussis et une traduction chinois / anglais pas désastreuse (quoique le jeu décide subitement que les forsakers sont devenus des forsaken avant de changer d’avis quelques chapitres plus tard), autant le jeu de cartes me pose un vrai problème.

S’il donne une réelle plus-value à l’ensemble, il est soit trop dur, soit très mal expliqué dans ses mécaniques. À moins bien entendu que je ne sois complètement nul — hypothèse qui n’est pas à exclure tant les jeux de cartes m’intéressent généralement assez peu (le type rencontré sur le stand Asmodée à la Paris Games Week pourrait en témoigner).

À première vue, le jeu pousse très, très nettement au grind, puisque chaque chapitre lu dans le mode VN, chaque succès obtenu et chaque partie recommencée permettent d’augmenter le rang des personnages jouables — au nombre de trois — et de leur attribuer des talents spécifiques grâce aux points obtenus à chaque passage de niveau. Les experts parlent d’XP et de level up, mais puisque vous n’êtes que des béotiens, passons avec allégresse.

Bien évidemment, certains points donnent accès à des capacités offensives, d’autres améliorent la protection de votre personnage, tandis que d’autres encore augmentent le nombre de points de vie ou les probabilités d’obtenir de meilleures cartes pour votre deck. Et vu les raclées que je prends dès les premiers chapitres, ce ne sera clairement pas du luxe.

En effet, je me fais massacrer par le boss dès le deuxième chapitre du jeu. L’hypothèse de la nullité crasse prend doucement forme. S’agissant du jeu de cartes, le mécanisme est assez clair : vous disposez à chaque partie d’un certain nombre de cartes offensives (coup d’épée, dagues), défensives (ajout de barrière protectrice, potion de vie, etc.) et de cartes de statut (mode berserker, bonus d’attaque ou de défense, etc.).

Au fur et à mesure des cases et des événements qu’elles déclenchent, vous aurez la possibilité de tirer de nouvelles cartes ou d’en acheter chez un marchand. De la même manière, chaque combat permet de gagner une carte supplémentaire à choisir dans un lot. D’autres événements permettent encore d’améliorer les effets d’une carte ou de réduire le nombre de points nécessaires pour l’activer.

Car effectivement, lors de chaque combat, vous disposez d’un certain nombre de points d’action par tour, tandis que les cartes demandent un certain coût en points pour être activées. Il conviendra donc de faire des choix stratégiques, sachant que les intentions de l’ennemi pour le tour suivant sont affichées à l’écran.

À la fin de chaque plateau ou damier, vous devrez combattre un boss, que vous aurez généralement croisé à l’occasion des passages de visual novel. Et ce qui était une simple formalité dans ce mode devient alors un véritable chemin de croix. Entre vos PV trop légers et les combos d’attaque des boss, il n’est pas rare de défaillir dès le deuxième ou le troisième tour. Retour à la case grind, donc.

S’agissant de l’histoire, elle narre les aventures de Ian, jeune orphelin adopté par le chef d’un village rural, qui fait les 400 coups avec son ami Daeyi, fauteur de troubles local, tout en essayant de faire abstraction de la mainmise du clergé sur le bon peuple et de la menace mortelle que font peser les Forsakers, simili-humains bi-classés monstres, dotés d’une force surhumaine et de pouvoirs magiques.

Nos deux compagnons gagnent leur vie en vendant le butin obtenu lors de confrontations avec les monstres qui rôdent aux alentours du village. Tout aurait pu continuer relativement paisiblement si la route de nos deux jeunes aventuriers n’avait pas croisé celle d’une jeune esclave sur le point d’être vendue sur la place publique — rencontre qui va faire basculer le cours de leur existence.

La suite de l’histoire, racontée à travers le prisme de plus personnages antagonistes, est plutôt plaisante à suivre mais si le fil narratif n’étonnera guère les vieux routards de la fantasy. De fil en aiguille et au gré des rencontres, Ian et ses compagnons vont être amenés à s’aventurer sur le territoire des terribles Forsakers et à participer au combat centenaire qui les oppose au clergé, tout en dévoilant la genèses de ces ennemis pluri-centenaires.

Malgré des illustrations parfois un peu limites qui font craindre un hentai bien honteux, le jeu reste finalement assez sobre et plutôt réussi, malgré de très sérieux problèmes d’équilibrage dans le mode aventure.

Au final, Forsaker: DingDing&Blade s’avère être une bonne surprise qui, je l’espère, sera patchée pour permettre au plus grand nombre de s’aventurer dans le mode aventure.

Genre : Visual Novel / Card Battler

Développeur : BladeLanternStudios

Éditeur : Infini Fun

Date de sortie : 25 septembre 2025

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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