Primal Planet

Une fois n’est pas coutume, nous allons débuter ce test par la fin. Oui, Primal Planet est une très bonne surprise qui, en ce qui concerne, sort de nulle part. Maintenant que vous savez, nous pouvons rembobiner et repartir depuis le début. Comme à l’accoutumé, mon très gentil rédac chef m’a proposé une palanquée de jeux tout pourris à choisir, bien évidemment, au hasard.
Ledit hasard consistant à avoir préalablement mis de côté les bons jeux pour les faire tester par d’autres personnes plus dignes de confiance et dont la plume n’entraîne pas immédiatement un blacklistage par les éditeurs. Naïvement, j’ai donc pris un jeu au hasard sans même prendre la peine d’aller jeter un œil à sa fiche Steam.

Il faut bien avouer, à ce stade, que j’avais été enthousiasmé par les très gros pixels du jeu et, surtout, comme un enfant de 5 ans, par le fait qu’il y avait plein de dinosaures dedans.
Ouais, les dinosaures, c’est comme les pirates. Dès qu’il en a dans un jeu, j’achète compulsivement. Petit message à Ubisoft : sortez-nous donc un Pirates Vs Dinosaures Vs Ninja et je vous fous d’office la note maximale de 30 sur 10 même si le jeu est truffé de microtransactions et/ou de loot boxes. Bref.

Une fois le jeu lancé, avec à peine 274 Mo au compteur, ce qui fait du bien à mon disque dur, je m’aperçois qu’il s’agit d’une production réalisée par un seul type dénommé Albert voire Seethingswarm les jours de pluie, quelque part probablement dans un garage quelconque. C’est bien évidemment à ce moment précise que je sens le piège se refermer brutalement sur moi.
Je sens que je vais encore devoir me coltiner une purge pendant plusieurs heures avant de réfléchir à rédiger un test complaisant au possible pour expliquer que ce n’est finalement pas tout pourri. C’est qu’il faut bien plaire aux multiples centrales publicitaires qui s’arrachent nos services.

N’écoutant que mon courage, mon éthique de journaliste sans carte et – surtout – ma peur de récupérer un jeu encore plus moisi si je fais défection, je me suis donc lancé à l’aventure. Qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir que j’avais entre les mains un très chouette Metroidvania au pays des dinosaures et des aliens.
Des aliens, mais qu’est-ce qu’il dit le Monsieur ? On l’a manifestement perdu ! s’écria alors le seul lecteur à ne pas avoir fui ces pages. Et bien non, cher Monsieur, il n’y a pas d’erreur : il y a effectivement des aliens dans ce jeu, comme nous le verrons un peu plus bas.

Dans Primal Planet, vous incarnez un brave Cro-Magnon séparé de son fils et de sa femme après une attaque de gros méchants dinosaures. Le premier objectif du bon père de famille va donc consister à retrouver sa chère et tendre et son héritier. Heureusement, il lui reste son fidèle Médor qui va l’accompagner dans son périple.
Pour assimilation, j’ai effectivement d’affubler de ce sobriquet le petit dinosaure qui accompagne notre héros. Faut dire que Médor, c’est un l’équivalent du Chihuahua millésime 2025.

Il est ridiculement petit, il a toujours besoin de bouffer, il grogne et tente de mordre tout ce qui bouge. Notez bien que ça présent parfois des avantages puis Médor le mini dinosaure va clairement aider durant les affrontements, que ce soit en attaquant les ennemis ou en les distrayant.
Manette en main, Primal Planet ressemble pas mal à ces nombreux Metroidvania croisés, cette fois, à une esthétique gros pixels qui ne dépaillerait pas à côté d’un Tiny Barbarian DX, du très très stupide McPixel, du magnifique Towerfall ou d’un Lunark sorti de Kickstarter (et qui a un peu une tête de demake de Flashback).
Bref, ça ne plaira vraisemblablement pas à tout le monde mais j’aime beaucoup et, contre toute attente, ces gros pixels arrivent à être étonnamment expressifs, à l’image des anciens jeux de Squaresoft. Il suffit de voir notre pater familias pleurer la disparition de sa famille, enlacer son fils ou sursauter de surprise pour voir à quel point le développeur a su faire parler ces gros pixels supposément has been.
Notre brave Cro-Magnon répond parfaitement aux sollicitations, que ce soit pour sauter de plateforme en plate-forme, frapper les ennemis avec son couteau, la lance qu’il ne tardera pas à confectionner ou encore effectuer des roulades pour accéder aux endroits les plus étroits ou esquiver un mauvais coup.

