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Imperator: Rome

Je me doute bien que tout le monde n’a pas comme moi attendu la sortie d’Imperator: Rome pendant des années. J’avais déjà beaucoup aimé le premier opus (alors Europa Universalis: Rome), principalement pour sa diversité de gameplay offert suivant le pays de départ choisi ainsi que les longues heures passées en multi pendant la beta. Voyons donc comment les choses ont évolué 10 ans après.

Toute ma vie j’ai rêvé d’être un archisomatophylax, toute ma vie j’ai rêve de voir le bas d’en haut…

Comme pour le précédent opus, vous aurez une série de personnages à gérer qui formeront votre gouvernement et qui assureront la pérennité de votre (futur ou présent) empire. On sent quand même l’influence de Crusader Kings II ici vu que cet aspect est plus poussé avec différents traits, des possibilités de marier certains membres de la famille du dirigeant afin de lui assurer une progéniture et ainsi de suite, sans que ce soit bien sûr centré sur cet aspect des choses comme pour CK2.

Pas de panique, ici il suffit de satisfaire les besoins minimums de reconnaissance de chaque famille.

Vous pouvez donc avoir un nombre assez important de personnages dans votre verte contrée mais uniquement ceux qui occupent un poste clé (général, grand prêtre, gouverneur de province, chercheur, chef de famille) auront une réelle importance/influence. Il faut juste veiller à ne pas absorber trop de familles illustres différentes car elles voudront toutes une place dans votre gouvernement, au risque de devenir déloyales si elles s’estiment lésées. Mais comme dit plus haut les personnages, s’ils sont importants dans la gestion de votre royaume, restent principalement des outils dans votre conquête vers la gloire éternelle.

Avoir une héritière c’est bien, en avoir une qui a des gosses c’est mieux.

Vous l’aurez compris, le cœur du jeu reste la conquête et le statut de puissance mondiale qui assureront votre hégémonie sur le monde antique. A ce niveau on se rapproche plus d’un Europa Universalis IV mais sans les add-ons (normal me direz vous le jeu vient de sortir, pas normal diront d’autres qui veulent tout ce qu’on avait avant avec du rab) donc il faut bien avouer que cet opus s’adresse principalement aux fans du monde Romain plus qu’à ceux qui espèrent un renouveau des jeux Paradox. On est bien face à un jeu qui reprend les éléments clés d’autres jeux pour en faire un mélange agréable et solide mais qui innove assez peu.

Horum omnium fortissimi sunt Belgae

Alors bien ou bien ? C’est là qu’on rentre dans le sujet plus délicat. Pour un nouveau jeu Paradox, je trouve le jeu assez solide. Il y a assez peu de gros bugs dans le jeu et il est stable (ce qui était loin d’être une garantie même s’il faut l’avouer ils se sont améliorés de ce côté là, il y a eu des sorties bien plus hautes en couleur dans le passé) même s’il faut parfois 5 bonnes minutes pour le lancer. Après le jeu a un petit goût de trop peu, plus que petit en fait. Et il y a plusieurs raisons à cela, l’une d’entre elles étant probablement qu’on s’attendait à plus que juste EU:Rome en plus joli mais aussi parce que, que ce soit niveau équilibrage ou mécanismes introduits, il y a encore de sérieuses lacunes.

Le jeu manque cruellement d’évents mais au moins on a le Vésuve.

Niveau contenu, le jeu est assez pauvre en évents, ne parlons pas des interactions entre personnages qui sont très très basiques. Aussi, s’il y a bien plusieurs « gameplay » différents suivant que vous jouiez une république, une tribu ou une monarchie, la variété s’arrête là. Aucune différence notable d’une tribu à l’autre à part son point de départ, ce qui nuit quand même beaucoup à la rejouabilité. Certes on peut espérer que des DLCs viennent ajouter un peu à la variété et la spécificité des nations présentes mais pour l’instant c’est pas la gloire. Même chose pour les unités militaires, certes vous ne produirez pas des éléphants de suite en tant que Macédoine mais éventuellement il vous suffira d’arriver à faire des échanges commerciaux avec une province qui en produit pour pouvoir le faire.

Victoire ou défaite, les combats font assez mal.

Autre souci plus grave, c’est que de nombreux mécanismes présents n’ont pas l’effet escompté. Des pirates ? Bouarf peu importe. Des barbares dévalent des montagnes, c’est pas leur nombre ridicule qui va faire peur. Et le pire de tout : les révoltes. Actuellement elles n’ont presque pas d’effet négatif. Certains personnages vont vous haïr et devenir déloyaux, le jeu va vous en informer assez tôt pour que vous puissiez réagir mais en fait la plupart du temps ça n’en vaut pas la peine (pas que ce soit difficile, un dessous de table et c’est bon). Déjà parce que la ou les personnages en question vont lever une armée avec leurs fonds (mais sans impacter votre ressource d’hommes disponibles donc c’est bonus) et puis rester là pendant un an. Si personne ne les a rejoint d’ici là, ils se laissent tranquillement remplacer et vous pouvez récupérer une armée toute neuve (dont il faudra certes payer la maintenance quand même). Mais comme le gars n’est toujours pas content il recommencera l’année suivante. Ridicule. Alors certes parfois ça se déclenche quand même, faut pas rêver mais comme vous êtes bien prévenu, passé la première heure ça ne devrait pas être un gros problème à gérer.

La carte et les modèles sont très jolis.

Et ce n’est malheureusement pas le seul cas qui est plus un ennui pour le joueur qu’un réel danger à prendre en compte. Les tribus par exemple ont un système de familles principales qui vont lever des armées sur leurs propres fonds et qui, si elles sont déloyales, ne répondront plus à vos ordres. Mais à la mort du chef de famille, ce n’est pas l’héritier qui reprend l’armée, non elle est à vous. Plombant parfois méchamment votre économie et plus la moyenne d’âge de votre nation devient élevée, plus vous allez vous retrouver avec des armées à démanteler sans que ça n’ait ni logique ni intérêt pour le joueur.

Il suffit de capturer les capitales et les différents forts pour pouvoir tout conquérir.

Et je pourrais probablement continuer ainsi. Le système de population qui sépare votre nation en citoyens, hommes libres, hommes des tribus ou esclaves parait sympathique (et obscur) au premier abord mais il devient vite plus ennuyeux qu’autre chose sans réellement s’éclaircir. Il n’est indiqué nulle part qu’il vous faudra 15 esclaves pour augmenter la production de la province, ni la population requise pour augmenter les capacités d’échange de la province. Quant au mouvement des esclaves nécessaire à la gestion de tout cela… il se fait esclave par esclave, d’une ville à une autre dans la même province ou d’une province adjacente à une autre entre deux provinces. Ca a non seulement un coût dans le jeu mais vu que la plupart des esclaves atterrissent dans votre capitale, qui va passer son temps à les bouger d’une province à l’autre un à un pour optimiser sa production passée la première heure de jeu ? C’est un jeu de conquête, des provinces vous allez vite en avoir un tas. Surtout qu’il faut tout retenir par nom après avoir parcouru chaque ville parce qu’il n’y a pas de mode économique pour la carte…

Overview des provinces mais pas de mode économique?

Autant le jeu vous donne parfois trop d’informations, sur les révoltes entre autres, autant l’absence de vraie carte économique où l’on peut voir les taxes et les revenus commerciaux de chaque ville ou de mode de construction qui permettrait de savoir ce qui est construit avant de reconstruire un bâtiment (qui sont royalement au nombre de quatre d’ailleurs) est incompréhensible pour un jeu Paradox, habitué justement à nous fournir beaucoup de modes différents. Pas de tableaux de stats non plus d’ailleurs à part un classement général. Certes, je comprends que ce sont des choses qui pourront facilement être ajoutées plus tard mais reste qu’elles ne sont pas présentes à la sortie.

50h de jeux et je sais toujours pas ce qui fait que des esclaves apparaissent ou non à part la guerre.

Et c’est un peu frustrant parce qu’il est clair que pas mal de choses ne sont pas « finies » (en tout cas pas équilibrées) ou qu’il faudra encore plusieurs mois pour que le jeu offre une expérience un peu plus difficile. Car peu importe la nation que j’ai jouée pour l’instant, je n’ai presque pas eu de difficulté à atteindre le statut de puissance majeure. Conquérir, attendre que votre niveau d’agression redescende, conquérir, rince & repeat et si l’IA semble avoir un peu plus de difficultés à s’élargir, elle semble en revanche (comme le joueur) ne pas avoir de problèmes à survivre une fois qu’elle forme un gros blog. Bref, elle ne présente donc pas un réel challenge pour le joueur mais prouve bien que les mécanismes pour que le jeu soit intéressant à long terme ne sont pas encore présents.

Rome ne s’est pas faite en un jour…

Bon après, j’ai quand même joué plus de 50 heures hein… donc bon. Je dois bien avouer qu’on ne voit pas le temps passer une fois qu’on est plongé dans la gestion de notre nation et qu’on s’accommode des différents défauts. Mais comme dit au début de l’article, j’attendais le jeu avec impatience et j’avais une réelle envie de me replonger dans un jeu de grande stratégie. Il y a tout autant de chances que le jeu vous donne une envie furieuse de vous replonger dans Crusader Kings II à la place. Au final, c’est une base solide mais qui nécessite encore quelques patches pour l’équilibrage et puis plusieurs mois pour l’ajout de ce qui fait actuellement défaut. Il ne fait aucun doute qu’une fois qu’il sera étoffé de quelques DLCs ce sera un jeu agréable qui permettra d’avoir le meilleur des autres titres de Paradox en un seul, au risque bien sûr de ne jamais réussir à sortir son épingle du jeu.

T’as l’air aussi heureuse qu’Harvester à la relecture de nos articles toi.

A noter que s’il y a de nombreux personnages féminins dans mes captures d’écran c’est que j’ai tenté l’option qui permettait d’ajouter ceux-ci aux postes clés. Truc rigolo, c’est que ça avantage vachement votre nation en vous permettant de profiter des stats de folie de certains personnages féminins mais montre aussi un léger problème d’équilibrage vu que la plupart ne se marieront qu’une fois un statut social suffisant atteint et donc trop tard pour avoir des enfants. Ce petit détail résume bien le titre, les mécanismes sont là mais l’équilibrage est aux fraises. Bref, si vous êtes un fan de la période historique il y a des chances que vous ayez déjà le jeu (sinon qu’attendez vous ?) et pour les autres, ils ne perdront rien à, au moins, attendre le gros patch prévu au mois de juin, ou pour les plus prudents les premiers DLCs.

Développeur: Paradox Development Studio

Editeur: Paradox Interactive

Genre: Grande Stratégie

Date de sortie: 25 Avril 2019

Prix: 39,99€

Page Steam

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.

2 réflexions sur “Imperator: Rome

  • Je vais clairement attendre avant de claquer 40 balles dedans.

    Surtout qu’il y a du flou sur les corrections annoncées, la plupart des griefs des joueurs ayant eu comme réponse : « on vous a entendu, mais on ne changera pas tel et tel point. »

    https://forum.paradoxplaza.com/forum/index.php?threads/imperator-sunday-morning-design-corner-may-5th-2019.1174494/

    Le discours à base de « si ça vous plait pas dans le jeu, vous pourrez le modder », c’est gentil de demander aux joueurs de finir le jeu à votre place, c’est toujours bien honnête comme méthode.

  • Tu quoque ?
    En effet j’ai envie de relancer CK2.

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