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Total War: Three Kingdoms

La sortie d’un nouveau Total War est toujours un événement, même s’il faut bien le reconnaître les derniers titres historiques ont suscité bien moins d’enthousiasme que par le passé et que la plupart des joueurs n’attendaient pas grand chose de nouveau. Creative Assembly avait tendance à se reposer sur une formule bien à eux et à ne pas trop la faire évoluer. Quid de Total War: Three Kingdoms?

Harvester est moche… on sait, on sait.

Un changement complet d’horizon pour nous retrouver en Chine durant la période des Trois Royaumes (~220), vous aurez donc l’option de choisir le mode classique ou le mode Romance sur lequel je me suis penché car c’est celui qui amenait le plus de nouveautés. Dans ce mode, les généraux sont des héros qui peuvent à eux seuls combattre des unités ennemies et accomplir des hauts faits. Ils auront des amis et des rivaux qui détermineront leur loyauté envers vous. Et sur le champ de bataille, ils pourront s’engager dans des duels à mort avec l’ennemi.

Mon personnage n’a eu qu’une seule fille pour une floppée de garçons.

Votre héros devra donc gérer sa faction ainsi que l’ego de ses généraux qui désireront de plus en plus d’honneur lorsque votre faction gagnera de l’importance. Il devra aussi assurer sa descendance en désignant un héritier qui, s’il n’est pas l’aîné, risque bien d’amener des tensions. Ce système est vraiment sympathique et j’aurais aimé qu’il soit un peu plus poussé (à quoi ça sert de marier ses enfants s’ils ne font pas eux-mêmes des enfants avant d’hériter et de devenir trop vieux ?)

Et évidemment c’est la seule que l’IA va m’exécuter…

L’arbre familial ne se recentre pas non plus, comme montré dans la capture d’écran ci-dessus, mon dirigeant actuel Sun Ce se retrouve à droite comme un parfait inconnu et le fait d’être marié ne garantit pas d’héritiers, les mariages entre factions peuvent amener des alliances et les naissances ne tiennent pas compte de l’âge de la femme mais arrivent vraiment au hasard, j’ai pu passer près de 200 tours sans en voir une seule alors que tous mes fils étaient mariés. Reste que ce système amène vraiment un côté agréable au jeu, on se prend d’affection pour certains personnages, on va vouloir en venger certains ou en recruter d’autres. Cela ajoute une dimension supplémentaire au jeu qui est vraiment très agréable et qu’on espère voir encore plus poussée à l’avenir.

Suite à l’exécution de Sun Ren, mon choix pour tous les généraux ennemis fut vite fait…ma réputation en prendra un fameux coup.

Alors certes, c’est bien joli tout ça mais le reste alors ? Déjà le jeu est optimisé (pour un Total War ! What?!) et tourne assez bien à la sortie, je n’ai eu que peu de ralentissements lors de très grosses batailles au milieu d’une ville. Les graphismes sont jolis ainsi que la carte de campagne (même si je pense qu’il y a un peu moins d’effets visuels dessus que sur celle de Warhammer II). Les combats sont classiques et offrent évidemment beaucoup moins de variété d’unités que pour les volets précédents mais les duels sauvent la mise. Les animations de ceux-ci sont vraiment assez sympathiques et on n’aurait pas une bataille à gérer, on pourrait facilement regarder cette petite pantomime avec joie.

Lady Wu contre le royal Can Ning

Au niveau difficulté, celle-ci est assez élevée par défaut en tout cas pour la carte de campagne. L’IA est très agressive et votre position de départ jouera beaucoup sur votre capacité à survivre les premiers tours. En revanche au niveau diplomatie, elle a un peu fumée quand même, certes ma réputation est devenue assez mauvaise au fil du jeu à force de massacrer les généraux ennemis mais il est quand même cocasse de voir une nation étrangère vous demander des faveurs comme un droit de passage mais de vous demander de la payer en échange. Il est tout à fait possible d’adapter la diplomatie vu que le score à atteindre lors de chaque échange est clairement affiché mais le calcul de celui-ci me semble assez rigide. Vous pouvez demander à l’IA de faire une proposition mais celle-ci est parfois complètement à la ramasse. Par exemple, il vous faut 2 points pour arriver à un accord de paix après avoir sérieusement foutu la pâtée à l’ennemi mais l’IA insiste pour récupérer un territoire à 28 points, quitte à me donner une grosse somme d’argent en échange. Il me semble que faire intervenir un score de guerre serait plus opportun mais au final on est peut-être plus proches de ce que certains joueurs bornés comme moi répondraient. Surtout que d’un coup l’IA peut aussi vous proposer de devenir alliés alors que vous lui avez fait la guerre pendant la dernière décennie.

