Empire of the Ants
Empire of the Ants – les Fourmis dans la langue de Pierre Richard – sorti en 2024 chez Microids est la version relookée et modernisée du titre de l’an 2000, déjà édité par Microids et inspiré du célèbre roman de Bernard Weber. L’an 2000, une période bénie où Baalim et moi étions encore des jeunes gens presque fréquentables !
Mais les années ont passé, Baalim est devenu l’individu que nous connaissons tous et Empire of the Ants est devenu… Ah ben non, il est plus beau que jamais avec un tout nouveau moteur tout propre sur lui qui permet à Tower Five de nous faire visiter, mâchoire décrochée, des environnements plus vrais que nature.
Dans ce monde sublime, vous incarnez 103 683, une fourmi guerrière plus douée que ses compatriotes. Donc forcément, comme vous êtes dégourdie et savez prendre des décisions, vous allez être envoyée par votre Reine ici et là pour aider les autres colonies. Ici pour survivre à une inondation, là à une guerre contre le grand ennemi, les termites.
Vous allez donc voir du pays, beaucoup de pays. A vous les sprints sur des brindilles, tête en bas et les sauts du haut d’une tige de pissenlit ! Avoir une vue si près du sol permet en effet un effet waou devant des décors qui seraient anodins dans d’autres jeux.

Mais si vous promener c’est bien, faire honneur à votre réputation de sauveuse est mieux. Vous voilà donc réquisitionnée pour faire un peu tout et n’importe quoi : protection de VIP (en l’occurrence un escargot), recherche et sauvetage de compatriotes, batailles dantesques entre légions de fourmis et de termites… les missions sont variées, c’est le moins que l’on puisse dire.
Une fois sur la carte, il va falloir courir. Courir à droite, à gauche, escalader, scruter et surtout diriger. Parce que si vos troupes vous obéissent au doigt et à l’œil, contrairement à un STR standard où vous êtes omnipotent, là vous êtes une simple fourmi sur le champ de bataille. Donc si vous voulez que vos légions avancent, il faut aller explorer et leur placer des marqueurs de phéromones pour qu’elles rappliquent.

Alors certes on peut mettre ces fameux marqueurs au loin, au jugé, mais c’est bien trop imprécis pour être efficace. En cas de combat, il faut donc trouver un point en hauteur pour commander vos légions et essayer de ne pas prendre de baffes au passage. Votre mort vous fera juste réapparaître au loin, sans que la partie ne soit perdue.
Les combats sont dans le plus pur style STR : vous avez des ouvrières, guerrières, artilleuses, des pucerons en soutien et devez les envoyer sur les troupes contre lesquelles elles ont l’avantage. Oui, le bon vieux chifoumi infanterie/cavalerie/archers mais en remplaçant tout ce petit monde par des bestioles toute mignonnes.

Comme dans les STR, vous allez devoir gagner du terrain sur vos adversaires et conquérir des nids. Ceux-ci vous permettent de construire des bâtiments de production, d’améliorations, des casernes pour soldats, sachant que chaque nid ne peut héberger qu’une seule légion et que la place y est limitée : impossible de tout construire au même endroit, il faut répartir.
C’est du classique vous me direz, sauf que là si vous voulez construire quelque chose, il vous faut physiquement vous rendre jusqu’au nid en question et vous promener dans le menu pas super pratique ou lisible. Sans qu’il y ait une pause sur le reste des événements. Et ce sera à faire à chaque fois, pour chaque nid. Alors on court, on court.

C’est un peu le souci d’Empire of the Ants. Il est superbe, magnifique même. Il essaie de nous proposer plein de choses mais en définitive on fait souvent la même chose : on court. Ici. Là. On essaie de se repérer, d’échafauder des plans, et on court pour les appliquer. Et on se rend compte qu’en fin de compte c’est répétitif.
Pas au point de désinstaller le jeu – du moins pour ma part – mais au point de ne pas enchaîner plus de quelques missions par séance sous peine d’ennui. Il y a un problème de rythme, c’est certain. Il y aussi un souci de difficulté, avec des missions inutilement punitives qui tranchent avec le reste de l’expérience.

Sur papier, Empire of the Ants coche toutes les cases : il est techniquement costaud – même si on pourrait lui reprocher quelques soucis de maniabilité (dus principalement au fait qu’on peut s’accrocher partout) et de pathfinding parfois – et superbe, il propose aussi une campagne solo assez intéressante et des modes multijoueurs qui contenteront les plus acharnés d’entre vous.
Malheureusement pour lui, pour nous, il lui manque la petite étincelle, le petit truc en plus – et que Empire of the Undergrowth a – qui l’empêche de se hisser sur les plus hautes marches du genre. Il reste un titre intéressant, surtout pour les amateurs de ces petits bêtes (dont je fais partie), que l’on savourera à petites doses pour éviter toute lassitude et frustration.

Son approche très thématique – c’est-à-dire d’incarner une fourmi physiquement présente sur le terrain – est sa plus grande force mais entraîne aussi nombre de petits défauts frustrants comme l’obligation de constamment courir partout sur le champ de bataille.
J’aurais aimé vous dire de vous jeter dessus. J’aurais adoré vous dire que je l’ai fini en trois séances de 10 heures chacune. Au lieu de cela, je vais juste annoncer que si j’ai effectivement eu une folle envie de courir partout et d’explorer chaque recoin de caillou en découvrant le jeu, le côté étriqué et répétitif des missions m’a freiné. Et m’a surtout fait regretter de ne pas être devant un open world, où je vivrais des aventures formidables au ras du sol. Tant pis !
Genre : Stratégie Temps Réel
Développeur : Tower Five
Editeur : BMicroids
Date de sortie : 7 Novembre 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur