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Above Snakes

Je pense qu’il va falloir mettre préalablement les points sur les i. Car voyez-vous, je suis, dans le fond, un testeur gentil et compatissant. Complaisant parfois. C’est grâce à mon infinie bonté que certains jeux, bénéficiant ainsi de mes immenses largesses, n’ont pas été impitoyablement sanctionnés pour leur réalisation parfois douteuse, quand elle n’était purement déficiente (ça et le fait que je sois payé en Doritos). 

Alors, avant de commencer à vous parler de cet Above Snakes, déjà sorti deux ans auparavant sur PC, je vais devoir tout de même signaler que le jeu est globalement assez moche. En voyant la tronche de la palette de couleurs, je me suis demandé si je n’avais pas déréglé ma télé à force d’en tripatouiller les réglages pour une image un tant soit peu correcte de ma Wii.

Car, voyez-vous, quand je m’ennuie les dimanches, je vais hanter les brocantes et vide-greniers à la recherche de vieilleries numériques et autres cochonneries qui iront peupler ma cave. Chacun ses vices, ne me jugez pas. En plus elle n’était pas chère.

Bref, Above Snakes, développé par Square Glade Games commence assez mal. C’est pas de sa faute, c’est un délit de faciès, j’en suis conscient, mais bon, faut pas se mentir, c’est pas très beau.

Avouez que cette alliance de couleurs ternes et de modélisation sommaire ne vend pas du rêve.

Vous me direz que le graphisme, ça ne fait pas tout et que si on joue sur Nintendo Switch, c’est qu’on est au dessus de ces basses considérations.  Bref, le moche, ça nous connait sur cette machine et, plus globalement sur les bécanes de Nintendo depuis une bonne vingtaine d’années. Essayons donc de découvrir ce que peut cacher Above Snakes sous sa parure un peu cradingue.

Une brève cinématique dessinée à la main nous met dans l’ambiance en racontant comment de gentils cowboys et indiens qui vivaient dans la plus grande harmonie (après s’être gentiment massacrés les uns les autres), se font soudainement agresser par un gros météorite bien dégueu et verdâtre qui va ravager leur petite bourgade et transformer la moitié d’entre eux en d’ignobles zombies visqueux.

On va croire que je m’acharne mais voici venir le terrible ours polygoné !

Le jeu commence alors que vous êtes en train de somnoler dans votre petite cabane. Loin de moi l’idée de penser que notre héroïne puisse souffrir d’une gueule de bois monumentale mais, le fait est que la destruction du village n’a même pas réussi à la sortir de son sommeil de plomb. Comble de malchance, lorsqu’elle se réveille enfin, elle s’aperçoit qu’elle est gaulée comme le héros du premier Alone in the Dark.

Pour faire simple, elle porte fièrement ses immenses polygones et ses textures bien low tech. Et comme le jeu permet de zoomer plus ou moins fortement sur le personnage principal, les quelques doutes que le joueur bon samaritain pouvait encore entretenir quant au visuel sont rapidement dissipés. Je ne m’attendais pas un miracle graphique mais il faut reconnaître que le jeu parvient néanmoins à être en deçà de mes attentes.

Une indienne qui discute gentiment un cow-boy… John Wayne m’aurait donc menti ?

Enfin, je ne suis pas là pour tester les capacités de la Switch 2 (je pense que Nintendo n’aurait pas forcément apprécié la démarche) mais pour aller couper du bois, casser sur des rochers, récupérer tout ce qui tombe et fabriquer plein de trucs bizarres. Accessoirement, pour buter des zombies et leur faire les poches.

Dès les premières minutes de l’aventure, notre personnage, qui se révèle être une jeune indienne dénommée Aiyana, va rencontrer une autre survivante cow-girl qui, bien évidemment, va tout de suite lui donner des ordres et lui demandera d’aider les villageois. Après tout pourquoi faire soi-même ce que fera la gentille squaw locale… 

Évidemment, il vous manque toujours un truc. Ça n’arrive pourtant jamais à MacGyver.