Tu veux pas 100 balles et un mars non plus ?

Quoi qu’il en soit c’est clairement au niveau de la carte de campagne que la plupart des améliorations sont présentes et que le jeu arrive vraiment à séduire le joueur. Que ce soit en raison de la difficulté toujours présente qui fait qu’on n’a pas vraiment le temps de se poser (j’ai dû passer royalement une dizaine de tours en paix sans avoir jamais déclaré la guerre moi-même) ou de la gestion des villes, des personnages et de leur équipement (rien que le fait de voir le dessin de son général évoluer avec l’armure qu’on lui donne, je suis fan), de la diplomatie, des tâches à donner aux administrateurs de vos villes, de l’arbre de recherche,… Vous l’aurez compris, malgré au final un certain manque de variété au niveau des « pays » à jouer, le jeu a une richesse que ses prédécesseurs n’ont pas.

Plus vos villes grandiront, plus la gestion de la nourriture sera difficile

Afin d’assurer la bonne gestion de votre royaume, il vous faudra capturer et/ou construire les bons bâtiments. Les armées coûtent cher et vous n’en aurez pas des dizaines. D’où l’importance des alliances qui ne sont pas toujours faciles à mettre en place car une majorité des membres d’une coalition doivent se mettre d’accord pour mener des actions de concert. Cette limitation d’armées est assez intelligente même si on peste parfois de ne pouvoir bouger plus vite pour intercepter l’ennemi avant qu’il ne fasse le siège d’une de vos villes. D’autant plus que les garnisons par défaut des villes sont ridiculement petites et résister offre un challenge parfois impossible. Il est certes possible d’augmenter les garnisons avec des bâtiments spécifiques mais ce sera au détriment de vos revenus ou de votre nourriture, donc en général de vos armées sur le terrain.

Deux armées ennemies au nord, deux au sud. Plus un nombre inconnu d’armées chez l’ennemi. Mais non, tout va bien je vous dis.

Au niveau de la carte tactique, outre les duels que j’ai mentionnés plus haut, il faut avouer qu’il y a là beaucoup moins d’évolution et qu’on est sur du très classique « pierre, papier, ciseaux ». Les archers sont très puissants mais ont des munitions limitées (limite qui peut augmenter grâce aux compétences de vos généraux), les cavaliers indispensables pour s’occuper des archers ennemis et les fantassins nécessaires pour gérer le reste des troupes ennemies. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil, ou sous la lune vu que les batailles nocturnes sont possibles avec une compétence spécifique (mais limitent la taille de l’engagement)

Les effets de lumières et de flamme sont assez réussis, même si les modèles ne sont pas très détaillés.

La lisibilité des combats n’est pas toujours parfaite non plus, que ce soit lors d’échanges de traits ou en pleine mêlée, on a donc tendance à tenter de surcharger l’ennemi pour s’en débarrasser au plus vite. L’IA fera de même avec vous de toute façon. A noter que l’IA a aussi tendance à « tricher » vu qu’elle connait toujours votre position même lorsque vos troupes sont cachées.

Pas beaucoup de monde pour défendre ma ville, heureusement il y a des tours de garde mais ça ne fera pas de miracles.

La possibilité de mettre le feu ou de détruire les défenses est appréciée mais que ce soit pour le joueur ou pour l’IA, les sièges de villes sont trop « simples » actuellement s’il n’y a pas d’armée en garnison. Surtout que l’IA va toujours faire une sortie au bout d’un tour, chose assez étrange si elle a des renforts elle peut les prendre avec mais vous pas même s’ils sont très proches. Même les villes les plus développées ne seront pas très difficiles à prendre si seule la garnison est présente que ce soit pour vous ou pour l’IA vu que les unités de fantassins peuvent escalader les murs.

Tactique à la SA_Avenger : on crame tout et on fonce en ligne droite.

En revanche, j’apprécie beaucoup le retour des formations pour les unités. Même si elles ne sont disponibles que pour certaines unités ou avec certaines compétences. C’était un élément dont je ne comprenais pas la disparition des précédents opus.

La rédac de Dystopeek quand le chef débarque.

Je rajouterai pour terminer que le jeu arrive quand même à renouveler l’intérêt à chaque gros passage d’influence donc lorsque vous devenez Duc ou Roi, vos relations avec vos voisins vont en prendre un coup et vos alliances peuvent être brisées du jour au lendemain. C’est un peu « gamey » mais ça permet de redistribuer les cartes.

