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Two Point Hospital

Mettons tout de suite les choses au clair : oui Two Point Hospital est une « suite spirituelle » de Theme Hospital. Oui il y a des trucs mieux, des trucs moins bien. Mais je me suis appliqué, à l’annonce du jeu, à ne surtout pas retoucher à son ancêtre dont je n’ai que de très vagues souvenirs. Je ne voulais pas être influencé et passer mon temps à comparer les opus. Certains pourraient appeler ça de la flemme, je préfère dire que c’est du journalisme total.

Two Point Hospital est donc un jeu de gestion (le genre favori de Baalim) vous mettant dans le costard d’un directeur d’hôpital ayant pour but de se faire un max de thunes soigner un maximum de personnes tout au long d’une campagne étalée sur quinze cartes. Cela peut sembler peu mais croyez-moi, cela vous occuper un moment.

Cette campagne, dont la difficulté est relativement bien dosée, vous permet de vous familiariser petit à petit avec les différentes salles et maladies à combattre. Si vous débutez avec le minimum syndical, vous allez très vite vous retrouver avec des dizaines de salles à gérer, du personnel courant dans tous les sens et des patients vomissant partout. Je vois mes deux gros fans de gestion se frotter les mains en imaginant déjà comment ils vont optimiser ça sur Excel. Donc petit avertissement pour eux : vous pouvez ranger les tableurs, Two Point Hospital est loin de jouer dans la catégorie « Hardcore et migraines ». C’est dommage pour certains, mais je pense que cela permettra aux plus réfractaires de s’y frotter sans être noyé sous un déluge de chiffres, d’autant plus que le parti pris est très cartoonesque.

Who you’re gonna call?

Vous voilà donc dans votre hôpital de départ dans lequel il va vous falloir invariablement procéder aux mêmes actions : construire les salles de base et recruter du personnel. Et attendre les patients. Il y a bien quelques cartes sur lesquelles vous démarrez avec des locaux plus ou moins équipés, mais les départs ne sont clairement pas le point fort du jeu. Vous allez donc construire une réception, pour accueillir les clients, puis un généraliste, qui les diagnostiquera et les enverra vers une salle de soins communs, la pharmacie ou une salle dédiée. Ces dernières ne sont disponibles qu’après une recherche effectuée une fois que la nouvelle maladie a été découverte. N’espérez d’ailleurs pas trouver un remède contre Ebola, vous lutterez ici contre des maladies imaginaires et loufoques. Les salles ayant une taille minimum, il va falloir précautionneusement calculer l’agencement dans vos locaux pour optimiser l’espace. Et là, c’est LE point fort du titre, avec des options de construction aux petits oignons. Il est possible de tout réorienter, modifier à la volée, déplacer la salle entière ou, encore mieux, de la copier. Et quand vous avez 10 salles de généralistes, cette dernière option vous semblera la meilleure invention de l’humanité. N’oubliez quand même pas de coller une salle de repos pour votre personnel et des toilettes. Beaucoup de toilettes, le passe-temps préféré des patients semblant être d’aller les boucher…

Une fois tout cela en place, il va vous falloir du personnel : des docteurs, infirmier, techniciens et assistants. Chacun d’entre eux a une ou plusieurs spécialités et un coût, que ce soit au recrutement ou en termes de salaire. Ce dernier point est à prendre en compte car ce sera votre première source de dépense. Et comme vous n’êtes pas là pour faire du caritatif mais pour vous enrichir maintenir votre hôpital à flot, il va falloir y aller mollo sur les promotions. Chaque membre du personnel dispose en effet d’une jauge d’expérience qui, une fois remplie, lui permet d’être promu et de débloquer un emplacement de spécialisation. Ces derniers permettent à vos ouailles d’être formés dans les salles dédiées. Il est donc de bon ton de recruter, au milieu d’un ou deux spécialistes confirmés, des petits jeunes totalement neutres et de les spécialiser vous-mêmes. Attention toutefois, certaines salles demandent du personnel formé (la psychiatrie, la recherche…) !

Spécialiser votre personnel vous permettra d’être plus efficace, que ce soit pour les diagnostics ou les traitements, ce qui servira à augmenter la réputation de votre hôpital. Cette dernière est primordiale si vous voulez attirer un maximum de monde prêt à raquer se faire soigner. Revers de la médaille : si vous jouissez d’une excellente réputation, l’afflux de gens dépassera vos capacités de traitement et les files d’attente grossiront, entraînant mécontentement et décès. Ce qui fera diminuer votre aura.

Va mourir ailleurs toi !

