Play Sorbonne Festival 2025
Le 20 Septembre dernier était le samedi de tous les dangers pour les parisiens, accablés par le mauvais temps, les manifestations et… le débarquement d’une bonne partie de la rédaction de Dystopeek pour le Play Sorbonne Festival 2025. Une journée entière à errer dans les halls du campus Pierre et Marie Curie de Sorbonne Université, en essayant de ne pas faire peur à tous ces jeunes geeks tétanisés devant nos barbes grisonnantes notre sagesse.

L’ouverture des portes s’effectuant à 10h, cela a permis à Baalim de n’être presque pas à la bourre – mais un petit peu quand même, monsieur a une réputation à tenir – avant de rencontrer Barbara, notre très sympathique hôtesse de l’agence Warning up.

Nos badges presse récupérés et fièrement arborés, nous partons à la découverte des nombreux développeurs ayant monté leur stand pour présenter ici leurs projets plus ou moins originaux. Je ne vais pas tous les nommer ou en parler, j’avoue que certains projets ne nous ont pas plus attirés que ça, mais voici les principaux qui ont retenus notre attention.

Nous avons débuté notre circuit par Ancestral Players, du studio Enslip : un FPS multi jouable à 4 en écran splitté, dans lequel vous incarnez des hommes préhistoriques tout en rondeurs qui voient leur armement amélioré à chaque fois qu’ils meurent. C’est original et nerveux et même en jouant à la manette (à un FPS !) nous avons passé un bon moment. A voir les ajouts que le développeur apportera et surtout les différents modes de jeu.

Nous avons testé Floodcore un puzzle game dont la démo disponible sur Steam vous offrira une petite vingtaine de minutes de gameplay. Il faudra y jouer avec le moteur physique pour déplacer des cubes sur des interrupteurs. Un moment trop bref qui permet toutefois de voir que le moteur est propre et que la direction artistique flatte la rétine. Impressionnant pour un projet de fin d’études !

N’oublions pas le jeu en cel shading où un personnage de fiction s’échappe de l’atelier de son créateur. Même si nous tous réussi à oublier le nom de ce prototype, il nous a néanmoins fait forte impression avec son personnage très bien modélisé et son univers en noir et blanc.

Nous avons aussi vu Knightica, de Mad Mango Games, qui peut se vanter d’avoir coché le plus de mauvaises cases dans ma grille des genres appréciés. Pensez-donc, c’est un turn-based (ok) roguelike (yerk) autobattler (yerk) aux graphismes mignons (yeeeerk). Menacé par le développeur et aussi parce que c’était mon tour de tester (et donc de subir les remarques moqueuses de mes camarades), je me posais donc devant le clavier et… devais me rendre à l’évidence : c’est du tout bon, le jeu est très dynamique, les effets visuels sont excellents et le gameplay est aussi simple qu’addictif.

Discuter en parallèle avec le développeur ne m’a pas permis de me pleinement savourer l’expérience, qui implique de combiner et d’améliorer ses troupes, mais c’est typiquement le jeu que vous lancez pour une petite séance et où vous levez la tête 4h plus tard. Hop, direct en wishlist.


Un petit tour dans les couloirs nous a aussi permis de découvrir des vieilles machines intégrées dans des objets… étonnants. Doom jouable sur un vélo – oui, il fallait pédaler pour avancer et tourner le guidon pour se diriger – ou encore un jeu intégré à un pupitre d’école ou même un Windjammers sur une machine à laver. Et je passe sur le Frogger jouable avec une immense grenouille en bois. Les jeux d’échecs géants à côté semblaient bien normaux à côté.

Nous avons continué jusqu’à faire un tour complet, repérant les lieux de conférence – l’équipe derrière Clair Obscur: Expedition 33 était d’ailleurs présente, mais aussi FibreTigre, Daz, Lydia, Lâm, Charlie Danger, LeSadPanda et Clément Viktorovitch et ceux où les compétitions de Tetris et autres Osu ! se déroulaient. Il y en avait pour tous les goûts, et même des stands – géants ou pas – où les gens venaient s’agiter sur Just Dance ou Dance Dance Revolution et autres jeux musicaux. Autant vous dire qu’avec nos genoux craquants et nos articulations douloureuses nous sommes restés à distance. (NdBaalim : et aussi parce que c’est de la merde. N’empêche, les joueurs étaient vraiment à fond).


Le coin des jeux de société était un niveau en dessous et c’est là que nous avons perdu Baalim qui a préféré tester en pestant toutes les bornes d’arcade croisées sur son chemin, d’autant que l’excellente association MO56 avait fait le trajet et proposait de découvrir de nombreuses consoles. Dommage que les membres de l’association aient été plus difficiles à attraper que des Pokemon.
Je ne résiste pas au plaisir de vous annoncer que je l’ai humilié sur Street Fighter 2 (avec notamment un splendide perfect) mais je suis sûr qu’il viendra chouiner que c’était une version pétée et que tout était honteusement en sa défaveur.

Je confirme. C’était un hack de l’époque, basé sur la Championship Edition dans laquelle Shun-Li pouvait spammer à volonté. Vous en déduirez ce qu’il y a à déduire, mais en silence, histoire de ne pas gâcher la joie impie de ce sinistre personnage. D’ailleurs, il ne vous parle pas de son 15-0 sur Windjammers. Ce doit être un oubli.
Sandman et moi sommes donc restés à découvrir les très nombreux prototypes de jeux de société : Hunting Grounds, un coopératif (qui peut devenir compétitif) d’exploration assez familial, inspiré des légendes amérindiennes dans lequel les joueurs doivent vaincre le Wendigo et alternent les cycles jour – nuit en renversant littéralement le plateau. Le matériel est superbe, les règles simples pour des parties courtes et une adaptation numérique est en cours de développement.

Un peu plus loin c’était Pierre-François Ricard qui nous a présenté La Toile, un jeu familial où les joueurs doivent se débarrasser de toutes les tuiles en leur possession en les posant sur l’aire de jeu en combinant des symboles, le tout sans se faire attraper par l’araignée qui se promène sur sa toile et en encaissant les crasses des autres. Sympathique et rapide à jouer !

Ce fut ensuite le tour de Donjon & Procrastination, un TCG mignon tout plein et très professionnel créé en 2022 par 3 passionnés, qui semble avoir trouvé son public. Le concept est simple, le modèle économique semble raisonnable et les affrontements aussi brefs que marrants grâce à un humour omniprésent. Sandman, en grand fan de Magic the Gathering, a harcelé les créateurs de questions, ses yeux s’allumant un peu plus à chaque réponse. Autant vous dire qu’on va essayer de récupérer un starter Kit pour vous en parler un peu plus en détail.

Place ensuite à Mega Fayot, un party game rigolo basé sur le monde de l’entreprise et des situations que vous avez assurément vécues au travail. L’autrice – que vous poussez suivre ici – avoue d’ailleurs avoir utilisé son expérience personnelle pour certaines répliques… Une alternative bien plus saine aux jeux à l’humour douteux qui hantent les rayonnages des grandes surfaces.

Tout autre ambiance avec le prototype de Donjons & Barons, un jeu de stratégie qui voit de 2 à 4 joueurs s’affronter pour la suprématie sur des cartes modulables à l’infini. C’est un jeu un peu plus complexe que les autres présentés ce jour-là, qui joue sur l’utilisation du terrain et des combinaisons. C’est très original et devrait intéresser les stratèges en herbe qui veulent mieux que Risk sans forcément tomber dans le wargame pur et dur.


Après un bref passage à la restauration pour refaire le plein d’énergie, vous voici à nouveau devant les démos de jeux. Cela redémarre fort avec un A Planet of Mine: Mastermine Edition (et imaginez qu’une fois ce jeu de mots découvert, vous tournez la tête et voyez que le jeu à côté s’appelle Hamstermind…) intriguant, portage d’un jeu mobile.

Non revenez ça n’est pas ce que ça semble être : c’est un Colony Sim qui derrière des airs gentillets s’avère bien plus poussé qu’il n’y semble : le développement ne se limite pas à une planète mais s’étend sur un système, dans lequel il faut spécialiser les planètes pour optimiser sa production. Le jeu sortira sur Switch et Steam – je rêve de pouvoir y jouer vautré dans le canapé – et profitera de l’expérience du studio, qui s’est fait les crocs sur la version mobile.


Deux gros morceaux ensuite : Prohibeasts, un jeu d’infiltration dans un Chicago au temps de la Prohibition et dont les personnages sont anthropomorphes. Vous dirigerez un Eliot Ness chien devant lutter contre le puma Al Capone qui trafique illégalement de la viande. Derrière ce pitch original et une direction artistique qui flatte la rétine se cache un jeu aux mécaniques aussi classiques qu’efficaces qui vous verra exploiter au mieux les compétences variées de votre équipe. Le jeu est très pro, superbe et devrait se situer entre Eriksholm et les Desperados/Commandos/Shadow Gambit: The Cursed Crew. C’est un jeu Baalim Verboten puisqu’il faut privilégier l’infiltration et la subtilité.

