Knightica
Je vous en parlais déjà dans mon retour sur le Play Sorbonne Festival 2025, Knightica n’est – même de loin – absolument pas mon type de jeu. C’est un Auto Battler Roguelike avec des graphismes choupinou. Oui vous ne rêvez pas, un développeur, en plein salon, m’a proposé avec un grand sourire de m’assoir devant son jeu. Forcément, comme j’avais Baalim qui ricanait bêtement à côté je n’ai pas pu refuser. Mais qu’est-ce qui lui a pris au jeune Vincent, développeur chez Mad Mango Games, dont vous pouvez lire une interview en fin d’article ?
Non parce que bon, ce qui démarrait comme un essai par politesse s’est transformé en curiosité. Comme je discutais en même temps avec lui, je n’ai pas vraiment pu profiter des mécaniques, mon attention partagée entre ses explications, les couleurs flashy à l’écran et l’obligation de surveiller Baalim qui ronchonnait encore après sa fessée à Street Fighter.
Quelques jours et un échange d’emails plus tard, je me retrouvais au calme chez moi avec une version complète du jeu. Enfin je dis ça mais tout est verrouillé et il faut que j’avance dans le jeu pour débloquer de nouveaux héros et mondes. N’importe quoi !
Chaque héros disposant de capacités spéciales, il va vous falloir faire un (ou plus raisonnablement plusieurs) run pour apprendre à les exploiter. Il en est de même pour les unités que vous pourrez acheter à chaque début de bataille. Il y a de tout : des chevaliers, des sorciers, des ogres, des dryades, des zombies, des dragons (que vous achetez à l’état d’oeuf !), certaines spécialisées dans le corps à corps, d’autres offrant des bonus au début de la bataille ou à leur mort et elles ont toute une faction d’origine.

Donc oui, il va falloir apprendre à acheter des unités qui ont des synergies afin de maximiser les dégâts infligés à toutes les saletés que le jeu vous envoie. Dernier léger détail : chaque unité occupe un certain nombre de cases sur votre grille de départ. Si les débuts sont simples, l’argent manquant pour la remplir, vous vous rendrez vite compte que Knightica tourne très vite au Tetris avec une place qui devient dramatiquement limitée, vous obligeant à sans cesse remanier votre déploiement.
Et bien entendu, entre les synergies, les spécialisations et les tailles, vous serez rarement satisfait du résultat. Heureusement qu’il est possible d’acheter quelques cases supplémentaires sur le pourtour et surtout, de fusionner deux unités identiques en une, plus expérimentée. Parce que bien entendu vos unités gagnent en expérience et tapent et encaissent de plus en plus.

Il faudra bien cela pour survivre aux 12 niveaux qui composent chaque monde et qui se finissent immanquablement par un boss. Si vous échouez sur un niveau normal, pas de panique, vous prenez une grosse taloche mais pouvez quand même continuer. Si votre héros tombe à 0 PV par contre, ou si c’est le boss qui vous tue, c’est game over et il faut recommencer à zéro.
Ce qui oblige a bien réfléchir à certains moments clés, comme ce passage en milieu du monde où on vous propose de combattre un mini-boss pour gagner de super récompenses ou d’aller dans une auberge pour vous restaurer. Gourmand ou prudent ?

Une fois vos troupes achetées – je vous recommande chaudement de tester un maximum de combinaisons possibles et surtout de lire les fiches de chaque troupe – et disposées, vous lancez la bataille et… tout ce petit monde se met sur la tronche, car je vous le rappelle, nous somme devant un Auto Battler.
Et c’est sûrement le point qui m’a pris le plus au dépourvu, parce qu’après avoir réfléchi deux plombes devant le magasin, hésité entre cette troupe-ci et celle-là, tenté trente dispositions différentes pour optimiser les synergies, vous devez accepter de vous en remettre au destin.

Qu’importe votre skill, dans Knightica c’est la planification qui compte. Et la chance aussi un peu, parce que si la boutique n’est pas gentille avec vous, votre run ne durera pas longtemps. Il y a heureusement des moyens de rétablir la balance, avec des pouvoirs qui changent drastiquement certaines mécaniques.
De nombreux choix, une réalisation très propre avec des graphismes choupinous, la possibilité de sauvegarder quand on veut, Knightica coche toutes les cases du titre addictif, même si la difficulté est parfois un peu injuste – mais bon ça va tellement vite de recommencer que ça n’est pas bien grave –, et propose pour un tarif très raisonnable un titre indé de qualité – et français ! – que je vous recommande chaudement. S’il a su me convaincre et m’accrocher, pourquoi pas vous ?