Oui, vous avez bien lu, les gens peuvent mourir dans vos locaux et se transformer en fantômes. Les Ghostbusters n’étant pas disponibles, il ne faudra pas oublier de former vos agents d’entretien pour qu’ils aspirent les fantômes qui effraient les patients et laissent des ectoplasmes, comme des gros dégueulasses. Oui, je vous avais prévenu, le ton choisi est celui de la rigolade.

Two Point Hospital est donc un jeu agréable à découvrir. On regarde tout ce petit monde vaquer à ses occupations, on met des pots de fleurs un peu partout pour augmenter l’attrait général, on veille à placer les distributeurs de chips (qui donnent soif) à côté de ceux de boissons puis à augmenter les prix et on essaie d’obtenir les trois étoiles (pour autant d’étapes) à chaque carte. Sur la première demi-douzaine ce n’est pas bien difficile, il suffit de comprendre les mécaniques du jeu et de rester patient. Et au fil des cartes, quand on sait comment optimiser chaque m² de l’hôpital, on se rend compte que cette fichue troisième étoile n’est pas dure à atteindre mais longue. Très longue. Inutilement longue. C’est le souci majeur de Two Point Hospital : il n’est pas bien dur une fois qu’on est bien dedans mais les objectifs avancés sont trop fastidieux à atteindre. On sait qu’en lançant des campagnes de publicité et en ayant un niveau de prestige suffisant il est possible d’augmenter les prix de 100% (pour tester bien entendu, surtout pas pour s’enrichir) tout en gardant une réputation maximale. Le taux de guérison faiblit ? Pas de souci, renvoyez chez eux tous les patients ayant une santé faible et pouvant vous claquer entre les doigts et hop, le taux remonte. Immoral ? Mais non, c’est juste pour être sûr de gagner plus de thunes satisfaire un maximum de gens. Punaise je ne sais pas ce que j’ai, mon clavier fourche tout seul… 

L’outil de construction, un régal !

C’est pourquoi, après m’être acharné à tout débloquer, je me suis contenté de débloquer la première étoile de chaque carte, histoire de progresser. Parce que regarder l’hôpital vivre tout seul pendant 3h le temps de remplir tous les objectifs ne me semblait pas très palpitant… Cela m’a permis de débloquer tous les types de bâtiments, de faire toutes les recherches et de m’apercevoir qu’en fait Two Point Hospital, qui met en avant sa grande accessibilité, souffre du défaut qui va avec : il n’est pas assez profond pour satisfaire les fans de gestion. Ceux-ci resteront sur leur faim et pesteront sur une myriade de détails. On peut certes empêcher qu’un membre du personnel accomplisse certaines tâches pour l’obliger à rester sur son cœur de métier (pour ne pas avoir un chirurgien en train de diagnostiquer des malades par exemple), mais pourquoi ne pas pouvoir les affecter par zones ? Dire à un agent d’entretien de s’occuper d’une aile spécifique plutôt que de tous les trouver groupés à débloquer les mêmes toilettes alors qu’il y a une machine à réparer à l’autre bout ? C’est un exemple parmi tant d’autres, comme cette gestion du budget « à la louche » qui voit vos revenus faire du yoyo ou ces patients qui partent à l’autre bout de l’hôpital pour visiter au lieu de faire gentiment la queue…

Two Point Hospital a donc le cul entre deux chaises. Les développeurs ont voulu rester sur quelque chose de léger, que ce soit au niveau du design ou de la profondeur de gestion mais n’ont pas réussi à maintenir l’intérêt sur le long terme. Certes, on peut revenir à n’importe quel moment sur une carte déjà jouée pour continuer à améliorer et agrandir son hôpital, mais le tout est répétitif et croyez-moi, au bout d’une cinquantaine d’heures et quelques nuits très courtes, nous n’en aurez pas très envie. Oui cela assure quand même une excellente durée de vie mais comme expliqué, elle est assez artificielle. J’ai personnellement passé un bon moment sur ce jeu, à essayer de trouver le layout ultime pour m’enrichir un max soigner un maximum de gens mais je sais que je n’y retournerai pas. Je m’en suis presque dégoûté… C’est d’ailleurs peut-être ça, la solution : prenez le si vous aimez sourire (les animations valent le coup d’œil) et la gestion légère et que vous n’avez pas quotidiennement beaucoup de temps pour jouer. Cela vous assurera de courtes séances, bénéfiques pour l’intérêt et votre santé mentale (et sommeil accessoirement).

 

Genre : Indépendant, Simulation

Développeur : Two Point Studios

Éditeur : SEGA

Date de parution : 30 août 2018

Site officiel : https://www.twopointhospital.com/

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...