Atelier Ryza 2 : Les Légendes Oubliées & Le Secret de la Fée
Le premier contact avec Atelier Ryza 2 sur PC aura été fort peu agréable, puisque les options graphiques étaient planquées dans un menu accessible par la bouton Echap. Quel imbécile de ne pas avoir trouvé, me direz vous. Et vous n’auriez pas tort, sauf que je joue à la manette donc je m’attends légitimement à pouvoir accéder aux options du jeu par ce périphérique. Ce souci n’étant plus avec la mise à jour du jeu, il ne sera pas dans le corps de l’article. Au-delà de ce petit désagrément, que vaut cette suite au sympathique Atelier Ryza ?
Ce qui marque d’entrée dans cette suite, ce sont les sous titres dans la langue de Molière. La traduction est de bonne facture et très peu de fautes à déplorer (un pluriel incongru de repéré). Cette petite attention pour les joueurs anglophobes est appréciable tant le jeu se révèle extrêmement bavard dans sa narration. Il y a énormément de textes à lire.
L’histoire de cette suite se déroule trois ans après les évènements survenus dans le premier épisode. Les néophytes rateront quelques références au premier opus et les anciens personnages sont, pour la plupart, tellement mal utilisés que cela ne changera pas grand chose. On touche là à un des défauts du jeu, à savoir sa narration très plate. La première heure de jeu consiste à entendre Ryza répéter en boucle que tout est plus grand que chez elle, comme si les développeurs voulaient convaincre les joueurs/joueuses de la réalité de cette assertion. Les suivantes sont servies par des dialogues qui manquent cruellement de fond entre Tao qui s’extasie sur ses recherches, la fermière qui parle de son travail ennuyeux et d’anciens personnages qui sont venus comme par hasard à la capitale juste au moment où Ryza y est. Ce n’est pas mal écrit, c’est inintéressant et souvent décousu. A croire que les développeurs ne savaient pas quoi raconter et ont tartiné à tour de bras en espérant que la vacuité de l’histoire ne se voit pas trop.
De ce que j’ai compris, il y a une créature trop kawaï qui devient plus forte quand on va dans les ruines et aime se mettre sur la tête des gens. Il y a aussi des PNJ (personnages non joueurs) qui laissent des objets dans les donjons (ruines pour le jeu) afin de progresser dans l’aventure. En vrac, une boussole qui voit des morts (Non, Haley Joël Osmond ne s’est pas reconverti en objet de JRPG), une corde magique et j’en passe. Tout cela fait Zelda du pauvre sans les énigmes, mais avec le scénario rachitique.
L’exploration dans Atelier Ryza 2 consiste à se déplacer entre les ennemis pour atteindre l’objectif en vert sur la mini carte. On sent que les développeurs ont voulu rendre cela plus distrayant pour les joueurs et moins plat en ajoutant des lierres à grimper, des corniches à traverser, des gouffres à franchir, de la nage et un saut. Pourquoi pas sur le principe sauf que le level design reste très pauvre et les environnements traversés n’invitent pas à s’y perdre. Ils sont peu inspirés et une phase de gameplay oblige à visiter particulièrement les ruines sinon c’est direct l’objectif ou les coffres. L’effort de varier les plaisirs est louable mais pas assez gratifiant, ni intéressant pour apparaître autrement que comme de simples gimmicks. Enfin, il est possible au bout de quelques heures d’utiliser la téléportation pour aller directement à l’endroit souhaité (fort appréciable).
Le gameplay d’Atelier Ryza 2 reprend celui du premier et de la franchise en général avec de la collecte de matériaux, des quêtes secondaires, du combat et de l’alchimie. Laissons de côté la partie « »enquête » » qui se résume à trouver les bons mots clés surlignés en vert.
La collecte des matériaux nécessaires à l’alchimie se fera durant la phase d’exploration, où tout ce qui est collectable clignote. Parfois, certains objets sont posés grossièrement et font tâche dans le décor (les tonneaux au milieu de la plaine, par exemple), mais pas au point de se mettre en mode facepalm. L’une des parties intéressantes de la collecte est qu’elle est limitée par la taille de son panier (inventaire) et certains objets ne peuvent être récupérés que si Ryza a le bon outil (faucille, hache…). Cela donne un semblant de progression dans une activité qui peut vite devenir pénible. Dès que Ryza retourne dans son atelier, les matériaux sont remisés dans le coffre pour devenir utilisable en alchimie ou pour les quêtes secondaires.