Bonjour, pouvez-vous présenter Mad Mango Games à nos lecteurs ?
Bonjour ! Bien sûr. Mad Mango Games c’est deux développeurs d’Île-de-France ! On s’est lancés en indépendants après 5 et 6 ans à travailler sur des jeux mobiles. On avait envie de faire des titres qui nous plaisent vraiment, des expériences courtes mais intenses avec beaucoup de rejouabilité.
Quel type de joueurs êtes-vous ?
On joue principalement à des roguelikes, des jeux de stratégie et des jeux compétitifs. On est donc naturellement fans de Teamfight Tactics, Balatro et Super Auto Pets, mais aussi de Smash Bros. ou 9 Kings !
Comment vous est venue l’envie de développer Knightica ?
Notre passion pour Teamfight Tactics principalement ! On avait envie de mélanger son concept de boutique chaque tour et de gestion d’économie avec des synergies plus implicites, comme dans Heartstone. On voulait aussi se différencier avec des combats de plus grande ampleur, et avoir le plaisir de voir plein de petites unités se foncer dessus.
C’est votre deuxième titre, après Job Joust, en deux ans. Quelle est votre méthode de travail ?
On passe beaucoup de temps à chercher des idées et à tester des petits prototypes pour vérifier si c’est fun. Ensuite, on se pose pour imaginer un jeu autour de ces mécaniques, et on se demande si ça peut plaire à d’autres joueurs.
Après un ou deux mois de travail, on cherche des avis extérieurs pour voir les retours et savoir si on peut améliorer le jeu ou s’il vaut mieux repartir de zéro. On essaie de ne pas passer trop de temps sur une idée si elle ne semble pas assez prometteuse : c’est essentiel selon nous pour survivre en indépendants et ça permet de garder une vraie fraîcheur dans les projets !
Quels outils avez-vous utilisés pour le développement ?
Nos jeux sont réalisés avec Unity comme moteur de jeu, Git comme outil de versioning, Photoshop et After Effect pour les dessins et animations des personnages, et Visual Studio pour le code.
Que pensez-vous de l’utilisation de plus en plus fréquente de l’IA par les studios de développement ?
Je comprends totalement les petites équipes qui veulent prendre des raccourcis pour rendre leurs projets plus ambitieux, mais on se refuse à utiliser de l’IA générative pour des raisons éthiques. J’ai la chance de travailler avec des artistes capables de donner une véritable âme à nos créations, et je pense que c’est l’idéal.
Planchez-vous déjà sur votre prochain projet ?
Pas encore ! On continue encore de mettre à jour Knightica pour répondre aux retours des joueurs et garantir une bonne variété entre les parties ! Mais on a déjà des idées pour la suite, toujours dans le style stratégie / tour par tour !
Est-ce que Mad Mando Games restera un studio indé ? Ou espérez-vous rejoindre un éditeur ?
On a sorti Knightica avec l’aide de Goblinz Publishing, un éditeur français super sympa, et l’expérience a été excellente. On est vraiment nuls pour présenter notre jeu, et leur aide à ce sujet nous a permis de toucher beaucoup plus de joueurs.
Nous nous sommes croisés au Play Sorbonne Festival 2025. Quels sont les retours du public pendant ces événements ?
Excellents ! Ces événements sont parfaits pour voir comment un jeu se prend en main et ça s’est bien passé pour nous. Notre jeu demande de la réflexion et un festival n’est pas toujours le moment idéal pour s’y plonger à fond, mais ça donne un très bon aperçu ! On améliore souvent les textes d’introduction et les étapes du tutoriel après avoir observé les premiers pas des joueurs.
Que pensez-vous de la scène indé française ?
On voit des jeux de super qualité et très créatifs en France. Malheureusement, on a encore peu de liens avec la scène indé française. On est un peu dans notre coin et on a du mal à rencontrer nos pairs, mais on espère que ça viendra avec le temps !
Merci pour votre temps, je vous laisse le mot de la fin !
Merci à vous de vous intéresser à notre jeu ! On est avant tout des passionnés, et on veut continuer à créer des expériences fun. On espère que vous avez aimé créer votre armée dans Knightica !

 
			 
							 
							