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Early Access: The Pioneers: Surviving Desolation

Moi aussi, j’ai rêvé de partir dans l’espace, voyager sur des distances qui dépassent l’imagination et contempler des paysages stupéfiants. Et puis je me suis souvenu du temps de trajet. Déjà que je souffle quand j’ai une heure à passer dans les transports ; là on parle de plusieurs mois et j’ai soudainement la flemme.

En plus, sur place, on n’est pas là pour se promener, et on choisit rarement ses compagnons de galère. Alors si c’est pour trimer dix-huit heures par jour dans une boite en métal qui fuit entouré de bras cassés qui écoutent du Michel Sardou sur les enceintes de la station, j’ai plutôt envie de remettre mes chaussons et de regarder des chatons sur Twitch.

Heureusement, The Pioneers me permet de goûter à l’exploration de Io sans quitter mon plaid. Et c’est encore pire que ce que j’imaginais.

Déjà, si on se retrouve à traverser la moitié du système solaire, c’est évidemment parce que, malgré des décennies de mises en garde que personne n’a écouté parce que « oui mais l’économie ? », les ressources s’épuisent sur Terre.

Il faut donc d’urgence dépenser des quantité faramineuses d’énergie pour aller en chercher ailleurs. Un move toujours intelligent ça, aller encore plus vite sur la voie qui nous a mené dans le mur plutôt que de changer de direction.

Toujours est-il que des vaisseaux sont envoyés un peu partout, et notamment sur Io, satellite de Jupiter. Cet endroit hostile, aux températures extrêmes, n’est pas un endroit où j’irais passer mes vacances.

Le fait que la navette se soit écrasée à l’arrivée n’aide pas, il faut reconnaître. Le colon qui sort de son sarcophage en bonne santé doit maintenant retrouver d’autres survivants et rejoindre la station déjà sur place.

Après une séance de course au ralenti dans la gravité moindre d’Io, passant du très froid au très chaud au gré des caprices du soleil lorsqu’il s’extirpe de l’immensité de Jupiter qui emplit la majorité du ciel, on peut enfin enlever les combinaisons, dans l’abri relatif de la station.

Station où tout reste à faire : ni atelier, ni piaule, ni cuisine, même le réacteur est à l’arrêt. Obligés de dormir à même les froides plaques de métal qui composent le sol et grignoter des rations dégueulasses pour ne pas crever de faim.

On passe alors en mode base-builder, et là on revient sur mon territoire. On doit forer des ressources pour construire les installations vitales, et une fois les bases assurées, on va pouvoir commencer à réfléchir à la suite.

La nourriture est la première urgence ; non seulement les rations de base ne nourrissent pas bien, mais elles rendent malades si on en mange deux d’affilée. Mon premier décès sera directement causé par un estomac fragile.

Une fois les serres, la cuisine et la table à manger installées, les ressources sont optimisées, on commence à stocker de la nourriture. C’est le moment de se concentrer sur les constructions plus avancées et l’exploration de la surface.

La désolation du titre est bien présente ; si les graphismes sont très réussis, il n’y a pas grand chose à voir d’autre que des cailloux et des mares de soufre. On peut les miner à coups de lasers portatifs pour accélérer notre production de matières premières (que l’on raffinera ensuite en composants utilisables), mais on est surtout dehors pour trouver de quoi réparer la navette.

Parce que oui : dès l’entame, l’objectif dans The Pioneers: Survival Desolation n’est pas seulement de survivre, mais surtout de se casser d’ici. On va donc chercher des éléments qui se éparpillés à l’impact et accumuler assez de ressources pour le voyage du retour.

Phase que je n’ai pas atteinte en plusieurs heures de jeu. Déjà parce que tout est assez lent dans The Pioneers ; entre les déplacements lunaires, la fabrication des pièces qui dépend des compétences de chaque clampin, de la nécessité de les faire se reposer et les nourrir, les journées passent sans qu’on ait vraiment le temps de s’en rendre compte.

Et l’interface n’est pas là pour nous aider. Si vous avez l’habitude d’un RimWorld ou d’un jeu de gestion classique, vous allez voir que survivre dépendra moins de votre stratégie globale que par votre résilience au micromanagement.

Car toutes les actions nécessaires doivent être ordonnées manuellement à vos colons, une par une et en cliquant au précisément sur des zones interactives peu réactives. Oubliez toute notion d’autonomie ou autre instinct de survie ; sans instructions, ils vont glander sur place jusqu’à crever de faim et de fatigue.

Il faut reconnaitre qu’ils sont disciplinés, si vous les envoyez l’extérieur de la station sans combinaison, c’est sans l’ombre d’une hésitation qu’ils iront geler sur place et s’asphyxier sous vos yeux nostalgiques des Lemmings (à ce niveau d’inconscience, la comparaison me semble appropriée).

The Pioneers: Survival Desolation est toujours dans une phase d’Early Access ; depuis la sortie en janvier, beaucoup d’éléments ont été ajoutés et / ou modifiés. Cependant, j’avais déjà découvert le jeu sous forme de démo l’an dernier et j’ai d’autant plus vite retrouvé mes marques que finalement, la base est restée la même.

Les personnages ont différentes compétences qui impactent leur efficacité à telle ou telle tâche, on a maintenant un inventaire à gérer (avec autant de lourdeur que le reste), la gestion de la nourriture et du sommeil a été équilibrée et il n’est plus impossible de survivre plus de quelques jours, mais le concept d’origine est toujours là, ainsi que l’interface.

J’aime beaucoup le rendu visuel, l’ambiance est assez réussie, une fois qu’on a compris son fonctionnement, le minage et raffinage de ressources n’est pas inintéressant, mais on passe quand même plus de temps à se battre contre l’interface qu’à réellement planifier son retour au bercail.

Si le fait de devoir micromanager à ce point ses personnages est gentiment pénible au début, ça peut devenir exaspérant quand il faut stopper son exploration ou sa production de composants pour envoyer son clampin manger et dormir.

Cette première production de Supercube, studio français dont les membres sont basés aux quatre coins de l’Hexagone (pour en savoir plus sur la génèse du projet, je vous renvoie à cet article de Ouest-France), ne manque malgré tout pas d’attrait, ne serait-ce que pour sa direction artistique et son contexte original.

Que retenir de l’état de cet Early Access ? The Pioneers: Survival Desolation est un titre exigeant, agréable à regarder, un peu moins à manipuler, et dont les mises à jours régulières qui ajoutent du contenu (et qui ont retardé la sortie de cet article, le temps que je prenne en compte certains changements survenus depuis la sortie en EA) laissent espérer une version finale fignolée.

Les progrès sont notables par rapport à la version démo que j’avais expérimenté l’an dernier. Il y a en tout cas matière à proposer une aventure qui va plus loin que l’objectif actuel qui se borne à s’enfuir de Io.

Sans être totalement convaincu par certains aspects, j’ai de bonnes raisons d’espérer un jeu de qualité et je vous invite, même si vous préférez attendre avant de passer à la caisse, à le suivre de près.

Genre : RTS / Gestion / Survie

Développeur indépendant : Supercube

Plateforme : Steam

Disponible en français

Prix : 29,90€

Date de sortie en Early Access : 20 janvier 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

 

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.