Stalker : Pique-nique au bord du chemin
J’ai découvert sur le tard STALKER : Call Of Pripyat. Après des heures fascinantes à crever dans la vase, j’en redemandais. Je voulais rester dans cet univers, mais sans reprendre de zéro ma progression dans un autre jeu de la franchise. Par fainéantise, je me rendais donc chez mon libraire.
Le point commun entre le livre, le film (dont le cinéphile de la rédac SA_Avenger vous parle ici) et les jeux sont les fameuses zones. Des endroits hostiles où apparaissent des phénomènes physiques inexpliqués, et mortels. Dans le roman des frangins Strougatski, leur origine est clairement définie. Elles sont les stigmates du Jour de la Visite d’extraterrestres sur Terre. Ces derniers sont passés furtivement, laissant derrière eux des traces, comme des promeneurs en forêt après un pique-nique. Sans aucune tentative apparente d’établir le contact avec l’humanité.
« Il y a des objets que nous avons appris à utiliser. […] mais pas comme le font les Visiteurs. Je suis totalement convaincu que dans la plupart des cas nous enfonçons des clous avec des microscopes »
Autour de la zone qui ravagea l’ancienne ville de Harmont, on suit la (sur)vie de Redrick Shouhart. À la périphérie des zones se développent des activités plus ou moins légales, toutes liées à l’exploitation des ressources laissées par nos amis les E.T. Dans ces nouvelles banlieues aux airs de far-west militarisé, les trafiquants pullulent. Gouvernement, laboratoires privés, terroristes, sectes… tous les groupes de pouvoir se tirent la bourre pour obtenir les fameux artefacts tombés du ciel.
« Nous enfilons les combinaisons […] et nous clopinons à travers toute la cour de l’Institut vers la sortie dans la Zone […] voilà les héros de la science qui vont se faire trucider sur l’autel au nom de l’humanité, de la connaissance et du Saint-Esprit, amen. »
Pris en tenaille au milieu de cette saine concurrence économique, il y a les Stalkers comme Redrick. Des aventuriers assez fous – et surtout assez pauvres – pour risquer leur vie pour une poignée de billets. Si les questionnements sur la nature humaine sont grands, l’histoire se vit au niveau du sol corrompu et fangeux, aux côtés d’hommes qui n’ont pas le luxe de vivre assez longtemps pour réaliser qu’ils n’auront été qu’une main-d’œuvre jetable et bon marché. Le livre sent la sueur rance de la peur, l’alcool tiède et le tabac. De quoi compenser l’annulation des festivals cet été.
Auteurs : Arkadi et Boris STROUGATSKI
320 pages
ISBN : 9782070451678
8€