Les quêtes secondaires sont très nombreuses dans Atelier Ryza 2 avec un tableau de quêtes, des dialogues à débloquer avec différents protagonistes, des quêtes qui vont se débloquer au fur et à mesure. Ne vous attendez pas à des quêtes version The Witcher 3, le jeu est très très classique avec de la collecte, de la chasse aux monstres et pas grand chose de plus. Au delà de leur intérêt limité, il est possible d’en accepter un grand nombre, ce qui permet de les effectuer en suivant la quête principale. Ce qui est dommage, c’est l’obligation de revenir au tableau de quêtes pour les valider et engranger les points de compétences.
Les combats reprennent la logique du premier et sont très accessibles. L’attaque de base permet d’engranger des points d’action qui permettent d’utiliser des attaques magiques. Un seul personnage est contrôlable mais il est possible d’en changer en cours de combat. A cela s’ajoute deux modes : soutien par défaut et agressif qui permet aux autres personnages d’utiliser les PA. Pour ma part, je passe directement en mode agressif. Ensuite, il y a la possibilité de faire une défense parfait en appuyant au bon moment sur le bouton pour gagner des PA. Les combats ne m’ont pas semblé insurmontables et les effets visuels dynamisent un peu l’ensemble qui reste très statique malgré une richesse apparente.
L’alchimie est le gros plus du jeu. La formule s’enrichit tout en restant relativement abordable. Le tuto explique assez bien l’ensemble et il existe un mode automatique pour que le jeu fasse le travail à la place du joueur. Pour les spécialistes, il ne sera pas nécessaire de passer par ce mode, mais c’est une bonne idée pour les profanes ou ceux qui ne veulent pas passer des heures à choisir les bons ingrédients pour créer l’objet de leur désir. Les objets ne sont pas tous accessibles dès le départ et il va falloir débloquer une bonne partie d’entre eux en utilisant des points de compétence qui peuvent s’acquérir par les quêtes secondaires, la partie enquête et aussi en faisant de l’alchimie. Chaque recette va ainsi permettre de gagner des points. Cette fonctionnalité invite les joueurs à user de l’alchimie et à être récompensé. Simple et efficace.
Graphiquement comme musicalement le jeu s’en sort honorablement mais ne brille pas dans sa direction artistique assez fade. En effet, les décors n’invitent pas au dépaysement ou à l’émerveillement. L’aspect vide et générique des ennemis non plus. Surnagent les personnages principaux qui bénéficient d’un bon character design et d’un doublage relativement sage. Les développeurs ont voulu donner de l’ampleur au jeu au détriment de la vie en oubliant que des environnements plus petits, mais travaillés, fonctionneraient mieux. La profusion d’objets collectables fait que je me suis très souvent retrouvé avec le panier plein avant même de terminer la mission en cours. Pardonnable la première fois, mais devoir faire des allers et retours devient vite lassant. La version PC est de bonne qualité et une seule grosse chute de framerate à déplorer.
Au final, Atelier Ryza 2 est plus sage que son prédécesseur à cause d’un scénario qui manque de folie et ne bénéficie plus d’une Ryza dont la fraîcheur faisait du bien. Le jeu se sent obligé de nous rappeler qui elle était, de faire revenir d’anciens personnages et d’apporter des surcouches de narration comme pour combler la vacuité du propos principal. C’est d’autant plus gênant que cette propension à tartiner pour tartiner est omniprésente dans tous les aspects du jeu avec la présence d’un nombre démesuré de tutoriaux, certes indispensables, mais appuyant d’autant plus que la quantité semble avoir primée sur la qualité. Les combats sont sympas, mais pas au point de s’y jeter à corps perdu.
Ryza 2 s’adresse à un public de niche et qui sera prêt à sortir 60€ pour y jouer. Est ce qu’il vaut son prix ? Ce n’est pas à moi de décider le prix que chacun veut mettre dans un jeu. Si j’ai apprécié le premier opus, celui-ci est plus accessible et pourrait permettre à des personnes anglophobes de découvrir une série qui a bâti sa réputation sur un système d’alchimie très poussé. Ryza 2 ne déroge pas à la règle. Le reste étant moins engageant de mon point de vue.
Développeurs : Gust, KoeiTecmo
Editeurs : KoeiTecmo, Koch Media
Plateformes : PC, PS4, Switch
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur