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Early Access: Arboria

Critique d’Arboria, Rogue Dark Souls végétal qui n’a pas encore fini de pousser, développé par les polonais de Dream Plant.

J’aime bien la nature, son absence de béton, sa douce verdure. Pas seulement celle qui se fume, mais aussi celle qui offre des paysages charmants, de l’ombre fraîche, des odeurs vivifiantes. Mais elle sait aussi être hostile, surtout lorsqu’elle abrite fruits empoisonnés, insectes indélicats et pangolins farceurs.

Mon premier contact avec Arboria m’a inspiré cette réflexion instinctive : on dirait un Dark Souls végétal. Après quelques heures de jeu, force est de constater que c’est un peu plus compliqué que ça puisqu’on a greffé par dessus une mécanique roguelite. Mais commençons par l’intro interactive qui nous raconte une histoire de chapeau maléfique, de dieux pas contents et de technologie mélangeant machines et biologie.

Si les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses avant d’être livrés par Amazon par drone par cigogne comme chacun sait, les habitants de ce monde, les Yotunz, sont pondus par une plante en forme de poire. Une partie commence par choisir notre petit humanoïde verdâtre en fonction de sa gueule, de son nom mais surtout de ses caractéristiques.

Certains seront plus doués avec telle arme, d’autres seront daltoniens ou seront plus résistants. Après avoir été littéralement chié sur le sol, on se retrouve dans un village construit en bois et en bouse séchée avec des chemins serpentant entre les arbres. Le problème, c’est que tout est encore en construction et que la majorité des lieux est barrée. On se contente de faire le tour du hub, qui nous propose trois lieux interactifs : deux servent à débloquer des bonus alors que le troisième est un trou pour accéder aux souterrains où se passe l’action.

En bas, on attrape une hache, une potion de soins et nous voilà parés pour la castagne. Appelez-moi Baygon parce qu’on va découper de l’insecte à tour de bras. Dans des niveaux générés aléatoirement, on passe de salle en salle pour récupérer des cristaux, différentes armes et guérir des racines infectées.

Les différentes types d’ennemis sont relativement peu nombreux. Des moustiques géants qui nous foncent dessus comme des taureaux ou qui nous crachent dessus sans aucun respect des gestes barrières et de la distanciation sociale. Des crapauds buffle à la langue bien pendue pour nous claquer les fesses. Ou des espèces de scarabées qui se roulent en boule et prennent nos jambes pour des quilles de bowling. Mais ils n’ont pas besoin d’être variés pour être pénibles.

On retrouve l’esprit des Souls dans les combats : lents, lourds, exigeants. Le timing est primordial, le moindre coup reçu fait mal. Il faut apprendre les patterns des ennemis et abuser de la roulade pour survivre. Moi qui n’ai qu’une expérience limitée sur les TPS Soulsesques, j’ai mis un peu de temps à prendre Arboria en main. Même après avoir récupéré une faux aux attaques doubles et une armure en os, j’ai souffert.

Nos attaques seront plus ou moins rapides selon l’arme utilisée, différentes classes d’armures influent sur notre mobilité et divers pouvoirs viennent enrichir notre arsenal. Je qualifierais ces combats, qui constituent quand même le cœur du jeu, de classiques, parfois frustrants, mais efficaces.

Le but de chaque niveau est de trouver l’accès à l’étage du dessous, sans oublier de récupérer le max de veri, ressource qu’on récolte en cassant des cristaux et en tuant des ennemis. On est accompagnés par une espèce de petite fée verte qui éclaire l’environnement et qui stocke cette ressource directement dans sa graisse.

On la voit en effet devenir de plus en plus obèse, avant qu’elle ne s’affine d’un coup au changement de niveau, lorsqu’elle vomit tout ça dans une machine pour l’expédier à la surface. Oui, ça a l’air bizarre raconté comme ça, mais rassurez-vous ça l’est tout autant dans le jeu.

Lorsqu’on finit par mourir, cette petite vilaine se fait un plaisir de nous arracher la tête pour meubler la vitrine de nos échecs. La quantité de veri alors accumulée peut-être envoyée aux dieux (pardon, aux Godz…) pour s’attirer leurs faveurs.

Le surplus pourra aussi être dépensé en biomutations à des créatures improbables au village. Notre prochain Yotun sera alors plus résistant ou plus doué aux armes pour le prochain run. Le voilà, le côté roguelite : on devient de plus en plus fort à chaque mort.

Malheureusement, la version sur laquelle j’ai joué était limitée à quelques niveaux. La narration est plutôt quelconque, racontant sous forme d’hologrammes une histoire peu subtile. Les Yotunz s’expriment comme les Orks de Warhammer 40k, merci l’originalité.

J’ai pu profiter des décors répétitifs mais tout de même intéressants. Si la majorité des lieux est plongée dans l’obscurité et la bouillasse biologique, quelques arches, torchères et autres statues écroulées viennent faire plaisir à l’œil et donner un aspect bien plus vivant à ces souterrains.

Assez gourmand en RAM, Unreal Engine 4 oblige, Arboria reste tout à fait jouable sur ma config maintenant ancienne. La beauté de l’ensemble est inégale, la partie sonore ne m’a pas marqué mais techniquement le jeu tient la route. Les Polonais de Dream Plant, pour leur premier jeu, prouvent que ne sont pas des manches. Si ça ne suffit pas pour faire un bon jeu, c’est tout de même appréciable.

J’espère que les niveaux encore à venir apporteront de la variété à l’action et aux environnements, que l’histoire finira par aller quelque part et que le village qui sert de hub sera complété, parce que si son état actuel est loin d’être honteux, il manque encore beaucoup d’éléments pour juger de son véritable potentiel.

J’ai tout de même passé cinq heures agréables sur cette version « démo », mais je conseille aux amoureux des Souls pas allergiques aux roguelites d’attendre que le contenu s’étoffe lors de l’Early Access.

Genre : Rogue Souls végétal

Site officiel

Développeur : Dream Plant

Éditeur : All In! Games

Plateforme : Steam

Prix : 16,79€

Date de sortie en Early Access : 7 mai 2020

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.