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Fleabag

Diffusée de 2016 à 2019 sur BBC Three, Fleabag est une série TV Britannique qui ne comporte que deux petites saisons de 6 épisodes chacune. C’est peu, donc il fallait que ce soit intense pour qu’on se rappelle d’elle dans la jungle impitoyable des séries, où notre critique Machiavel règne en prédateur alpha. Et on peut dire que la production de Two Brothers Pictures (que je ne connaissais absolument pas) a réussi son pari et pourrait même convaincre notre tortionnaire. En tout cas, je sais que je l’ai été tant la série est rafraîchissante.

Tout d’abord, Fleabag repose sur un principe fréquemment exploité : l’héroïne brise le quatrième mur pour s’adresser directement au public. Pas de temps en temps ou en s’isolant, non. En plein milieu de dialogues. En changeant de mimiques. Troublant au début, ce procédé est assez bluffant surtout que l’actrice principale, Phoebe Waller-Bridge, issue du monde du théâtre, est très douée niveau mimiques. Et que les sujets qu’elle abord vous accrocheront très vite. Oui, elle parle de sexe. Beaucoup. Avec des mots et des expressions très crus, comme si la notion même de filtre lui était inconnue.

Mais heureusement pour nous, Fleabag ça n’est pas juste une trentenaire londonienne s’épanchant sur sa vie sexuelle. C’est aussi une trentenaire londonienne, tenancière de café (axé cochon d’Inde) complètement barrée dont la famille l’est tout autant. Entre une sœur en réussite professionnelle mais névrosée qui est mariée à un alcoolique, une belle-mère artisto-arriviste, un père perché qui se laisse marcher dessus, des coups d’un soir qui s’éternisent, un ex-futur-ex-presque petit ami, notre héroïne a de quoi faire et le fait de la pire manière qui soit. Vols, coups pendables, tout ce que Fleabag entreprend est voué à foirer et à lui revenir dessus.

Et vous savez quoi ? C’est triste. Parce que tout au long d’une première saison se voulant humoristique, si on rit de ses aventures, on sait que notre héroïne mérite plutôt notre pitié pour l’énorme erreur qu’elle a commise. Que cette façade de je-m’en-foutisme n’est là que pour cacher ce qui la ronge. Et quand la vérité éclate et qu’on bascule dans une deuxième saison plus sérieuse mais tout aussi déjantée (si si c’est possible), notamment grâce à l’arrivée fracassante d’Andrew Scott, on boucle sa ceinture et on compatit. Parce que malgré ses efforts et sa bonne volonté, Fleabag restera fidèle à elle-même.

Vous voulez de l’humour ? Vous n’avez pas peur d’un vocabulaire très porté sur le grossier ? Vous adorez l’ambiance des séries anglaises et vous avez Prime Video ? Alors découvrez comme moi Phoebe Waller-Bridge (et c’est une honte vu le palmarès et le talent de cette dame) dans l’œuvre qu’elle a créée (tout comme Killing Eve) et poilez-vous. Amusez-vous des rocambolesques aventures de cette jeune femme qui, en définitive, est tout aussi perdue que pas mal de monde. Une série intense, parfaite pour un visionnage entre deux gros marathons.

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...

2 réflexions sur “Fleabag

  • Même conseil que pour Machiavel, regardez Flack !

    • Harvester

      Yes Sir ! 🙂

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