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Tenet

Evacuons de suite le fait que le titre du film soit un palindrome et que l’histoire le justifie. C’est bien pour la com’, mais je ne suis pas certain qu’il faille y voir autre chose qu’un des nombreux clins d’œil dont Christopher Nolan aime parsemer ses films. Pour la profondeur supposée de Tenet, sautez le prochain paragraphe et vous verrez mon avis.

Je fais un James Bond !

Avant de parler du film en lui-même, je vais me permettre une petite digression concernant Christopher Nolan et le rapport que j’entretiens avec son cinéma. De manière générale, je ne m’attache pas à un réalisateur, mais plus à son travail. Je peux aimer The Hatefull Eight et trouver que Once Upon a time in Hollywood est loin du chef d’œuvre, par exemple, tout en considérant que Tarantino est un bon réalisateur. Pour Nolan, je dois avoir vu tous ses films sauf Following et Dunkerque (ce dernier étant sur ma liste des films à voir un jour, peut être). J’ai beaucoup aimé Memento et Le Prestige, apprécié Batman Begins et franchement baillé devant les autres films. Interstellar doit être celui qui m’a le plus ennuyé et pourtant, il fait partie des plus appréciés de sa filmographie avec The Dark Knight que j’ai trouvé loin de son statut malgré la qualité de la prestation de Heath Ledger (Il y a Maggie Gyllenhaal aussi, mais je la préfère dans le méconnu La Secrétaire). Tout ça pour dire que me lancer dans la vision d’un film de Christopher Nolan est toujours un moment particulier, surtout quand il ne sait pas faire en dessous de 2H30.

Tu vas tout droit et ensuite, tu reviens en marche arrière.

Dans Tenet, Christopher Nolan s’attaque au film d’espionnage en faisant son James Bond à lui. Le film en reprend les codes avec le début typique d’un Bond et le déroulement de l’intrigue qui en singe les grandes lignes. Là où Nolan aurait pu faire évoluer son cinéma avec une intrigue plus linéaire, il décide de continuer à alambiquer son scénario pour jouer avec une narration déconstruite qui va perdre le spectateur dans des circonvolutions inutiles et fatigantes.

D’aucuns argueront que cela permet de revoir le film avec tous les éléments en sa possession et un regard nouveau au second visionnage sauf que Nolan passe son temps à expliquer, surexpliquer les tenants et les aboutissants de ce que vivent les personnages avec moults délires autour du temps au point de rendre l’ensemble indigeste. C’est finalement, ce besoin de donner du sens à son propos en l’expliquant que Nolan rate encore une fois le coche selon moi. En prenant son récit à bras le corps sans chercher à le rendre plus complexe qu’il ne l’est, il pourrait profiter de sa maîtrise visuelle pour raconter une histoire simple de façon fluide. Le sentiment qui est ressorti de mon visionnage est ce besoin quasi constant de tordre le récit pour le faire entrer dans une logique de déconstruction narrative associé au besoin de l’expliquer en pensant que ça passera mieux.

Toi aussi, tu as tout compris ?

Tenet est aussi un film visuellement léché et rythmé avec suffisamment de talent pour faire passer sans problème les deux heures trente. La proposition manque clairement d’âme et de folie. Les acteurs font le job et le charisme de John David Washington aide beaucoup. Robert Pattinson la joue physique et badass sans pour autant s’imposer (J’ai un peu peur de le voir en Batman). La musique fait le job et Nolan a enfin appris à filmer correctement les scènes d’action qui sont d’excellente facture.

En résumé, regarder Tenet en espérant que Nolan en finisse pour de bon avec sa narration décousue et ses explications interminables, c’est risquer d’être déçu. Le scénario est simple voire simpliste quand tout est remis à l’endroit. Le film est bien réalisé et rythmé. Il fait ce qu’on lui demande : nous faire oublier que depuis plus d’un an, les cinémas sont fermés, les films se font rares et les bons encore plus. Nolan ne m’a pas réconcilié avec son cinéma, mais la proposition peut plaire et elle a eu un mérite à souligner : devenir le premier blockbuster sorti en salles dès qu’il a été possible de le faire aux USA.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.

Une réflexion sur “Tenet

  • Aaaaah, La secrétaire. J’ai adoré ce flim !

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