A ce sujet, évitez d’embêter les gros herbivores. D’un naturel jovial, ils se transforment en supporters furieux du PSG avec un coup de lance mal placé. La faune vous sera généralement hostile. Même ces gros pourris de dauphins voudront vous faire la peau mais, au hasard des rencontres, les amateurs de dinosaures pourront facilement identifier les quelques gentils du paléolithique.
Qui plus est, le jeu gère le cycle jour / nuit et certains effets physiques comme le feu, particulièrement utile à condition de faire attention à ne pas s’auto-immoler.

S’agissant d’un Metroidvania, vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que Primal Planet propose, au sein des divers niveaux interconnectés, différents embranchements et plein de passages secrets, plus ou moins accessibles en fonction de l’amélioration progressive de vos capacités physiques et guerrières. Je vous suggère d’ailleurs d’opter très rapidement pour le double saut, particulièrement pratique dès le début de l’aventure.
Le jeu intègre également une composante crafting avec la possibilité pour notre Rahan des âges obscurs de confectionner armes, outils et médicament divers qui lui seront franchement utiles pour espérer survivre dans un environnement qu’on qualifiera aimablement de fucking hostile.

Bien évidemment, vos aventures vous amèneront rapidement à croiser de petits dinosaures, qui termineront en snacking, ou de très gros et méchants dinosaures qu’il conviendra, en fonction des situations, de fuir très rapidement ou d’affronter courageusement (en mourant, par ailleurs, tout aussi courageusement).
Ainsi, vous vous trouverez rapidement confronté à des raptors, bien connus des amateurs de Jurassic Park, des piranhas géants, tous deux fort agressifs, mais également à différents insectes, batraciens, oiseaux et autres petits mammifères. J’ai découvert à cette occasion que les perroquets ne sont pas sympas du tout.
Les autres tribus non plus. N’espérez aucune solidarité de la part des autres représentants de votre espèce. Ils sont à l’image de ceux que vous pouvez croiser, tard le soir, dans le métro.
Et, bien évidemment, vous découvrirez certains ennemis bien massifs qui feront office de boss et dont la défaite sera la condition sine qua none pour progresser dans l’aventure. Même si votre personnage pourra compter sur l’aide de PNJ, certains combats ne seront pas si aisés. A tel point que j’ai parfois regretter de ne pas avoir pu tester le mode à deux joueurs.

Notre personnage n’étant pas particulièrement porté sur les problématiques de coexistence pacifique et de respect de la vie, n’hésitera pas à tabasser tout ce petit monde pour retrouver sa famille. Retrouvailles qui ne tarderont pas avant que le jeu prenne un tournant plus étrange.
Sans spoiler outre mesure, certains signes trahissent rapidement l’existence dans ce monde de choses bien plus étranges encore que les dinosaures, à l’image de cet écran caché au fond des eaux ou des machins scintillants qui volent dans le ciel, un peu plus haut que les vélociraptors.

Et là, je me dis que vous en savez peut-être déjà assez pour comprendre que les 20 euros demandés par l’éditeur Pretty Soon, qui a eu la bonne idée de croire au projet, ne sont pas volés. Histoire de ne rien gâcher Primal Planet est jouable en coop local et sur Steam Deck.
Il faudra bien évidemment tenir compte du fait qu’il s’agit du boulot d’un type seul dans son coin (à l’exception de la musique dont la réalisation a été confié à Michael Kirby Ward) et ne pas avoir d’attentes démesurées au regard de la modestie de la production mais, toutes proportions gardées, Primal Planet reste une belle réussite et un coup de cœur immédiat. Et c’est un truc dont peu de jeux peuvent se targuer ces derniers temps.
Genre : Metroidvania
Développeur : Seethingswarm
Editeur : Pretty Soon
Date de sortie : 28 juillet 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur