Festival Tycoon
Si j’aime autant les jeux de gestion, c’est grâce aux Tycoon qui ont bercé mon enfance. Roller Coaster Tycoon a été le premier à créer l’addiction, avec ses montagnes russes sur mesure. Puis Zoo Tycoon et ses 2 extensions (avec les dinosaures !) ont achevé ce qu’il me restait de volonté. Depuis, j’enchaine les jeux de gestion comme un castor grignote des arbres, inlassablement.
Festival Tycoon donc. Un titre original car il n’y a pas de jeux similaires à ma connaissance. C’est donc en terra incognita que je lance ce Tycoon. Les festivals ne sont pas mon truc, mais on a tous conscience qu’ils demandent une logistique complexe et un management précis. C’est donc un parfait candidat pour un Tycoon !
Tout d’abord, vous devez créer une organisation qui va s’occuper des festivals. L’objectif est d’augmenter la trésorerie en faisant des profits et de gagner en réputation au fil des festivals.
Rien de très complexe ici, on choisit un nom, un logo et une couleur. La difficulté est juste une notion de trésorerie et de réputation initiale.
Une fois cela fait, il est temps de se lancer dans notre premier festival, sur une journée.
Le premier véritable contact avec un jeu de gestion est son tutoriel. Comprendre les enjeux, les intentions et les mécaniques principales est essentiel avant de s’embarquer dans une cinquantaine d’heures ! Et bondiou que celui de Festival Tycoon est mauvais.
Aucune explication, juste une liste de tâches et une FAQ et débrouilles-toi ! Alors certes, c’est joli, ce petit style minimaliste est correctement réalisé. L’ambiance sonore est là, même si je m’attendais à mieux pour un jeu de festival.
Toutefois, l’interface est un problème majeur. Il y a beaucoup de fenêtres et d’informations qui rendent la navigation laborieuse. Vous allez me dire, c’est un jeu de gestion, c’est normal. Alors oui, mais dans un Anno, je ne me perds jamais dans l’interface car chaque placement de fenêtre est logiquement placé par rapport au clic qui l’a ouverte. Votre regard est toujours à l’endroit de l’action.
Dans Festival Tycoon, c’est très vite fouilli. Par exemple, cliquer sur un groupe dans la liste ouvre une fenêtre de détail unique sur ce dernier, il est donc impossible de comparer deux groupes directement. Vous devez forcément faire des allers-retours et vous souvenir des informations indiquées. Ce qui n’est pas pratique quand il y en a une tonne.
Du coup, après avoir tâtonné un moment pour comprendre, car chez Dystopeek, on va au bout des choses (et qu’Harvester s’entraîne à lancer des couteaux sur le planning des rédacteurs), j’ai pu aller au bout de cette infamie.
Festival Tycoon est malgré tout intéressant dans son approche. Il y a beaucoup à faire avant de lancer le festival !
La première chose à faire est de prévoir les premiers bâtiments. Salle de concert et la zone pour les tentes des visiteurs, etc… Pas la peine de chercher à tout placer dès maintenant, d’autres actions peuvent influencer vos besoins.
Ensuite, vous choisissez vos premiers groupes. Il est important d’accorder les styles de groupes correctement. Si vous passez de la techno avec du métal, les gens vont rien paner et la note du festival va chuter.
Les groupes sont des divas, ils ont des impondérables à respecter si vous voulez qu’ils montent sur scène. Un certain nombre de visiteurs, un genre à exclure du festival, plus le groupe est réputé, plus il aura de pré-requis !
Ils peuvent aussi avoir des besoins. Si respectés, vous améliorerez votre relation avec ce groupe en particulier. Cela consiste principalement à leur fournir un endroit où crécher, une zone de relaxation dédiée etc.
Cela dit, vous n’aurez pas forcément les fonds nécessaires pour faire venir les groupes ! Plus un groupe est connu, plus il va demander un cachet élevé. Il faut alors prendre des sponsors.
Chaque sponsor va aussi avoir des exigences. Mettre leur nom sur des panneaux, avoir une certaine note de festival etc. Ils filent en échange un certain nombre de biftons et parfois des bâtiments.
Une fois les groupes sélectionnés, vous devez les programmer selon le planning de chaque scène disponible. C’est une étape plutôt rapide, où on doit simplement faire attention à ne pas faire jouer un groupe trop tôt.
Vous vous êtes trompés d’une heure et faut décaler tout le monde ? Un p’tit drag n drop ? Que nenni ! Faut tout enlever et tout refaire. Impossible de modifier un horaire prévu à l’heure actuelle.
Pour suivre dans les exigences des artistes, il faut aussi trouver la place pour poser les vans, zones de relaxation. Après ça, il faut placer les bâtiments essentiels pour les visiteurs : toilettes, buvette, stand de nourriture… Puis viennent les bâtiments de confort (douches, relaxation…) et enfin les bâtiments de service.
C’est pas hyper compliqué : vous posez une cabane pour la gestion des déchets, vous avez 5 employés par défaut (ça sert à rien d’optimiser, l’argent coule à flots), et vous assignez chaque employé à une zone pour couvrir toute la map. C’est la même chose avec la sécurité et la station médicale. Les autres bâtiments sont optionnels et ne servent qu’à automatiser des actions faisables en un clic.
Déplacer un bâtiment déjà bâti ? Ça semble logique. Et bah non. Faut le supprimer et le replacer. Est-ce que cette entrée sera accessible si je le place là ? Construis-le et tu verras. Raté, supprime-le et recommence.
Puis vient enfin l’étape indispensable de la décoration. Qui ne consiste qu’à placer des bouts de décos pour changer la heatmap “moche-rouge” en “jolie-bleue” via une couche statistique.
Pas besoin de chercher la cohérence, vous bourrez les éléments de décos, petits, grands, faut juste que ça rentre dans la carte sans bloquer un bâtiment.
Enfin, avant de lancer le festival, vous pouvez envoyer des tickets en avant-première pour gagner un peu de trésorerie (s’il vous en manque), définir le prix de vos tickets d’entrée et lancer le festival.
La construction pourrait être intéressante si elle n’était pas répétitive et laborieuse. Il n”y a pas assez de groupes à booker – au début tout du moins – pour faire un festival qui tient la route, malgré un paquet de pognon à donner. Impossible de convaincre un groupe de venir si les exigences ne sont pas solvables. J’aimerais pouvoir négocier leurs besoins avec eux, en leur offrant plus d’argent par exemple.
Les fenêtres étant figées, tout se chevauche très vite, vu que vous avez besoin des informations affichées pour vous souvenir de tout. On ne peut pas les redimensionner pour avoir un peu plus de lisibilité, ou un layout “vue d’ensemble”.
La grille est trop large et mange beaucoup de place. La présence d’une mini-grille permet des placements plus organiques pour optimiser vraiment chaque construction. Quel est l’intérêt d’avoir une grille plus grande par défaut alors ?
On retrouve également des détails bêtes : pas de détection automatique des claviers azerty. La gestion de la vitesse n’est pas sur un classique “0, 1, 2, 3” mais se gère avec une touche pause et deux touches pour augmenter / diminuer la vitesse.
Allez, on respire et on lance le festival.
Bon. C’est poupi. J’éprouve une certaine satisfaction à voir toute cette plèbe poisseuse se balader dans mon festival, à regarder les groupes que j’ai programmé. Les groupes défilent sur les scènes, avec de la musique adaptée à chaque fois.
Niveau des actions, vous n’avez quasiment rien à faire. Il faut accueillir les groupes, nettoyer les toilettes, réapprovisionner les buvettes etc etc… Et ce si vous n’avez pas mis en place le bâtiment de manutention approprié. Vous pouvez très bien trouver de la place pour tout et faire votre festival en mode spectateur.
Vous pouvez suivre le feed des tweets au sujet de votre festival pour détecter les soucis et pouvoir ajuster en conséquence. Ça sera souvent un endroit oublié dans le nettoyage où s’accumulent les déchets. Il faut juste bouger un employé et le problème est corrigé.
Par contre, impossible d’ajuster le planning d’une scène en cours de route. Ce qui fait que si on apprécie de voir son festival se faire, on est aussi condamné à regarder la catastrophe opérer si on a mal anticipé un truc.
A la fin, quand le festival se termine, le jeu nous affiche la recette, les gains/pertes de réputation avec les groupes et sponsors et l’appréciation globale du festival.
Des événements concernant les groupes et sponsors s’affichent après avoir validé un festival, pour ajuster légèrement les prix et effets de chaque élément. C’est assez gadget mais ça apporte un tout petit peu d’aléas sur le long terme.
Le but global est de faire des profits pour pouvoir avoir moins besoin des sponsors et être plus indépendant, mais ça ne sert à rien. Les exigences des sponsors ne sont pas dures à remplir et les groupes ne sont pas si chers que ça. Rien ne vous coulera en gros.
Festival Tycoon est original, rigolo et se laisse jouer bien volontiers. Malheureusement ce n’est pas vraiment un challenge. Il manque encore de contenu et d’une vraie complexité dans sa gestion pour être à la hauteur des grands Tycoons. A voir dans quelques années, avec quelques mises à jour donc !
Sortie : 27/09/2021
Développeur : Johannes Gäbler
Éditeur : Future Friends Games, Johannes Gäbler
Disponible sur PC
9.99€ (Steam)
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur
Site officiel
