Early Access: Utopia Must Fall
Il y a des jeux vidéo dont le concept et/ou le gameplay s’avère d’une telle évidence, d’une simplicité si biblique que l’existence même du misérable testeur ne se justifie pratiquement plus. Prenez donc le cas de cet Utopia Must Fall, récemment sorti sur Steam et qui bénéficie déjà d’un certain nombre d’avis très favorables.
À première vue, cette petite production signée Pixeljam (Dino Run, c’est eux) ressemble à une tentative low cost de surfer sur la nostalgie, et plus particulièrement sur la nostalgie des vieux qui ont connu le système Vectrex sorti au début des années 80.

Pour ceux qui l’ignorent, et ils doivent bien être quelques-uns dans la salle, les jeux Vectrex étaient des jeux en 3D fil de fer (ou plutôt vectorielle). D’une certaine manière, ils étaient les homos erectus de nos jeux 3D actuels.
Du côté de l’arcade, cette 3D préhistorique est également très populaire à l’époque, avec des jeux comme Tempest de Jeff Minter ou Star Wars d’Atari qui simulait l’attaque de la Death Star et, plus spécifiquement, le passage dans lequel Luke s’engouffre dans le couloir qui lui permettra d’atteindre le réacteur et unique point faible de la mégastructure (toujours penser à brosser dans le sens du poil nos lecteurs les plus conspirationnistes).
Avec Utopia Must Fall, Pixeljam entend, aujourd’hui, revisiter à la sauce Vectrex l’antique Missile Command d’Atari. Comme dans ce vieux classique parmi les classiques, vous êtes cloué au sol et vous devez défendre coûte que coûte la population (affichée en temps réel) des plus grandes métropoles de notre globe, lesquelles sont menacées d’extinction par ces gros salopards cisgenres et misogynes d’extraterrestres (j’extrapole peut être les sombres desseins de nos cousins de l’espace) et vous devez tout faire péter pour empêcher leur destruction (les villes hein, pas les gueux venus de l’espace). Et… C’est tout.
Vous admettrez que le gameplay est tellement évident et archaïque qu’aucune autre explication n’est réellement nécessaire pour comprendre vos objectifs. Oui, c’est ça le jeu vidéo réduit à sa plus pure expression. Vous, la manette (ou le clavier) et les méchants.

Les extraterrestres sont vicelards et hargneux, se dédoublent, se démultiplient, attaquent en escadrons, disparaissent aussi subitement qu’ils sont apparus, balancent des lasers dans tous les sens tandis que nos pauvres havres de civilisation s’en prennent plein la tronche.
Et encore, ça, c’est sans compter les astéroïdes qui tombent dans tous les sens et qui se fractionnent en plusieurs morceaux à chaque impact. Missile Command rencontre donc Asteroid pour la plus grande joie des Ataristes du monde entier ! Non, ne vous moquez pas. Ils existent et ils sont parmi nous.

Avant de lancer une partie, sortez votre WALKMAN et votre plus beau T-shirt Tron ou Ghostbusters parce que vous allez faire un bon dans le temps de 30 ans dans le passé. Allez, hop, à vos manettes et claviers, soldats !
Histoire de laisser une – toute – petite chance de survie aux habitants du Caire, de Londres ou de Paris, vous cliquez comme un forcené sur les boutons de votre souris ou de votre joypad (ça marche très bien dans cette configuration et le jeu est d’ailleurs compatible Steam Deck) et faites valdinguer votre mulot d’un bord à l’autre de votre tapis de souris Hello Kitty tandis que la sueur dégouline sur votre front (viril et héroïque, il va sans dire).

Vous comprenez, alors que la cinquième vague de pourritures extraterrestres déboule à l’écran, qu’il va falloir sérieusement s’activer si vous voulez devenir le héros qu’attend toute l’humanité (Musique de Sabaton en fond sonore).
De mon côté, j’ai lâché l’affaire. Hasta la vista Paris et Londres. Tant pis, il me reste toujours New York, le Caire ou Abu Dhabi avant d’avoir cramé mes dernières cartouches. Alors bien évidemment, singer les jeux d’antan aurait probablement été un peu vain.

Le jeu fait donc quelques concession à la modernité en proposant un système d’upgrade qui repose sur vos usines ne restent pas inactives et permettent, entre chaque vague, d’améliorer votre armement, de doter vos villes de champs magnétiques, drones, tourelles de défense etc.
Pour survivre, il va falloir rapidement assimiler les ennemis les plus rapides, les tirs les plus susceptibles d’impacter une zone plus ou moins importante de votre ville, jongler entre les escadrons aliens et ces cochonneries de météorites qui n’ont clairement pas choisi le bon jour pour vous tomber dessus. Bref, il va falloir se retrousser les manches.
Et il va falloir très penser sérieusement à améliorer votre équipement pour espérer provoquer une destruction plus massive de l’ennemi et améliorer plus ou moins sensiblement les probabilités que la population continue à respirer.

Chaque vague d’ennemis anéantie vous offrira fort heureusement, la possibilité d’opérer un choisir qu’on espère stratégique entre l’amélioration de votre armement ou la mise en place de nouvelles capacités offensives et/ou défensives grâce aux usines qui s’activent au sol.
Profitez-en, il s’agit du seul moment d’aération du gameplay et ça donnera vaguement l’impression à votre cerveau de réfléchir. Je pourrais continuer comme ça un petit moment, broder sur les films de science-fiction, évoquer l’antique The Last Starfighter, médire sur le nouveau ratage de la série Tron, mais ça ne serait que du délayage. Et chez Dystopeek, le brassage de vent, on n’aime pas ça.
Le gameplay d’Utopia Must Fall est simple, voire simpliste, mais suffisamment jouissif pour donner envie d’y retourner à chaque nouvelle défaite. Ce qui aurait probablement été plus simple si Utopia Must Fall n’avait pas choisi de crasher à chaque game over. En ce qui me concerne, c’est une feature quasiment inédite. Heureusement, c’est de l’histoire ancienne depuis la dernière mise à jour.

Au niveau de la réalisation et comme vous pouvez vous en douter à la vue des captures qui illustrent ce test, Utopia Must Fall est – volontairement – basique. Coloré, ultra rétro, c’est un appel du pied continuel au nostalgique des années 80. Vous savez, ce type pour lequel le fluo était la seule couleur de vêtement acceptable et qui pense que Wargames, Weird Science et Short circuit sont des summums du 7ème art.
À l’arrivée et en peu de mots, vous aurez compris qu’ Utopia Must Fall est une sorte de snacking du jeu vidéo. Un défouloir que vous ressortirez régulièrement, histoire de faire une ou deux parties, et de décompresser après un trajet dans un métro plein à craquer ou une virée dominicale dans un Ikea.
Vendu à prix doux , je ne peux que recommander cette nouvelle production Pixeljam, aussi bien aux anciens baroudeurs qu’aux petits nouveaux qui voudrait découvrir si le jeu vidéo, c’était vraiment mieux avant. Je leur laisse le soin d’écrire la conclusion.
Genre : Shoot rétro
Développeur : Pixeljam
Editeur : Pixeljam
Date de Sortie en Early Access : 9 Septembre 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Genre : Shoot rétro