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Into the Badlands

Vous en avez l’habitude maintenant, si je prends la plume pour vous parler d’une série c’est que soit elle est nulle, soit elle est un peu barrée. Et pourquoi ne pas, pour une fois, faire un petit mélange des deux ? Mais avec un twist à la fin. Vous êtes prêt ? Alors c’est parti pour Into the Badlands !

Into the Badlands est une série déjà ancienne, qui aurait dû a priori avoir quatre saisons mais qui survit très bien avec trois. La fin de la diffusion fut en 2019, autant vous dire une éternité. Il y a donc eu trois saisons, de plus en plus longues avec 6, 10 puis 16 épisodes de 45 minutes. Ouaip, on sent une légère montée en puissance, comme si les scénaristes avaient trouvé l’inspiration au fur et à mesure que leur show prenait vie ou que, et c’est plus plausible, leur dealer leur fournissait de la came de meilleure qualité.

Car voyez-vous, Into the Badlands pose des bases plutôt atypiques : dans un futur apocalyptique, la civilisation a régressé technologiquement après un étrange cataclysme dont on ne sait pas grand-chose. Dans les Badlands, des Barons ont monté des domaines – ressemblant furieusement à des plantations des Etats du Sud – et se sont spécialisés, utilisant des Clippers (des soldats dont la morale brille par son absence) pour surveiller des Cogs (le bouseux moyen, tout juste bon à bosser et mourir). Autour des Badlands, un gigantesque mur avec au-delà un Wasteland bien pourri.

Un système de castes dans un monde ultra violent où il est plus facile de se faire décapiter que d’acheter un timbre, avec des vieilles bagnoles cabossées conduites par des mecs armés de sabres. Tout cela est bien entendu balancé en pleine poire au spectateur qui, émerveillé, se demande comment de tels paradoxes sont possibles.

Toujours est-il que très vite on fait connaissance de Sunny (Daniel Wu), le Régent (la main droite du Baron) de Quinn, un Baron spécialisé dans le commerce de l’opium. Malheureusement pour lui, Sunny recueille M.K, un jeune homme ayant un étrange pouvoir : s’il saigne, ses yeux deviennent tout noirs, il rentre dans une rage terrible et se roule par terre massacre tout le monde grâce à une force surhumaine. Puis s’évanouit pour se réveiller quelques heures plus tard en se demandant ce qui s’est passé et ce qu’il y a pour le petit-déjeuner. Un peu de magie donc, parce que bon pour le moment c’était un peu trop sage.

Je ne vais pas vous raconter toute la série, qui décrit dans ses débuts la guerre entre les différents Barons, la quête d’Azra – une mystérieuse cité censée être un havre de paix rescapé de l’apocalypse -, le réveil moral de Sunny qui finit par être très très en colère parce qu’on a embêté sa copine, sans oublier les mystérieux moines tibétains qui font de l’acupuncture forcé sur les Dark Ones (ceux qui ont le même pouvoir que M.K).

Attends, c’est mon script ça ?

La dernière saison, fort bien amenée au demeurant, voit l’arrivée d’une menace bien plus grande que les Barons, devant laquelle tout le monde, même ces mystérieux ninjas rouges, va devoir s’allier. Jusqu’à un final qui n’aurait pas dû en être un mais qu’on accueille avec soulagement et, étrangement, un peu de tristesse.

Parce que comme le dit un utilisateur d’IMDB, Into the Badlands est une série qui fonctionne en dépit d’elle-même. Il y a de tout : des ninjas, de la technologie hi-tech fumée, des inspirations Mad Maxiennes, des ninjas, des combats à l’épée, des batailles, du sang, des trahisons par paquets de douze, du steampunk et encore des ninjas, le tout balancé pêle-mêle sans aucun souci de cohérence. Mais le pire c’est que passé une première saison très poussive, la mayonnaise prend. Tellement c’est n’importe quoi. Tellement c’est très prévisible et totalement inattendu.

La gentille de l’épisode 3 ? Pfff elle va trahir le héros parce qu’il ne lui a pas parlé au repas mais elle redeviendra gentille à l’épisode 12 parce que bon quand même il ne faut pas déconner, surtout qu’entre-temps le héros est passé à l’arrière-plan et a fait un peu de place pour des seconds rôles intéressants. On assiste donc à une débâcle scénaristique sans commune mesure, avec des décisions dignes des meilleurs moments de The 100, une de mes séries préférées dans la catégorie « les héros deviennent amnésiques toutes les 10 minutes et prennent obligatoirement la pire décision ».

C’est donc une évidence, vous n’allez pas regarder Into the Badlands pour son scénario. Mais pour quoi alors ? Tout d’abord pour ses acteurs qui, s’ils ne sont pas les meilleurs acteurs du petit écran (c’est peu de le dire), ont une foi en leur rôle qui me laisse admiratif. Même lorsqu’ils déclament les platitudes les plus désespérantes qui soit, ils le font avec une ardeur rafraîchissante. Et aussi il y a Nick Frost, dont la bouille me plaît toujours autant.

Ensuite, l’image est belle. Les décors sont superbes, avec des couleurs pétantes et contrastées. C’est beau, on se prend régulièrement à fouiller le décor des yeux tant il fourmille de petits détails. Les costumes sont aussi très travaillés – chaque Baron et ses hommes disposent d’un look très spécifique – et mélangent plein de genres vestimentaires. La grande classe !

Mais le clou du spectacle, ce sont ces combats. Si vous êtes amateurs de films asiatiques, avec des mecs qui courent sur un mur avant de se sauter à 4m de haut en décapitant douze types d’un coup, alors vous allez prendre votre pied. Entre les ralentis permettant de profiter des litres d’hémoglobine jaillissant de la moindre entaille, les chorégraphies durant de longues minutes et impliquant de nombreux acteurs, tout est réglé au poil de fesse ! C’est beau, virevoltant et malgré le nombre élevé de bagarres (qui sont vraiment très très fréquentes) on ne se lasse pas. Le niveau technique général est élevé et même s’il y a quelques acteurs que l’on sent moins à l’aise, la série est très solide sur ce point-là.

Alors, à qui s’adresse Into the Badlands ? YMMV comme disent nos amis américains. Evilblacksheep a abandonné avant la fin de la première saison, j’ai bien failli faire de même. Si vous êtes allergiques aux passages nanardesques à laquelle la série se laisse parfois aller, si vous n’aimez pas la violence gratuite, les incohérences scénaristiques et les univers WTF, laissez tomber.

Si vous avez une grande tolérance aux séries démarrant de manière poussive, que la violence à l’écran vous amuse et que vous arrivez à vous émerveiller devant l’inventivité des gens, alors prenez le temps de jeter un œil, il y a de grandes chances que vous accrochiez, en vous demandant tout de même pourquoi. Allez promis, la prochaine fois je vous parle d’un truc vraiment bien !

Création : Alfred Gough, Miles Millar

Casting principal : Daniel WuOrla BradyEmily Beecham

Trois saisons

42 minutes par épisode

Diffusion de 2015 à 2019

Disponible sur Amazon Prime Video

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...