Sonic Wings Reunion
Il y a très clairement deux manières d’appréhender Sonic Wings Reunion qui sort en ce mois d’octobre 2025 sur Switch 1 & 2. Il y a tout d’abord les joueurs de la nouvelle génération qui regarderont avec un air un peu dédaigneux ou dubitatif cette nouvelle production réalisée par Hamster Corporation en collaboration avec Success Corporation.
Et il faut bien reconnaître que, de prime abord, cette production tout de même tarifée 40 € sur l’eShop, ne fais pas particulièrement forte impression avec sa 3D un peu cheap et ses personnages typés anime des années 90. Mais il y a également les vieux de la vieille, les amateurs de retrogaming et de shoot’em up qui, eux, se souviennent bien de la série Sonic Wings (ou Aero fighters) suivant les continents.

Et c’est justement à ce public que s’adresse manifestement ce nouvel épisode qui se présente sous la forme d’une grosse compilation à la réalisation revue en 2.5D (comprenez qu’il s’agit d’un jeu dont les décors et les véhicules sont réalisés en 3D mais qui se déroulant à la manière d’un jeu 2D. Oui, comme Pandemonium). Et là, les choses deviennent tout de suite beaucoup plus intéressantes pour ces derniers.
Débutée en la déjà lointaine année 1992 en arcade, cette très classique série de shoot’em up à scrolling horizontal s’est poursuivie durant une dizaine d’années et trois épisodes en arcade (dont deux sur la monstrueuse Neo Geo de SNK) et a connu de nombreuses adaptations, quand il ne s’agissant pas de spin off, sur des consoles diverses et variées.

Pêle-mêle, on trouve des adaptations de Sonic Wings, sur Super Nintendo, Neo Geo CD, Saturn, Playtation, PlayStation 2, Playstation 4, Playstation portable, Playstation Vita (la rolls de la console portable), Switch, et même sur la mini borne Astro City Mini V de Sega. Bref, vous ne l’aurez compris, Sonic Wings a roulé sa bosse sur un bon paquet des machines depuis sa création. Elle a, en revanche et de tout temps, soigneusement boudé les micro-ordinateurs.
À l’origine, le jeu est une création du développeur Video System (on concèdera qu’il ne s’agit pas du nom le plus imaginatif) dans lequel quelques braves pilotes américains, japonais, suédois et anglais (faut pas chercher) risqueront le tout contre le tout et se confronteront à des hordes d’ennemis pour sauver le monde libre.
Oui, comme tout bon shoot’em up, le scénario n’a strictement aucun intérêt et ce ne sont pas les interventions ineptes des personnages à chaque fin de niveau qui changeront la donne. Pour vous donner une idée, on est dans les eaux d’un Street Fighter 2.
Le jeu, et plus globalement la série, est typique de ces productions pré-manic shooters que les virtuoses japonais de Cave a popularisé dans les années qui ont suivi. Comprendre : il faut toujours éviter de se prendre les nombreux tirs à l’écran mais on n’est pas au niveau de déluge démentiel d’un DoDonPachi et on peut plus se focaliser sur la destruction de l’ennemi que sur sa survie.

À un ou deux joueurs, vous explosez tout ce qui bouge à l’écran en évitant les multiples avions aux tendances légèrement suicidaires et les tirs qui fusent dans tous les sens. A tout prendre, vous essayez également de survivre.
En cours de route et parce qu’il ne faut pas se tourner les pouces en plein génocide, les joueurs sont invités à collecter les bonus et les Power Ups qui vont leur permettre d’améliorer largement leur équipement jusqu’au moment fatidique où le traditionnel boss de fin de niveau apparaîtra pour leur faire coucou. En toute amitié, bien entendu.

Et puisque vous n’êtes pas dans Mass Effect, il n’y aura pas ni palabres, ni discussions sur le sens de la vie, ni résolution amiable du conflit. Il faudra lui exploser la tronche ou mourir. Tout aussi classiquement, vos pilotes disposeront d’un certain nombre de bombes surpuissantes qui vous permettront de dégager l’écran de la présence des importuns ou d’affaiblir ce boss chafouin qui refuse obstinément de crever.
Vous l’aurez compris, décrire le fonctionnement d’un shoot’em up en 2025 est à peu près aussi utile que de vous expliquer que l’eau, ça mouille (et le feu, ça brûle mais je garde cette révélation pour le prochain test). Afin de ne pas vous faire perdre complètement votre temps en lisant ce test, nous allons donc nous pencher sur les aspects les plus intéressants de cette nouvelle production qui débarque tout de même 29 ans après le dernier épisode, Sonic Wings Special (sorti à l’origine sur la Saturn de Sega).

Non, n’insistez pas, je refuse d’intégrer Aero Fighters Assault dans la chronologie de la série. Je vous laisse le soin d’aller vous renseigner sur Internet pour comprendre pourquoi je refuse de comptabiliser cet épisode réalisé par Paradigm Entertainment sur Nintendo 64. Mais revenons donc à ce Sonic Wings Reunion qui nous intéresse aujourd’hui.
Globalement, il s’agit d’une relecture modernisée du Sonic Wings Special qui a cette particularité d’être sorti sur console avant d’être adapté en arcade (le rédac chef me reproche souvent de ne pas suffisamment citer le nom des jeux dans mes tests. Cette fois, je pense qu’il ne sera pas déçu).

