Jeux vidéoJouer

Oasis Mission: Colony Sim

Seul dans votre vaisseau, vous découvrez à travers le hublot un paysage attrayant dont l’aridité n’enlève rien à son charme. Un lieu idéal pour vivoter et profiter d’une vie frugale, loin du rythme effréné de votre vie passée. Mais l’alarme stridente du module d’atterrissage vous extirpe de vos songes et vous rappelle à l’ordre. Votre mission ici ne tient qu’à un mot : Produire ! Oasis Mission: Colony Sim vous place dans la peau d’un colon du futur envoyé sur une région déserte. Jadis magnat de l’industrie, scientifique ou haut gradé militaire, vous êtes ici pour établir une colonie scientifique, exploiter les ressources naturelles de votre nouvel habitat puis envoyer trois fusées pleines à craquer de composants vers la station orbitale. Une quête vue d’un mauvais œil par Oblivion, intelligence artificielle optionnelle déterminée à anéantir vos plans à coup d’assauts et de cyber-attaques.

Oasis Mission: Colony Sim fonctionne dans les grandes lignes comme un simulateur de colonie classique et de complexité modérée. Tout juste débarqué sur une carte abondante en ressources, vous installez les prémices de votre premier camp à proximité d’une source d’eau, soucieux de fournir à votre population de l’électricité, des logements et bien sûr un lieu de travail. Vos premiers ingénieurs, seuls habitants du jeu, arriveront via le spatioport fraîchement construit et se chargeront d’effectuer des recherches pour développer l’arbre technologique ou produire, à terme, des matériaux et des consommables à la complexité croissante. Décrit ainsi, le jeu s’apparente à la myriade de jeux de gestion sur le marché. Pourtant, il s’en démarque à bien des égards, à commencer par son système d’ouvriers.

Dans ce simulateur futuriste, les hommes délèguent les tâches ingrates aux robots, représentés ici sous forme de vaisseaux. Ce sont eux qui récoltent la majorité des ressources, construisent des bâtiments, endossent le rôle de taxi et défendent la colonie, selon comment vous les avez conçus. Oui, conçus. Depuis le chantier naval, vous constituez votre flotte d’ouvriers à la carte, de la coque aux modules en passant par diverses améliorations au coût variable. Installez un laser minier pour permettre à votre robot d’extraire des minerais. Ajoutez-lui un module de cargaison pour qu’il charge davantage à chaque trajet. Puis un lance-roquette léger, sait-on jamais…

Ce pan du jeu qui m’a de prime abord semblé gadget se révèle en réalité excellent. Limité par une poignée d’emplacements, vous composerez une flotte de vaisseaux multi-tâches et d’autres plus spécialisés, avec un réel potentiel d’optimisation. Préparez des vaisseaux mules pour vos routes inter-colonies, d’autres plus rapides pour le transit de ressources rares ou encore de vrais tanks spatiaux engagés dans la défense de vos structures. Avec 11 coques et des dizaines de modules influant sur 12 caractéristiques, la liberté d’action est appréciable.

Le volet exploitation d’Oasis Mission: Colony Sim se veut plus traditionnel. Et peut-être un peu simplifié. Les sources et gisements prennent la forme de cercles colorés dont la largeur dépend du stock, sur lesquels vous envoyez vos ouvriers ou placez vos structures d’extraction. Ces sources, seulement 1 à 2 sur la carte par type de matière première, se trouvent éloignées les unes des autres pour offrir un défi logistique et se renouvellent à un rythme indiqué auquel vous devrez prêtez attention sous peine de vous trouver en fâcheuse posture. Le jeu intègre une petite douzaine de ressources naturelles et autant de produits manufacturés, à stocker dans des entrepôts et des cuves avant utilisation.

Vous pouvez connecter physiquement ces derniers pour former des dépôts géants ou établir des routes logistiques via un menu aussi simple qu’efficace depuis lequel vous attribuerez un vaisseau et définirez les ressources -et leur quantité- à transférer. Cette problématique d’approvisionnement représente le cœur du jeu et génère de sympathiques nœuds au cerveau malgré une certaine redondance dans la boucle de jeu (comme nous le verrons plus tard). Enfin, vous pouvez ouvrir des routes commerciales avec différentes stations orbitales pour vendre votre surplus ou combler un besoin. Un tableau détaillé liste les produits compatibles avec chaque partenaire ainsi que leurs tarifs d’achat et de revente, pratique pour repérer en un coup d’œil les meilleurs plans.

Si le volet précédent participe avec gentillesse au bon développement de votre alopécie, la gestion de votre population enterrera définitivement votre belle chevelure. C’est qu’ils sont un peu exigeants ces ingénieurs. Les types traversent des milliers sinon des millions de kilomètres et n’acceptent de travailler qu’à proximité de leur logement (alimenté au réseau électrique bien sûr). Et s’ils améliorent leur efficacité en travaillant, ils se fatiguent aussi, donc il faut prévoir un surplus de population payée à se rouler les pouces pour avoir une rotation de travailleurs. Sinon, ils perdent le moral les pauvres. Puis ils protestent. Puis ils se barrent. Non sans avoir tenté de vous extorquer des milliers de dollars.

Pour freiner la baisse naturelle de moral, vous pourrez produire ou acheter des consommables. De l’eau et de la nourriture bien sûr, mais aussi des médicaments, de superbes combinaisons ou des robots domestiques. Cet aspect du jeu s’avère punitif, à la fois par son exigence (tant mieux), par les évènements optionnels qui chamboulent la partie, mais surtout par son manque général de clarté. Le tutorial intégré et la fenêtre des besoins ne suffisent pas. Ils nous forcent à apprendre par essai-erreur en pleurant l’absence de notifications. Rien d’insurmontable passées les premières heures de jeu, prévoyez juste une brève partie à blanc.

Oasis Mission agrémente votre partie d’objectifs et de soutiens stratégiques appelés pactes. Directs dans leur approche, les objectifs (scientifiques, militaires ou commerciaux) vous rapporteront de l’argent et des points de recherches. Les pactes, au nombre de 25, s’apparentent à des bonus éphémères touchant à tous les aspects du jeu, comme vos revenus, votre production, le moral de votre population… Contrairement aux objectifs, proposés au hasard, les pactes se déverrouillent avec des points de recherche. Libre à vous ensuite de choisir lesquels activer selon vos problématiques du moment, sachant que vous pourrez à terme bénéficier de 3 pactes simultanément. La mécanique demeure aussi importante que répétitive, pas déplaisante mais au final peu ambitieuse.

La partie combat oscille pour sa part, et selon la difficulté, entre la nuisance acceptable et l’enfer sur terre. Pour contrer le harcèlement de Oblivion, maintenez une flotte militaire conséquente et placez des pare-feu, puis utilisez les pactes dans le but d’abaisser le niveau de menace. Si ce pan du jeu joue son rôle d’obstacle à merveille, il manque un peu de panache et d’intérêt. Plus gênant, il m’a agacé en raison du comportement absurde de nos vaisseaux qui force à une surveillance accrue. Il lui manque peut-être un peu de finition car en l’état il laisse l’impression d’une mécanique encore en accès anticipé. Phase que le jeu vient de quitter…  Au final, j’ai préféré ma partie en mode pacifique.

Dans l’ensemble, je l’apprécie quand même ce Oasis Mission. Il possède de bonnes idées comme la gestion d’une flotte d’ouvriers modulaires et propose des mécaniques de production et de logistique simples mais stimulantes. Il peine cependant à subsister sur la durée. La faute à une boucle de jeu répétitive couplée à une découverte rapide de l’ensemble du jeu. On traverse l’arbre technologique à grande vitesse, avec un camp de taille modeste et l’atteinte de l’objectif final en seulement 5h de jeu. C’est peu au vu de la complexité -relative- du titre.

On peut certes continuer sans but ou bien recommencer, sur un autre environnement, avec des réglages de départ et de difficulté différents, mais les parties se ressemblent un peu trop. Je ne sais au final pas sur quel pied il danse, tant son degré d’exigence ne concorde pas avec sa brève durée de vie. Les férus du genre en feront trop vite le tour, quand ceux qui visent un plaisir léger risquent de le trouver trop aride ou casse-tête. Enfin, le jeu manque cruellement de finition, comme s’il méritait une période supplémentaire d’accès anticipé. Il faut maintenant relativiser, il s’agit d’un jeu développé par une seule personne et proposé à 15€, ou 10 lors des promotions. Un titre à surveiller mais que je peine à recommander en l’état.

Genre : Simulateur de colonie

Développeur : Lunar Pug Studio

Éditeur : Lunar Pug Studio

Date de sortie : 10 Mars 2025

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Krev

Passionné par le jeu de stratégie sous toutes ses formes. Aime y jouer... et joue à écrire dessus !

Commentaires fermés.