C’est moi le roi ! Bon je suis pas le seul roi mais c’est moi le roi !

Bref, vous l’aurez compris, je recommande chaudement ce Total War: Three Kingdoms et ce malgré quelques défauts d’équilibrage ou un manque de variété au niveau des batailles. Il faudra, je pense quelques DLCs, pour en étoffer la rejouabilité car les personnages ne suffiront pas à eux seuls à la garantir. Mais que ce soit au niveau technique ou gameplay, on assiste là peut-être à un renouveau de la série qui, je l’espère, va continuer dans cette voie et nous proposer encore plus et mieux pour les prochains opus.

Le ciel est superbe mais en général on ne le regarde jamais.

L’avis d’Harvester : Comme le signale fort justement mon Belge mais néanmoins estimé collègue, 3 Kingdoms change beaucoup de choses. Trop ? Peut-être. C’est forcément un bien ? Mmm je ne serai pas aussi catégorique. Je passerai rapidement sur l’interface repensée qui déroutera les vétérans au début pour plutôt parler du système de dynastie et de gestion des généraux. Je le trouve complexe pour des résultats pas toujours évidents à appréhender. C’est dommage, c’est assez bien fichu mais j’ai très vite baissé les bras. Autant sur les précédents opus la montée en puissance des héros était sympathique à gérer autant là elle m’a laissé de marbre. Les bonus ne sont pas transcendants et on ne peut pas vraiment spécialiser ses hommes. Quitte à être dans les reproches, parlons un peu de ces batailles qui sont tout sauf spectaculaires, malgré la présence des héros et de leurs duels épiques. Les unités sont bien trop génériques et l’IA est toujours aussi prévisible. En manœuvrant un minimum il est aisé de mettre une fessée à des troupes bien plus nombreuses. On est loin d’un Total War Warhammer concernant le champ de bataille mais je note avec plaisir que la cavalerie et les archers sont enfin vraiment dévastateurs.

Par contre, toute la partie gestion et stratégique est un plaisir. Un immense plaisir. Certes il faut faire un gros effort pour mémoriser les différents noms de faction mais c’est peu cher payer pour avoir le plaisir de repeindre la carte à vos couleurs… et d’autres. Car c’est bien la première fois que j’ai dû, dans un Total War, autant abuser de la diplomatie. La carte est tellement ouverte et morcelée qu’il est impossible de survivre contre tous. Obligé de créer des alliances et autres accords temporaires, vous allez passer énormément de temps à étudier les forces et faiblesses de vos voisins les plus proches, mais pas que… Parce que figurez-vous que vous allez parfois vous retrouver ennemi d’une faction que vous n’avez jamais rencontrée. Pas grave ? Au contraire, la moindre faction sous-estimée peut se retrouver intégrée à une alliance et venir toquer à votre porte en quelques tours. Il faut donc ménager la chèvre, le chou… et le reste du potager. Cela passe parfois par des négociations pénibles où il vous faut baisser votre froc pour obtenir le moindre accord mais, plus souvent que lors les épisodes précédents, l’IA se montrera réactive et logique. La diplomatie n’est donc pas parfaite mais a fait un grand pas en avant ! L’équilibre entre production, impôts, développement et conquêtes est lui aussi beaucoup plus délicat à trouver et calmera bien vite vos ardeurs. Alors que dans TW Warhammer vous pouviez rayer deux factions de la carte à chaque tour, dans 3 Kingdoms il faut être très méthodique, assurer ses fronts secondaires et se concentrer sur un objectif à la fois. Sinon vous vous retrouverez comme moi, ayant eu les yeux plus gros que le ventre, à devoir vous défendre sur trois fronts différents, ce qui vous oblige à recruter, ce qui vide vos caisses, ce qui vous oblige à augmenter les impôts, ce qui mène aux révoltes qui mobiliseront encore plus d’armées… Un joli cercle vicieux qu’on évitera autant que possible !

Three Kingdoms redistribue donc bien les cartes et relance la série, surtout pour les fans qui craignaient le retour à l’historique après deux épisodes dans le Vieux Monde. Creative Assembly a bien travaillé, on sent la volonté de piocher dans la concurrence quelques idées et même si ça n’est pas encore parfaitement implémenté comme le fait remarquer SAAvenger, les progrès sont réels. Indispensable pour les vieux briscards, ardu pour débuter mais tout de même accessible, Three Kingdoms est, avec les Warhammer, un indispensable de la série !

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.