En effet, tout comme le dernier épisode classique de la série, ce nouveau jeu est une sorte de menu Maxi Best of qui reprend un certain nombre des niveaux, personnage et ennemis des jeux précédents en y ajoutant un certain nombre d’éléments inédits. Cerise sur le gâteau et bien qu’il conserve les personnages 2D version anime (les fans, s’il en reste, n’auraient de toute façon pas accepté ce sacrilège), il modernise très clairement le visuel en passant, durant les phases de gameplay, des antiques sprites et les décors 2D à une 3D nettement plus moderne (attention, je n’ai pas forcément dit que c’était mieux).
Alors, bien évidemment, ça rajeunit un peu la proposition mais il ne faut pas forcément être un expert pour noter que la 3D reste assez pauvre et que les décors, qui évoquent les différents continents, ne risquent pas de trop décrocher les mâchoires. Manette en main, les choses ne s’améliorent pas forcément puisque le joueur découvrira assez rapidement, sur Switch et en mode portable notamment, que le choix des développeurs d’avoir opter pour des tirs roses sur des décors 3D des fois un rien bordéliques provoque un léger problème de lisibilité.

En gros, vous allez crever, non pas parce que vous êtes mauvais (bien que vous le soyez), mais parce que vous ne voyez plus rien à l’écran. Et ça, c’est tout de même un peu fâcheux dans ce genre de production. Pour avoir essayé le jeu en mode docké, c’est un peu mieux mais le choix des couleurs n’est pas toujours vraiment judicieux et la lisibilité de l’écran reste parfois assez… aléatoire.
Je vous laisse le plaisir de découvrir le 8ème niveau avec ses nuages, ses montagnes enneigées, ces cochonneries de tirs roses qui dégueulent à l’écran et les différents avions qui passent de l’arrière-plan à l’avant-plan à tout bout de champ. Un vrai bonheur. Court, forcément court. Et un chouette game over.

Fort heureusement, les différents avions répondent au doigt et à l’œil et l’animation se montre sans faille, quel que soit le nombre d’ennemis, de tirs ou la taille des boss que vous affronterez. Vous me direz, vu la tronche de la 3D, il n’y a pas forcément de quoi pavoiser. Au vu de ce qui est affiché à l’écran, il n’y a clairement pas de quoi mettre la Switch 2 à genoux, ni même la faire toussoter un peu (j’ai eu la flemme de ressortir l’ancêtre).
Et puisque je suis un testeur très sympathique, je ne dirai presque rien de la bande-son constituée par une espèce de techno indigeste voire indigente dont on ne retient strictement rien. Bref, c’est un peu comme une musique d’ascenseur pour un… Mais je m’égare. En ce qui concerne les différents personnages jouables, ce nouvel épisode ne trahit pas l’esprit d’une série bien connue pour son large casting.
En effet, vous aurez accès à pas moins de 9 personnages de différentes nationalités avant de pouvoir débloquer d’autres pilotes secrets. N’insistez pas, je n’en dirai pas plus (puisque, justement je n’ai pas réussi à les débloquer). Du côté des avions, ce n’est pas moins de 8 engins différents qui s’offrent à vous (là encore, avant de débloquer les avions secrets. Ah quel mystère !). Bien évidemment, chaque avion dispose d’un tir spécifique et de bombes à l’effet, là aussi, variable.

Certaines vous donneront la possibilité d’échapper à une situation qui semble désespérée, d’autres vous permettront de brièvement stopper le temps tandis que les dernière seront, enfin, conformes aux attentes légitimes des plus psychopathes d’entre nous et provoqueront des dégâts massifs à l’ennemi. Là où les anciens pourraient être déçus, c’est que le jeu ne propose (à la base) que 8 niveaux alors que Sonic Wings Special proposait pas moins de 17 niveaux différents.
On va dire que le passage à la 3D compense cette sélection plus réduite, ce qui est tout de même un peu fâcheux pour un épisode « Reunion ». Le jeu n’étant pas si difficile, la durée de vie s’en ressent nécessairement. Et vu que je viens de me classer 21ème mondial ce soir, j’ai la très nette impression que nous ne sommes vraiment pas nombreux à y jouer.

Petite subtilité dont je ne me rappelais pas dans les précédents opus, le jeu vous permet de choisir un wingman qui n’apparaîtra hélas pas à l’écran mais qui vous permettra de choisir entre larguer ses bombes ou les vôtres. Ce qui, compte tenu de la spécificité de l’armement des uns et des autres, peut avoir un intérêt stratégique assez évident.
À l’arrivée, ce nouvel épisode de la série Sonic Wings n’est clairement pas déplaisant malgré son côté suranné et sa réalisation modeste. D’autant que son mode deux joueurs pourra faire de lui un petit apéritif tout à fait convivial. Pour autant, je ne suis pas persuadé que les joueurs actuels soient particulièrement réceptifs, surtout au tarif auquel il est proposé, à ce qui ressemble quand même à un ovni échappé des années 90.
Genre : Shoot’em up
Développeur : Hamster
Editeur : Red Art Games
Date de sortie : 7 octobre 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Genre : Shoot’em up