Super Fantasy Kingdom
L’autre jour, on discutait pépouse avec Harvester, quand il me prit l’envie de tester Whiskerwood. Vous savez, ce simulateur de colonie proche de Timberborn, mais avec des souris à la place des castors et des chats aristocrates qui débarquent en caravelle à intervalles réguliers pour soutirer vos maigres revenus. “OK, m’annonce Harvester, mais à condition de tester aussi Super Fantasy Kingdom. Tu verras c’est sympa”. Pris de cours et suspicieux j’accepte, sachant néanmoins que la tâche ne sera pas une mince affaire…
Super Fantasy Kingdom s’apparente en effet à un citybuilder roguelite dans un univers fantasy aux graphismes rétro. Soit, à l’exception de la partie citybuilding, une formule qui ne m’enchante pas et je me dois par honnêteté de vous le préciser.
Le jour, vous développez votre village, explorez les environs pour y découvrir quêtes, personnages et trésors puis consolidez vos défenses. La nuit, le jeu se transforme en autobattler où vous testez lesdites défenses face à des hordes grandissantes désireuses d’atteindre votre château et remplacées les grands jours par un boss. Votre but : survivre 1 mois. Puis recommencer pour accumuler de la gloire et débloquer moults bonus et nouvelles difficultés.
Bon, le terme de citybuilder se révèle un peu galvaudé et c’est l’une des raisons pour lesquelles on ne s’entend pas, Super Fantasy Kingdom et moi. Après avoir choisi votre héros, qu’il faudra maintenir coûte que coûte en vie, vous commencez la partie avec un ouvrier et un village en ruines. Vous devrez faire croître votre population, cueillir des baies pour nourrir ce beau monde, puis à terme amasser les différentes ressources existantes et enfin développer votre cité. Malheureusement le jeu utilise des mécaniques qui rendent l’expérience lente et artificiellement tendue, plus proche du puzzle que de la construction de ville, pour vous forcer à recommencer encore et encore.

La principale, c’est que chaque bâtiment nécessite un ouvrier pour fonctionner. Sauf qu’avec un seul pèlerin à l’ouvrage, les débuts traînent sans offrir un quelconque intérêt et il faudra vite construire une maison pour obtenir un deuxième travailleur (les suivants se feront désirer un moment). La suite dépendra de vous mais requiert l’édification des 3-4 principaux bâtiments de production et une poignée de secondaires en adéquation avec votre plan.
Seulement, faute d’ouvriers en quantité suffisante, même à mi -chemin de la victoire, il faudra jongler chaque jour avec les ouvriers, à affecter à tel ou tel bâtiment pour obtenir les ressources souhaités dont la sacro-sainte nourriture sans qui vous n’irez pas bien loin. C’est le cœur du jeu, vous n’y échapperez pas. Surtout les premières heures. N’espérez pas stocker des ressources pour vous éviter de futures affectations, la réserve du village se limite à une poignée d’unités de chaque. Ne comptez pas non plus sur une multiplication de maisons, c’est impossible. Le coût en matériaux de la seconde habitation dépasse en effet le plafond de votre réserve… Il vous faudra d’abord augmenter ce dernier en améliorant votre château. Mais ! Pour améliorer votre château…

Bref, la progression se montre limitée, freinée de façon artificielle et terriblement fastidieuse alors que le résultat à l’écran manque d’impact. On parle d’un royaume de 5 habitants, défenseurs inclus, pas d’une cité grouillant de monde. Et c’est sans m’étendre sur les emplacements de construction fixes, conçus pour accueillir une grande ou petite structure à un endroit précis. À l’heure où les citybuilders visent l’évolution organique, Super Fantasy Kingdom rétropédale et propose un concept rigide, contraignant et peu engageant. Mais surtout, il se révèle répétitif. Très.
Selon moi, on peut facilement faire le distinguo entre le bon et le mauvais roguelite. Le bon roguelite vous invite à recommencer pour devenir plus compétent (à la façon d’un roguelike), avec pour vous aider un petit bonus de soutien. Le mauvais roguelite en revanche, il vous force à recommencer car les bonus obtenus sont nécessaires pour progresser. Super Fantasy Kingdom tombe dans la seconde catégorie et ne lésine pas sur les redémarrages.

Vous serez bloqué dans votre exploration faute de gloire suffisante et les hordes d’ennemis gagnent trop en puissance pour pouvoir être contenues. La carotte ? Vous jeter des miettes de récompenses qui débloquent à terme de maigres bonus permanents, comme des ressources de départ en plus, qui rendent chaque run 1% plus facile que le précédent. Puis à force de persévérance, ces bonus deviendront conséquents à tel point que les contraintes énoncés plus haut disparaîtront (vous en rencontrerez d’autres, bien sûr).
Mais dans le fond on répète inlassablement la même chose, ou presque, et en vitesse accélérée pour vite voir où ce micro ajustement bonifié nous mènera. Dans Super Fantasy Kingdom on ne devient pas meilleur mais mieux équipé. Et on cherche le meilleur ordre de construction possible avec les options à disposition pour aller plus loin.

Alors oui, le jeu est riche en contenu et si vous aimez le die ’n’ retry tournant autour du grind il est probable qu’il vous plaise beaucoup. Les critiques Steam parlent d’elles-mêmes, avec une réception très favorable des joueurs. Puis à force de runs, le gigantesque panel de bonus, d’unités, de reliques et de héros déverrouillés ouvre le champ des possibles et rend de ce fait le jeu plus intéressant. Mais il faut d’abord se coltiner des heures et des heures de grind peu palpitantes avant ces heures de grind plus évoluées.
Un aparté sur les combats, passifs puisqu’il s’agit d’un Autobattler mais qui vous invitent à des choix originaux. Super Fantasy Kingdoms a la particularité de vous “demander” quel type d’ennemis apparaîtront ce jour entre ceux qui occasionnent des dégâts physiques et ceux portés sur la magie (et sont vulnérables à l’autre type).

S’il me semble judicieux de se spécialiser dans une seule voie lors de nos recrutements et d’affronter toujours le même type d’hostiles, il existe certainement un intérêt à opter pour le mélange. Au-delà du recrutement, l’une des principales façons de renforcer votre armée consiste à améliorer vos unités.
Chacune nécessite un type différent de ressource et non une devise universelle, ce qui vous force à bien gérer votre jonglage d’ouvriers ou, à terme, votre recrutement. On retrouve ce côté bloquant cher au jeu, mais qui m’a ici moins dérangé car il laisse de la liberté et enrichit la réflexion stratégique.

À force de persistance vous débloquerez un deuxième monde que je vous laisse découvrir, avec ses propres mécaniques, son économie spécifique et ses propres ennemis. Cette addition a le mérite de renouveler le plaisir de jeu, seulement vous devrez dorénavant farmer les deux zones pour progresser…
Bref, Super Fantasy Kingdom jouit d’un beau succès mais je demeure hermétique à sa formule, qui selon moi trouverait mieux sa place sur mobile où ce type de mécanique fonctionne mieux. Maintenant, entre son contenu gargantuesque et son suivi régulier, le jeu possède l’attirail nécessaire pour briller auprès des amateurs de grind. Mais je regrette d’une certaine façon d’avoir testé le jeu a la place de quelqu’un plus a même d’apprécier ses subtilités.
Genre : City Builder Roguelite
Développeur : Super Fantasy Games
Éditeur : Hooded Horse
Date de sortie : 24 octobre 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Genre : City Builder Roguelite
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