Le jeu suivant, Noir Total: Deadly Party, a eu le mérite de mettre tout le monde d’accord : nous recommandons chaudement ! Sur une map plongée dans le noir, vous affrontez, armé de votre pétoire, jusqu’à 3 adversaires. Oui, dans le noir. Comme ça vous ne savez pas où sont vos adversaires. Ni vous d’ailleurs. Heureusement, chaque coup de feu produit un petit flash lumineux qui permet de repérer le tireur. Il est aussi possible d’allumer – le plus brièvement possible si on tient à la vie – une lampe torche qui permet de s’apercevoir qu’on est bien… pas du tout où on pensait être.

Rajoutez à toute cette confusion la possibilité de passer de la gauche à la droite de l’écran (ou l’inverse), mais aussi du bas vers le haut, jetez des plateformes mobiles et vous obtenez un titre très fun et intense. Il ne faut qu’un petit quart d’heure pour boucler une partie, ce qui bien évidemment conduira à une revanche puis une autre puis… Si les développeurs parviennent à fédérer une communauté derrière leur titre, je lui promets un avenir radieux ! A noter qu’une démo est disponible sur Steam. N’hésitez pas à l’essayer, vous ferez plaisir aux très sympathiques développeurs et risquerez d’avoir une très bonne surprise et un apéro game supplémentaire.

Du côté des party games prometteurs, nous avons également pu découvrir Golfy Golfette qui ressemble à un croisement entre Micromachines et Towerfall et où tous les coups sont permis pour pourrir ses adversaires. La réalisation est encore un peu bancale mais le concept est plus que prometteur pour les amateurs de couch games.
Nous avons également eu l’occasion d’apercevoir Bugscrapper, sorte de run & gun bien bourrin jouable à 4 joueurs et doté d’une 2D avantageuse qui recycle avec succès ses illustres modèles (Megaman en tête).
Needle Eye nous a aussi fait forte impression à Sandman et moi. Ce projet de fin d’études aux faux airs d’Unravel dans lequel un petit personnage peut, grâce à une pelote de laine, lier tous les objets les uns aux autres, nous est apparu aussi propre techniquement qu’ambitieux. Les développeurs aimeraient beaucoup transformer l’essai et en faire un jeu complet, ce qui nous semble être une excellente idée.
La démo est d’ores et déjà disponible sur Itch.io. Là encore, nous ne pouvons que vous suggérer – humblement, bien évidemment – de tenter l’expérience.

Une pause dans un café parisien et trois bières plus tard, retour devant les jeux de société pour découvrir un jeu d’échec à 4 joueurs, puis Gigazor Racing, un jeu de course digne de Mad Max où les joueurs à moto devaient se tirer dessus et en plus fuir un robot géant. Nous avons fini notre tour avec The Beautiful Names of Allah, de Wahiba Cards, un jeu de cartes éducatif favorisant l’initiation à l’Islam via l’apprentissage des 99 noms d’Allah. L’autrice nous a promis qu’un titre plus accessible pour un public non initié à l’Arabe était en cours de développement et son enthousiasme communicatif a bien évidemment éveillé mon intérêt, le thème étant peu fréquent, voire carrément absent de notre paysage ludique habituel.


Baalim nous ayant abandonné après la pause au café, il ne nous restait plus qu’un dernier petit tour à faire pour s’assurer de n’avoir rien manqué et tomber sur Dreadful Defenders, un Tower Defense à la direction artistique aux forts relents de Blasphemous dont l’originalité viendra du fait que le chemin emprunté par les ennemis sera placé par le joueur. Intriguant, définitivement digne de votre intérêt ne serait-ce que pour sa DA, il a déjà rejoint ma wishlist.

La journée touchant à sa fin, il était temps de débriefer sur le chemin du retour. Cette édition 2025 du Play Sorbonne Festival était très agréable et intéressante, avec des présentations de prototypes impressionnantes – désolé à tous ceux que je n’ai pas mentionnés mais cela prendrait plusieurs pages – et des promesses de jeux qui donnent envie. Le plus impressionnant restera pour moi la qualité des projets de fin d’étude présentés, dont certains pourraient être commercialisés sans souci.

Le Play Sorbonne Festival est un salon très agréable, les larges couloirs permettent de circuler sans souci et la fréquentation somme toute raisonnable permettait d’accéder à tous les stands sans trop attendre. Le côté indie, sans gros acteurs du milieu, permettait de donner plus de visibilité à tous ces petits projets prometteurs. Nous n’avons pas assisté aux conférences, d’une part parce que les sujets ne nous inspiraient pas trop, et parce qu’il nous s’emblait plus intéressant d’aller discuter avec tous ces jeunes développeurs.

Par contre, si je devais ne faire qu’un reproche, ce serait celui du choix de la date : pendant les journées du patrimoine, ce n’est pas forcément le mieux pour attirer les familles. Mais c’est bien la seule ombre d’un tableau parfait, avec une édition 2025 parfaitement organisée et animée. Reste maintenant à surveiller tous ces projets pour vous les présenter plus en détail.