Aide aux villageois qui passe manifestement par la confection d’une hache et le convoyage de rondins vers le centre-ville. Rassurez-vous, il y a deux bicoques qui se battent en duel. J’ai connu plus héroïque dans ma vie de joueur mais va pour le stage de bûcheron. S’en suivra un long tutoriel qui apprendra au joueur les différents mécanismes d’Above Snakes. 

Si certains sont habituels (création d’items divers via un établi, récolte de matériaux, apprentissage des haches et des autres outils, confection de vêtements) d’autres, à l’image de cet atelier de cartographie, vont s’avérer plus surprenants.

J’avoue, j’ai piqué les images officielles. Je n’ai pas encore trouvé ce bateau.

Et effectivement, cet atelier de cartographie va rapidement se révéler être le gimmick malin de ce jeu. Ainsi, au fur et à mesure des pérégrinations de notre héroïne, celle-ci aura l’occasion de découvrir différentes tuiles qui sont autant de biomes.

En effet, le joueur dispose de plusieurs cartes rectangulaires ou tuiles qui représentent autant de biomes distinct qu’il va pouvoir disposer à sa guise, les uns à côté des autres, sous réserve toutefois que ces tuiles aient des bordures qui soient compatibles les unes avec les autres. Rololo ! Comment ça, vous n’avez rien compris ? On va montrer tout ça avec des jolis dessins :

Comme vous pouvez le constater, seuls les tuiles aux bords compatibles peuvent collées les unes aux autres.

Bon, c’est plus clair, maintenant ? La particularité de ces tuiles est qu’elles vous permettent de forger le monde selon vos préférences, en l’étendant du nord au sud, de l’est ou l’ouest au choix et en décidant vous-même du biome que vous allez placer et explorer dans la foulée.

Et, bien évidemment, le choix de ces biomes (forêt verdoyante, désert, lac, rivière, clairière ombragée etc.) va avoir une incidence directe sur les formes de vie – ou de non vie- et les ressources susceptibles de s’y trouver. L’air de rien, c’est assez rafraichissant comme idée, en plus de donner au jeu un aspect visuel assez inédit.

Vous avez le Thor Hammer. Un coup et tout disparait !

Les autres mécaniques de gameplay sont nettement plus classiques et éprouvées mais fonctionnent toujours aussi bien. Ainsi le cycle jour / nuit aura des effets sur votre condition physique et votre état de fatigue mais également sur les mauvaises rencontres que vous serez nettement plus susceptible de faire durant la nuit.

Traduction : la journée, on gambade, on explore et on bosse tandis que la nuit, on se planque comme un gros lâche. Oui, dit comme ça, on croirait presque Dying Light. C’est bien sympathique à jouer le temps de courtes sessions mais il faut bien reconnaître que le jeu ne réinvente pas vraiment la roue. Et, surtout, le rythme indolent risquera d’être fatal aux narcoleptiques qui s’ignorent. Ici, le terme de patient gamer prend un tout autre sens.

Il n’est pas joli, mon lac ?

Car, il fait bien le reconnaître, si Above Snakes est bien sympathique à prendre en main, si l’on apprécie les capacités évolutives de son atelier, son déroulement reste hélas un peu poussif, au moins sur les premières heures de jeu. De fait, son système de tuiles qui permet de façonner l’air de jeu à sa guise est pratiquement le seul gimmick qui lui permet de sortir de l’anonymat parmi la foule de jeux similaires sortis ces dernières années.

Notez toutefois que la Switch dispose d’un nombre bien moins élevé de jeux de survie, jeux de craft, world builder (non, je ne traduirai pas) que le PC, ce qui jouera nécessairement en faveur d’Above Snakes (croyez-le ou non, ma paie augmente à chaque fois que j’écris le nom du jeu).

En définitive et malgré un aspect visuel assez terne et en deçà de la concurrence sur Switch, le jeu reste une expérience sympathique, pour le joueur le moins impatient, tout du moins. Un jeu de survie chill en compagnie de cow-boys gentils et de zombies neurasthéniques, c’est quand même pas courant, non ?

Genre : Survival/ craft / world builder

Développeur : Square Glade Games

Editeur : Crytivo

Date de sortie : 4 septembre 2025

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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