Bandes DessinéesLire

Berlin Sera notre Tombeau. Tome 1 : Neukölln

Alors que je traînais mes guêtres chez mon revendeur préféré, traquant les nouveautés, je tombais sur le premier tome d’AfrikaKorps et, plein d’espoir, demandais s’il avait une idée quant à la date de sortie du deuxième tome. Douchant mon espoir avec un vague « l’année prochaine », il tenta de se rattraper en me montrant Berlin Sera notre Tombeau, une bande dessinée historique dans la même veine mais quand même un peu moins bien que l’Armée de l’Ombre.

Dubitatif mais néanmoins impatient, je repartais chez moi et me lançais dans la lecture de l’œuvre (oui bon en réalité j’ai fait comme d’habitude, je l’ai mise sur la pile des BDs en attente…). Première constatation, le coup de crayon de Michel Koeniguer est un peu moins bon que celui d’Olivier Speltens mais est tout à fait recommandable. Le traitement historique de l’œuvre est sérieux, le matériel très bien représenté et je n’ai pas vu de prise de libertés. Tout est carré, on sent que l’artiste s’est documenté, ça fait sérieux. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a le cachet « Mémoire 1939-1945 ». Ce qui me surprend un peu plus dans le premier tome de cette trilogie, c’est le choix du sujet : les combats de la division SS Charlemagne dans Berlin en Avril 1945. C’est… étonnant et pas forcément le plus vendeur, surtout chez nous. Mais bon, c’est une bande dessinée historique donc penchons-nous plutôt sur ce qu’elle propose, ou plutôt, ne propose pas en premier. Mis à part quelques dialogues où les protagonistes donnent quelques informations sur leur passé (pas forcément glorieux), il n’y a aucun message politique, aucun jugement sur ces troupes françaises parties combattre pour le nazisme (ou contre le communisme, selon dans quel sens vous attrapez le problème). A la place, Michel Koeniguer retrace sans ambages les combats, très violents, s’étant déroulés dans la capitale allemande. Pas de demi-mesure, si quelques-uns des hommes que nous découvrons au fil de la lecture sont encore en vie à la fin de cette première partie, le reste de l’unité subit une hécatombe et le lecteur n’a guère le temps de s’attacher aux personnages. Pas de super héros, juste des hommes pris dans la tourmente. C’est d’ailleurs à se demander comment l’auteur va bien pouvoir faire pour sortir deux tomes de plus. Se focaliser sur d’autres sections ?

Ce premier tome est donc, comme l’annonçait le vendeur, en deçà de l’Armée de l’Ombre. Et d’AfrikaKorps par la même occasion. On sent que l’auteur a passé du temps à se renseigner, que son approche est bonne mais… il manque un petit quelque chose pour que le lecteur adhère totalement. L’action est quasi-ininterrompue, les combats s’enchaînent et pourtant, on tourne les pages, un sourcil se dressant à peine à chaque disparition tragique des protagonistes. Peut-être aurait-il fallu plus creuser la psychologie de ces soldats ? Le traitement des civils aurait aussi être plus poussé, vu qu’ils sont eux aussi au milieu des combats. Bref, il y a plein de pistes à explorer pour ce deuxième tome, c’est pourquoi j’irai tout de même au bout de l’aventure, en espérant que la qualité ira crescendo et que ce premier tome n’était qu’une mise en bouche.

Scénario : Koeniguer, Michel

Dessin : Koeniguer, Michel

Couleurs : Alquier, Fabien

Editeur : Paquet

Collection : Mémoire 1939-1945

ISBN : 978-2-88890-867-8

Planches : 46

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...