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Eriksholm: The Stolen Dream

La vie de pigiste chez Dystopeek a parfois du bon, mais ne le répétez pas aux autres ! En effet, alors qu’ils sont dans leurs cachots bureaux respectifs (non climatisés bien entendu) à tester le dernier jeu en pixels gros comme mon nez, je me retrouve à enchaîner Out of Sight et Eriksholm: The Stolen Dream. Oui, deux jeux que je n’attendais absolument pas, qui n’ont bien entendu rien à voir entre eux et qui, chacun dans leur genre, me plaisent énormément.

Dans Eriksholm: The Stolen Dream et à l’instar d’Out of Sight – comme quoi il y avait quand même un point commun – vous dirigez (du moins au début) dans une ville du début du XX siècle la jeune Hannah en quête de son frère Herman, qui semble s’être mis la police locale à dos. Bien entendu, en refusant de coopérer avec les forces de l’ordre, notre jeune héroïne doit s’enfuir et tenter de rejoindre son frère en évitant la capture.

Du scénario, je ne vous dirai que quelques bribes : vous allez retrouver d’anciens associés, traverser des environnements très variés et devoir utiliser votre cerveau plus que vos réflexes. Pourquoi en dire si peu ? Parce qu’une des forces d’Eriksholm: The Stolen Dream est sa narration, qu’elle soit via le biais de notes trouvées, de dialogues entre PNJ surpris au vol ou bien entendu des conversations entre vos héros, que ce soit lors des superbes cinématiques ou en jeu.

Parce que oui, vous allez assez vite vous retrouver à jongler entre plusieurs héros aux pouvoirs variés. Rassurez-vous tout de même, la violence n’existe pas vraiment dans Eriksholm et nul besoin d’être un poulpe pour gérer tout cela. Mais je vous cause de l’histoire alors que vous ne savez même pas dans quelle catégorie boxe le jeu.

C’est simple, un genre que je n’apprécie pas vraiment : le jeu d’infiltration. Vous savez, ces jeux où vous devez micro-manager plusieurs personnages, jouer avec leurs pouvoirs et synchroniser douze actions en une fraction de seconde. Voilà, les Commandos-like, j’oublie toujours que le lectorat de Dystopeek est d’un âge avancé.

Un jeu d’infiltration donc, mais un qui vous donne envie d’y jouer. Tout d’abord, grâce à des mécaniques simples : pas d’interface, quelques zones cliquables ici et là, des éléments de décors qui se surlignent quand vous pouvez interagir avec. C’est tout. Et vos héros bien entendu, perdus sur des cartes gigantesques plus vraies que nature, parcourues par les méchants policiers/contrebandiers/voleurs.

Chacun de ces méchant a bien entendu un cône de vision et est réceptif aux sons trop fort. Il va donc falloir les contourner, détourner leur attention ou au contraire les attirer pour les endormir, en clair, trouver la meilleure solution pour continuer à progresser. Chaque situation impose de prendre son temps pour observer la carte et repérer les ennemis et l’éventuel passage puis de mettre en œuvre son plan. La plupart du temps ça se passe très bien, on enchaîne les actions et on s’en sort avec un soupir de soulagement et parfois ça se passe mal, on se fait voir et on perd.

Mais ça n’est pas grave car le jeu n’étant pas destiné aux hardc0re GamerZ, vous recommencerez quelques secondes avant votre échec. De quoi avancer sans frustration, libéré de toute difficulté. Mais attention, n’allez pas croire qu’Eriksholm: The Stolen Dream est ultra-simple et qu’il ne vous posera pas la moindre difficulté. Certains passages nécessitent de vraiment planifier à l’avance, sous peine de devoir recharger un checkpoint. C’est d’ailleurs le seul – minuscule – reproche que je ferais au jeu : il semble ne pas y avoir des dizaines de solutions à chaque situation mais une ou deux au maximum. C’est le revers de la médaille de l’accessibilité.

Fort de ce constat, on avance donc plus ou moins lentement et sûrement – cela dépendra de votre résistance aux décrochages de mâchoire – tout au long des 8 chapitres (comptez de 45 à 90 minutes pour chacun) que dure l’aventure, profitant au maximum de l’histoire qui semble être bien plus complexe qu’elle ne semblait. Parce que bon, spoiler alert : autant de policiers pour une simple jeune fille ?

Eriksholm: The Stolen Dream a donc pour lui son excellente histoire, portée par des doublages fantastiques qui insufflent une vraie vie au jeu, d’autant que les dialogues sont particulièrement bien écrits, et des mécanismes simples et efficaces, qui rendent le jeu accessible au plus grand nombre sans forcément rebuter les amateurs du genre.

Mais surtout, il a pour lui sa direction artistique et la qualité des graphismes. Vous l’aurez remarqué en regardant les captures : c’est beau. Très très beau même. Tout est modélisé à la perfection, les décors regorgent de détails, les PNJs ont des comportements réalistes et on a vraiment l’impression d’y être, surtout avec l’absence d’interface.

Comme les développeurs sont malins en plus d’être doués, ils ont eu l’excellente idée de nous offrir un zoom arrière vertigineux, qui permet de visualiser de grandes portions à la fois, sans avoir comme d’habitude le nez collé à la moquette. C’est beau, très très beau !

 Eriksholm est donc un travail d’orfèvre qui débarque de nulle part, un de ces titres qui vous attirent avec un grand sourire et qui ne vous lâche plus pendant une dizaine d’heures. Vous allez me dire que vous n’êtes pas assez patients pour jouer à un jeu d’infiltration. Moi non plus, je fonce dans le tas au bout de 2 minutes d’inaction. Mais pas avec Eriksholm: The Stolen Dream. Non, celui-là vous donne envie de le savourer, vous oblige, mine de rien, à regarder d’un air émerveillé tous les décors, à la recherche du plus infime détail, poussant de petits cris de plaisir et d’admiration.

Je ne connaissais pas les Suédois de River End Games. Mais faites-moi confiance : si leur premier titre est un bijou comme cela, alors marquez leur nom, abonnez-vous à leurs comptes sur les réseaux sociaux (non Baalim, ils n’ont pas de page Minitel) et achetez moi ce Eriksholm: The Stolen Dream qui mérite largement les 40€ demandés.

Genre : Infiltration

Développeur : River End Games

Editeur : Nordcurrent Labs

Date de sortie : 15 Juillet 2025

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...